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Cahuzac pardonnable, ou Mitterrand en enfer ?

Publié le 04 avril 2013 par Copeau @Contrepoints

Qui es-tu, François Hollande, pour juger aussi sévèrement Jérôme Cahuzac ?

Un billet d'humeur de Pascal Avot.

Cahuzac pardonnable, ou Mitterrand en enfer ?
Au sujet de Cahuzac, le communiqué officiel de l'Élysée parle d'une "impardonnable faute morale". Or, c'est absolument faux. En effet, des crimes bien pires que celui de Cahuzac ont été commis par d'éminents hommes politiques de la Vème République, et ils ont été pardonnés depuis. Que diriez-vous d'un moralisateur professionnel qui reste quatorze ans à l’Élysée en cachant son passé vichyste, sa tendresse pour Bousquet, sa maladie antérieure à sa première élection, sa fille vivant dans un château aux frais du contribuable, les trafics abjects de son fils en Afrique, les écoutes des journalistes et des stars, et tant d'autres choses ? Si Cahuzac est impardonnable, Mitterrand grille en enfer. Or, Mitterrand est aujourd'hui l'objet d'un culte élyséen de type sectaire : "Même quand il était ultra-pervers, le Grand Gourou était le meilleur !". Que François Hollande ait pris François Mitterrand pour modèle suffit, en soi, à rendre Jérôme Cahuzac pardonnable.

Achever un camarade blessé pour des raisons tactiques est une vieille coutume de la politique, mais rien ne nous oblige à l'applaudir, quand bien même nous sommes de l'autre côté de la ligne de front. Finalement, dans cette affaire, la position libérale pourrait être : cet homme a été puni par où il a péché. Et son péché n'était pas tant d'aimer l'argent que de promouvoir des lois absurdes. Le socialisme légiférant élève des serpents qui finissent par le mordre. Ces gens ne vont pas en prison parce qu'ils commettent des crimes, mais parce qu'ils ont écrit des commandements les obligeant à devenir criminels : des lois interdisant la richesse – or, ce sont eux les plus avides. Si bien que nous ne devrions être ni déçus, ni révoltés, mais lâcher d'une voix légère : "Il ne pouvait en être autrement – plus ils créeront de règlements, plus ils commettront de fautes graves". Et nous avec eux. La différence résidant dans le fait qu'ils veulent ces lois, et pas nous ; ils sont donc deux fois coupables. Où Cahuzac semble extraordinairement traître, c'est qu'il a dirigé la lutte contre l'évasion fiscale, certes. Pas de bol pour lui. Mais pour nous, ça ne change rien.

Non, Jérôme Cahuzac n'est pas un cas si extraordinaire. Il incarne simplement, et de manière éclatante, ce cercle vicieux : l'État génère des lois absurdes, lesquelles génèrent naturellement de la criminalité, laquelle est réprimée par l'État, jusqu'au moment funeste où réprimer la criminalité qu'il génère devient l'activité principale de l'État. Nous y sommes. Aussi, n'allons pas, sous prétexte de savourer une brève victoire, imaginer que Jérôme Cahuzac a inventé la bureaucratie. Avec son départ, nous ne sommes débarrassés de rien. Peut-être sa spectaculaire confession devant les juges le perdra-t-elle. Peut-être la politique est-elle cette sphère où seule la faute inavouée est à demi pardonnée. Toutefois, ne soyons pas aussi bêtement carnassiers que sa propre meute. Laissons-les le déchiqueter. Laissons-leur la part vengeresse de leur métier, la seule où ils soient compétents.


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