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Peut-il y avoir légitimité sans crédibilité ? Actuellement et incontestablement, le gouvernement et la Présidence sont légitimes puisqu’issus des élections, c’est-à-dire du choix des Français. Ces derniers ne peuvent donc pas mettre en doute la légitimité des hommes politiques au pouvoir. Mais un gouvernement peut-il gouverner lorsqu’il a perdu sa crédibilité ? Or « L’affaire » Cahuzac vient de faire perdre les derniers lambeaux de crédibilité du pouvoir politique. Que faire ? L’hystérie de l’opposition se déchaine et nous assistons à une course à l’échalote dans les discours des leaders de cette opposition. On nous propose la démission du ministre de l’économie, un remaniement ministériel, la dissolution de l’Assemblée, une enquête parlementaire, un référendum sur la moralisation de la vie politique ! Sur ce dernier point, on se demande bien quelle question pourrait être posée au peuple Français. Les jours qui viennent nous réservent surement encore quelques surprises dans ce domaine. Toutes ces propositions sont pleines d’arrières pensées électoralistes et l’intérêt collectif est bien loin des préoccupations de toutes les oppositions. Pendant ce maelström médiatique, les véritables problèmes de la Nation sont oubliés, à savoir la désindustrialisation, le chômage, la dette et le déficit, la croissance nulle. L’hystérie politico-médiatique se gargarise avec la morale bafouée. Mais il ne s’agit nullement d’un problème de moralité, mais bien d’un problème d’illégalité. La morale est un concept qui relève de l’individu, celui de légalité est du ressort de l’Etat et de la Justice. Que Mr. Cahuzac se débatte avec un énorme problème de conscience, cela est son affaire. Le rétablissement de la légalité devrait être pris en charge vigoureusement par le Gouvernement. Hélas, il n’en est rien. Le Gouvernement s’acharne à expliquer qu’il s’agit uniquement d’un cas personnel, ce qui est la plus mauvaise des défenses. Les quelques mini-mesures annoncées par le Président ne sont évidemment pas à la hauteur du problème. La publication du patrimoine des hommes et femmes politiques est bien loin de la racine du vrai problème que constituent la fraude fiscale et l’existence des paradis fiscaux. Les avoirs français dans les banques suisses atteignent la somme de 100 milliards d’Euros environ (peut-être deux fois plus !). Comment imaginer que ces transferts massifs aient pu échapper à la vigilance de la DCRI et de Bercy ? Là sont les véritables problèmes et, vraisemblablement le véritable scandale. Toute cette affaire confirme finalement que nous n’avons plus de véritables politiques mais uniquement des politiciens. On peut également envisager un débat collatéral préoccupant : l’appel à la sphère privée (à laquelle appartenait Mr. Cahuzac) va encore se réduire au seul bénéfice des technocrates de l’ENA.