C'est compliqué la poésie, monsieur le Ministre!

Bernard Cazeneuve: "Le ministère que je quitte n'était pas le ministère de la poésie, c'est un ministère technique, difficile, compliqué, avec beaucoup d'enjeux". Vous auriez été en son temps une cible de Victor Hugo!  J'ai le frisson face à ce mépris, à ce lieu commun de la franchouillardise, de la bêtise. Ce qui me réconforte c'est que les poètes d'abord on toujours raison et que l'histoire retient leurs oeuvres et leur nom.

Vous souvenez-vous qui étaient ministres alors que V. Hugo, Lamartine, A. Rimbaud, G. Apollinaire, Saint-Pol-Roux, L. Aragon, P. Eluard, R. Char, H. Michaux s'abandonnaient à la facilité de la rime? C'est une manière déplacée qui n'aurait pas reçu l'agrément de Césaire, Rabemanjara et Senghor hommes politiques avisés et sérieux comme député, ministre et président! Ce type de déclaration est affligeant et souligne un mépris pour la culture et place les poètes en citoyen de seconde zone, presque inutiles ou du moins inopérants, inaptes.

La France Monsieur Cazeneuve est grande de ses poètes, de ses artistes peintres, de ses écrivains, de ses musiciens et encore plus lorsqu'elle a été accompagnée par eux dans la transformation sociale des inégalités. Je songe bien evidemmment à V. Hugo et son exil, J. Vallès, H. Daumier et Courbet pour la Commune, Ch. Péguy pour le syndicalisme, E. Zola qui accuse et s'engage pour Dreyfus contre l'antisémitisme, A. France pour l'Affaire Crinquebille, O. Mirbeau contre les turpitudes de la bourgeoisie dans Le journal d'une femme de chambre, G. Darien contre les bagnes dans Biribi, les résistants R. Char, L. Aragon, P. Emmanuel, P. Eluard et E. Guillevic, J. Genet dans Les Bonnes, A. Camus l'Homme révolté,...

Il n'était certes pas de mon camp politique mais l'oeuvre à laquelle le Président G. Pompidou tenait était bien son anthologie de la poésie française! Et quand au socialisme auquel vous vous referez sachez que L. Blum était rédacteur d'articles à la Revue Blanche aux côtés de Jarry, J. Renard,... et que plus proche de nous Mitterrand fréquentait les rayons des libraires...