Les fumeurs de la première heure ont des niveaux plus élevés de « NNAL », un métabolite d’un composé cancérogène « NNK », spécifique au tabac, que les fumeurs qui s’abstiennent de fumer durant la demi-heure ou plus après le réveil, et cela indépendamment du nombre de cigarettes fumées dans la journée. C’est pourquoi, plus tôt est fumée la première cigarette du matin, plus le risque de cancer du poumon ou de la bouche est élevé, suggère cette étude de chercheurs de Penn State dans l’édition du 29 Mars de la revue Cancer, Epidemiology, Biomarkers and Prevention. Autre conclusion, ce moment de la première cigarette devrait être un facteur d’identification des patients prioritaires pour les interventions d’aide au sevrage.
Steven Branstetter, professeur adjoint de santé biocomportementale à la Penn State, rappelle que la NNK (Nicotine-derived nitrosamine ketone ou 4 – (méthylnitrosamino) -1 – [3-pyridyl]-1-butanone) induit des tumeurs du poumon chez plusieurs espèces de rongeurs. Les niveaux de NNAL peuvent donc permettre d’évaluer le risque de cancer du poumon chez les rongeurs et chez l’homme. De plus, les niveaux de NNAL chez les fumeurs sont stables au cours du temps, une seule mesure va donc refléter l’exposition de l’individu et son niveau de risque.
L’équipe a travaillé à partir des données de NNAL des échantillons d’urine de 1.945 fumeurs adultes, participant à la cohorte NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey). Ces participants avaient également renseigné leur comportement tabagique, y compris au réveil.
Les chercheurs constatent que,
· 32% des participants fument leur première cigarette de la journée dans les 5 minutes qui suivent le réveil,
· 31% fument dans les 6 à 30 minutes,
· 18% dans les 31 à 60 minutes,
· 19% fument leur première cigarette plus d’une heure après le réveil.
· le niveau de NNAL est corrélé avec l’âge des participants, l’âge de début du tabagisme, le sexe et l’exposition au tabagisme passif.
· le niveau de NNAL était plus élevé chez les personnes qui fument le plus rapidement au réveil, quelle que soit la fréquence de leur tabagisme et les autres facteurs prédictifs de fortes concentrations en NNAL : Ainsi, ces niveaux de NNAL ajustés avec le nombre de cigarettes fumé par jour, s’avèrent 2 fois plus élevés chez les participants qui fument dans les 5 minutes qui suivent le réveil vs ceux qui s’abstiennent de fumer pendant au moins 1 heure (0,58 vs 0,28 ng / ml).
Les auteurs pensent que les personnes qui fument plus tôt, inhalent aussi plus profondément, ce qui pourrait expliquer les niveaux élevés de NNAL dans le sang, ainsi que leur risque plus élevé de cancer du poumon ou buccal.
Deux études de 2011 publiées dans la revue Cancer, de l’American Cancer Association, avaient déjà montré que les fumeurs qui allument leur première cigarette peu de temps après leur réveil, ont un risque accru de 80% de cancer du poumon et de la tête et du cou que les fumeurs qui s’abstiennent de fumer tout de suite.
Source : Cancer, Epidemiology, Biomarkers and Prevention March 29, 2013; doi:10.1158/1055-9965.EPI-12-0842 Time to First Cigarette and 4-(Methylnitrosamino)-1-(3-Pyridyl)-1-Butanol (NNAL) Levels in Adult Smokers; National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES), 2007–2010 (Visuel © Marcin Sadlowski – Fotolia.com)
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