Notre Président est orfèvre en paroles. Dès début avril, les infortunés sidérurgistes de Gandrange ont pu constater l’inanité des promesses faites en février par ce jeune marié qui prétendait tant apprécier leur compagnie. M. Sarkozy raffole des formules creuses, telle celle dont il nous a rebattu les oreilles pendant sa campagne et, fier de son succès, depuis son élection : «Travailler plus pour gagner plus». La belle antienne ! Comme s’il appartenait aux salariés de fixer la durée de leur travail ! Notre Président souhaiterait-il nous faire «travailler plus pour gagner moins», nous réduisant ainsi à la servitude ?
Il adore aussi forger des formules censées porter en elles-mêmes leur propre démonstration : «A force d'excuser l'inexcusable, on en vient à accepter l'inacceptable». On peut se livrer à une infinité de variations sur ce modèle par exemple : «à force de séparer l’inséparable, on en vient à joindre l’injoignable» ou bien, encore plus surprenante, mais tout autant prouvée que celle de not’Maître, «à force de coller l’incollable, on en vient à friser l’indéfrisable».
Autre merveille de logique sarkozienne : «ce ne sont pas les économies qui feront la réforme, c'est la réforme qui permettra les économies». Puis-je suggérer à sa Sagacité cet autre raccourci saisissant : «ce n’est pas l’oeuf qui fera la poule, c’est la poule qui permettra l’oeuf » qui peut d’ailleurs tout aussi bien s’énoncer après inversion : «ce n’est pas la poule qui fera l'oeuf, c’est l’oeuf qui permettra la poule.»
Au risque de basculer dans la trivialité, je ne résiste pas au plaisir impertinent d’offrir à notre Sage une autre formule d’une vérité tout aussi aveuglante : «à force de glisser dans la piscine, on en vient à pisser sur les glycines».