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De l’indiscutable supériorité de la shampooineuse sur l’ensemble de la gent féminine

Publié le 03 avril 2013 par Artetmanieres @ArtetManieres

Nabila

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on croise de plus en plus souvent dans nos activités quotidiennes – un déjeuner au Bar La Durée, un diner chez Costes ou une nuit dans la suite impériale du Bristol – des spécimens d’une espèce endémique urbaine malheureusement loin d’être en voie d’extinction, la keratinum estheticum ou cagolinacée panthère dans sa version méridionale.

WWF, Wonderpouf Wild Foundation

En matière d’espèce en danger, à tout prendre, on aurait préféré garder le dodo ou le grand pingouin de l’Atlantique nord et se passer des shampooineuses mais, que voulez vous, les lois de la sélection naturelle cathodique sont impénétrables. Il faut dire qu’à force de se voir citées en exemple par un passage, aussi fugace soit-il, sur l’un des dépotoirs nocturnes d’une chaîne de la TNT, la shampooineuse moyenne, et bien elle se dit qu’elle est devenue la classe dominante, le parangon de la féminité moderne. Seule dans son studio s’affairant sur sa manucure, elle attend le déclin de la lumière du jour et un entre-chiens-et-loups plus propice à faire jouir sa plastique d’une altération visuelle qu’elle sait favorable. On connait tous le truc. C’est exactement comme quand on éteint les lumières pour organiser une soirée à la bougie vu qu’on a pas eu le temps de faire le ménage ou quand on colle un filtre Instagram à la photo des immeubles de Mériadeck un jour de pluie. Dauphin tatoué sur une cheville élégamment rehaussée d’une chaîne plaqué or, montée sur Louboutin 150 mm au péril de la vie de sa colonne vertébrale, balayage nacré sur crinière blonde, elle s’apprête à rejoindre ses congénères pour la grande migration vers le Macumba le plus proche. C’est dans cet habitat naturel que s’exprime toute sa supériorité…

Dans la peau de Hugh Hefner

Très tôt, la fille normale croit que le centre de l’attirance physique se situe dans le cerveau alors que la shampooineuse a tout de suite compris que l’homme réfléchit avec son pénis. Cette dernière est également experte en économie familiale au point qu’on se demande si elle n’a pas suivi en secret les ateliers du relais assistante sociale de sa commune. Alors que les femmes normales s’échinent, parfois vainement, à résoudre la quadrature du cercle en conciliant en une même tenue ce qu’elles sont, le dress code de leur milieu professionnel, ce que leurs maris fantasment sous ce joli petit tailleur noir et ce qu’il reste en rayon chez Caroll au douzième jour des soldes, la shampooineuse flirte avec les sommets de la simplicité en faisant court, voyant et pas cher. Tout le monde devrait pouvoir s’habiller chez Pimkie ! Elles font également preuve d’un indéniable pragmatisme dans l’exégèse biblique en reprenant à leur compte « heureux sont les simples d’esprit car le royaume des vieux leur appartient ». Quoi de plus gratifiant que d’alléger par ses faveurs les derniers désirs d’un riche vieillard à l’heure de l’explosion des besoins en matière de services à la personne ? La femme lambda se contentera, elle, de se laisser guider par l’amour au mépris de tout sens pratique, quitte à finir transformer en shiva pour assurer ses 8 heures de boulot, les réunions, les dossiers, les courses, les embouteillages, les remarques de la fille de la garderie pour 2 minutes et 35 secondes de retard, le ménage, le bain, le diner, l’histoire, un peu de repassage et quelques soupirs de simulation en guise de devoir conjugal. Et s’il vous restait encore des doutes sur l’avènement inéluctable de la domination cagolistique, dites-vous que les joueurs de foot, chevaliers des temps modernes, dont les compagnes étaient autrefois Adriana Karembeu ou Linda Evangelista, s’épanouissent aujourd’hui dans les bras de Zahia. Alors, c’est qui la plus forte ?

Nabila, princesse de la Franck Provost-cation

Je crois pourtant que l’arrivée de Nabila marque un tournant décisif dans la détérioration de notre capacité intellectuelle collective. Les émissions de télé-réalité nous gratifient de la présence, souvent bien trop éphémère, des personnalités hors normes au sens strict du terme. Malheureusement, les producteurs de pâté pour chien télévisuel nous soumettent à un rythme effréné qui ne nous permet pas de savourer pleinement toute la palette de talents ainsi exposée. La réponse à cette insoutenable fugacité de l’être nous est offerte par Les Anges de la Téléréalité, divine combinaison de ce qui se fait de mieux en matière d’élégance, de distinction, d’intelligence et d’éducation. Les récents démêlés (désolé) de ladite Nabila avec ses coreligionnaires au sujet du contenu du panier de ces nouvelles ménagères nous ont amené à un mime téléphonique repris en chœur par la France entière, au second degré, mais qui devrait très vite investir le premier degré des cours d’écoles. Nous avions déjà subi une épidémie de noyades par hydrocéphalie spontanée lorsque Loana laissa DJ Jean-Edouard mixer sur elle dans la piscine. J’ai bien peur que nos ayons prochainement une recrudescence de décès pour cause de pousse de cheveux intra-cranienne due à une overdose de shampoing.

A leur décharge, les promoteurs des shampooineuses télévisuelles nous avaient pourtant clairement annoncé la couleur de ce qui allait nous être servi. Dès la première saison des Anges de la Téléréalité, l’une des principales héroïnes s’appelait mademoiselle Poubelle ! Un signe…

BL.



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