affaire #Cahuzac : attention au choc en retour…

Contrairement à ce que de mauvaises langues tendent à laisser courir comme bruit malfaisant à l’occasion des dégâts de l’affaire Cahuzac sur la vie politique publique, il n’est franchement pas certain que tous les « extrêmes » en récoltent les fruits. Ces derniers seraient de toute façon fort entachés de traces brunes suspectes de pourriture. D’ailleurs, d’emblée, déjà, le simple fait de qualifier d’extrême la gauche du PS m’apparait suspect de propagande idéologique, tant il est vrai (j’en ai déjà évoqué l’idée ici) que le parti dit socialiste a changé de centre de gravité, et que le Front de Gauche aurait pu autrefois être qualifié lui-même de socialiste. De plus, le lieu commun qui consiste à ranger dans le même sac d’opprobre le front de gauche et le FN est une aberration de la pensée critique et le résultat d’une grande faiblesse en termes d’analyse politique, même si cette thèse à la faveur de médias paresseux et d’une frange au PS qui y a tactiquement intérêt. C’est une solution de facilité pour qui n’aime pas penser et préfère jeter ses adversaires aux bêtes de l’arène, mais cela ne correspond à rien de tangible.

Par contre, pour qui analyse froidement la situation, il devient évident que le mouvement qui retire les plus grands bénéfices de cette histoire, c’est celui dont les représentants se sont faits jusqu’à présent les plus discrets, comme c’est le cas du Front National, où l’on se frotte les mains, alors qu’il n’est pourtant pas exempt lui non plus de démêlés judiciaires, comme il est bon de le rappeler pour la sauvegarde de notre démocratie… Car le front de gauche quant à lui risque fort de pâtir de son ancrage à gauche, à l’heure où les journalistes et la droite s’obstinent à qualifier de gauche un parti et un gouvernement qui ne le sont  plus guère…

Mais par delà cette frontière idéologique, ce qui est le plus important et que nous révèle cette affaire de mensonge au plus haut sommet de l’Etat, c’est que tant que l’État français n’aura pas fait le nécessaire pour éviter par un garde-fous législatif suffisant et efficace  les conflits d’intérêts, ce genre d’histoires sera susceptible d’atteindre tous les partis, de part et d’autre. Ceux qui actuellement se jettent sur l’affaire Cahuzac pour l’instrumentaliser à leur seul profit feraient bien de s’en inquiéter dès maintenant, avant que la paille du voisin ne finisse par leur rentrer dans l’œil sous la forme d’une poutre de belle taille, comme cela pend au nez actuellement de la droite, avec les nombreuses affaires qui la menacent elle aussi.

Quand à ceux qui continuent de s’acharner en dépit du bon sens sur les sites d’information qui font correctement leur boulot, c’est à dire conformément à la charte de déontologie journalistique la recherche de la vérité (et donc de l’investigation plutôt que le simple relais et dispatching de dépêches de presse), comment dire… Ils se couvrent de ridicule, et ne font pas franchement avancer le schmilblick. L’assainissement de notre paysage politique est en effet l’affaire de tous. Il y va de notre intérêt collectif, et ce dossier de la corruption et du conflit d’intérêt m’est toujours apparu d’une importance capitale. Car c’est en grande partie de ce terreau d’infection que se nourrit l’extrême droite, mon ennemi prioritaire.