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Les dix ans de la guerre en Irak

Publié le 02 avril 2013 par Alex75

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Gangrené par la violence, la corruption et l’instabilité politique, l’Irak a marqué dans la plus grande discrétion le dixième anniversaire de son invasion par une coalition militaire américano-britannique. La guerre d’Irak, parfois connue sous le nom de troisième guerre du Golfe, a commencé le 20 mars 2003 avec l’invasion de l’Irak par la coalition menée par les Etats-Unis contre le parti Baas de Saddam Hussein. C’était il y a dix ans, que les Américains déclenchaient cette guerre. Il s’agissait de chasser Saddam Hussein et de faire triompher la démocratie. C’était aussi l’époque du « French Bashing », parce que Jacques Chirac avait dit non à l’Oncle Sam. Nous étions des lâches, des singes capitulards, d’infâmes pacifistes, hantés par l’esprit de Munich, des vieux Européens décadents, des alliés ingrats, qu’ils se promettaient bien de punir.

Les Américains s’amusaient alors à récapituler toutes nos défaites depuis 1940. Mais seulement, dix ans après, les Américains doivent reconnaître que les Français n’avaient pas tort. Les plus sévères jugent le bilan de leur intervention en Irak comme un fiasco. « Les grandes puissances font rarement des choix, qui leur explosent aussi violemment à la figure », lit-on dans le New York Times. Plus de 4 000 boys ont laissé leur vie, dans une guerre qui a coûté au bas mot, 2000 milliards de dollars. Ainsi, George Bush avait promis de détruire des armes de destruction massive qui n’existaient pas, et d’établir la démocratie provoquant dix ans de guerre civile. On estime que plus de 115 000 civils irakiens sont morts dans les violences (essentiellement des attentats). S’ajoute aux milliers de victimes du côté irakien, près de 250 000 réfugiés, sans compter les dommages aux infrastructures civiles (services de santé, hôpitaux, routes, centrales électriques, centres de communication…), sur fond d’insécurité générale (pillages, incendies et prises d’otage).

Depuis le 18 décembre 2011, l’armée américaine a plié bagages, mais les attentats continuent, les Sunnites contre les Chiites, des Chiites contre les Kurdes. Les Américains ont disloqué cet Etat, forgé de toutes pièces par les Anglais, il y a près d’un siècle (en 1921). Les Kurdes ont pris une quasi-indépendance, tandis que les cadres sunnites de Saddam Hussein, évincés par les Américains, rejoignaient Al-Qaïda dans sa lutte contre le Grand Satan. Cependant, est-ce qu’on peut dire quand même, que l’Irak est plus démocratique en 2013, qu’elle ne l’était en 2002 ? Le droit de vote, la liberté d’expression, la multiplication des médias, oui, tout cela existe. Il y a eu installation d’un gouvernement provisoire irakien, choisi par la coalition, en vue de réorganiser la vie politique irakienne, puis le vote d’une constitution acceptée à 75 % (principale par les Kurdes et les Chiites), accompagné du retour au pays de réfugiés politiques, exilés dans les pays voisins, l’organisation des 1ères « élections libres » depuis plus de 50 ans. Mais seulement, il n’y a pas de citoyens, seulement des communautés ethniques et des tribus… « Le suffrage universel a donné les clefs d’un camion plein de pétrole, à une majorité chiite ». L’Iran chiite en rêvait, George Bush l’a fait.

Outre le bouleversement des statu quo liés à la géopolitique du pétrole, en éliminant Saddam Hussein, les Américains ont abattu le seul élément résistant au voisin iranien, dans la région. Les Américains avaient pour objectif de protéger Israël et ses alliés arabes du Golfe de la menace irakienne. Ils les ont placés sous une menace iranienne, encore plus puissante, préparant tranquillement sa bombe atomique. Ainsi, on assiste avec concomitance à un double renforcement à l’est et au nord de la puissance politique de l’islam Chiite et donc de l’Iran, qui peut désormais soutenir pleinement son allié syrien, et au nord de la puissance politique de l’islam Sunnite et donc de l’Arabie saoudite. Après l’Irak et l’Afghanistan, deux fiascos, Obama a des délicatesses « d’un éléphant dans un magasin de porcelaine ». Surtout ne pas bouger, pour ne rien casser. Alors, comme des enfants privés de joie, les Américains regardent avec envie nos troupes caracolaient au Mali, à la poursuite du terroriste. Ils nous admirent, ils nous louent. On fait le sale boulot à leur place.

Pourtant, rien ne dit que notre guerre-éclair au Mali servira à  quelque chose, et que les fameux terroristes ne reviendront pas, dès que l’armée française aura le dos tourné. Et rien ne dit qu’on ne fera pas là-bas, les mêmes erreurs qu’eux. Alors pour citer Eric Zemmour et cette formule concluant bien le propos « Allez sans rancune, et comme on dit chez nous, « Rendez-vous dans dix ans ! » ».

   J. D.


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