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Manuel de l’intrigant

Publié le 01 avril 2013 par Richardb

 Avant d’attaquer le Prince de machiavel ou Le Traité de la République de Cicéron, nos candidats-président ont certainement tous lu et relu ce petit texte donnant moult conseils pour gagner une élection. N’étant pas encarté dans un parti politique, aucune chance pour moi d’accéder à un quelconque consulat, avec ou sans le manuel de Quintus. Mais sa lecture est amusante tant, malgré ses plus de deux mille ans d’ancienneté, rien ne paraît avoir changé dans les moeurs politiques de nos « hommes de la Cité ».   Ah ! si, peut-être, on y a ajouté dans nos arènes modernes la complexité féminine, ce que les Grecs et Romains s’étaient bien gardés d’oser, les couards !

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 C’est presque chaque jour qu’il te faut, en descendant au Forum, méditer ces pensées : je suis un homme nouveau, je brigue le consulat, ma cité est Rome. Quintus Tullius Cicero incitait-il son frère à envisager son avenir politique chaque matin… en se rasant ? 

Militaire et écrivain romain, il est le frère cadet de Marcus Tullius Cicero, le célèbre orateur Cicéron. Il a écrit une lettre à l’usage de son frère qui se présentait au suffrage pour le consulat de Rome. Partant de sa propre expérience, Quintus Cicero énuméra dans ce Manuel du candidat une liste des affaires qu’un postulant se doit de ne pas omettre ni contourner. On saisit bien les buts politiques de ces conseils calculateurs et dénués de toute morale. Ils sont toujours d’actualité et pas seulement à Rome. Certains candidats les appliquent même… tout au long de leur mandat d’élu. Au lieu de gouverner ? Probable, car dans un pays sur-électoralisé comme la France, gouverner c’est prévoir… le prochain combat électoral.

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Deux moyens de succès partagent les soins d’un candidat, le zèle de ses amis et la bienveillance du peuple. L’un est le prix des bienfaits, des services, de l’ancienneté des liaisons, de l’obligeance et de l’amabilité naturelle. Acquérez, en un mot, des amis de toutes les classes. […] l’autre partie de vos soins, qui a pour objet la faveur populaire. Elle se compose de la nomenclation, de la complaisance, de l’assiduité, de l’affabilité, de la renommée et de l’espoir public. Les gens des municipes et de la campagne, il suffit que nous les connaissions par leur nom pour qu’ils croient être de nos amis (la fameuse nomenclation).

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La flatterie : chose qui, si elle est vicieuse et honteuse dans les circonstances ordinaires de la vie, est en revanche indispensable dans la campagne électorale. Il faut feindre de manière à paraître le faire naturellement.

Deux préceptes liés :
… tout ce que tu envisageras de faire, tu montres bien que tu le feras avec zèle et bonne volonté ;
… tout ce que tu ne peux pas faire, ou bien tu le refuses avec grâce, ou bien tu ne le refuses même pas du tout.

Justice ?  Et puisqu’en ceci surtout la cité est vicieuse que, la corruption s’en mêlant, elle ferme d’ordinaire les yeux sur le mérite et le prestige, en ces affaires, fais en sorte de bien te connaître toi-même, c’est-à-dire de comprendre que tu es toi-même homme à pouvoir inspirer à tes concurrents la plus vive peur de procès et menaces judiciaires

Le bouquet final : Enfin, prends bien soin que toute ta campagne soit pleine de pompe, brillante, splendide, populaire, qu’elle ait un éclat et un prestige parfaits, que même, si possible de quelque manière, se diffuse concernant tes concurrents une rumeur infamante de crime, d’immoralité ou de corruption accordée à leurs mœurs.

Rude métier !                                                                                                                                        ©RichardB

Posted by | Livres, Politique


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