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Le démantèlement de l’Etat démocratique

Publié le 07 avril 2013 par Christophefaurie
Bureaucratie est devenue un gros mot. Ezra Suleiman, professeur à Princeton, étudie le phénomène de dislocation de l’Etat occidental  (Seuil, 2003).
Le démantèlement de l’Etat démocratique
C’est surprenant, les bureaucraties qui ont souffert le plus de réformes étaient celles qui étaient les moins critiquées des électeurs ! D’ailleurs, il n’y a pas eu de débat sur le fond. Sous la conduite de Bill Clinton, on a réformé pour réformer. Du jour au lendemain, on nous a dit que le concept de citoyen était dépassé ; que nous étions des clients ; que l’Etat vendait des services, et qu’il devait être réactif à nos besoins. Et que la bureaucratie et son inefficacité étaient l’obstacle à la réalisation de nos envies les plus folles.
Qu’ont donné les réformes ? Rien. Parce que les Etats sont des machines extraordinairement compliquées, qu’il est impossible de transformer d’un claquement de doigts. Et, peut-être surtout, qu’elles n’opposent aucune résistance. Elles sont faites pour collaborer avec leur maître. Comme en 40.
En fait, les bureaucraties se sont transformées : elles se sont politisées et ont perdu leur professionnalisme. Mais pas du fait de réformes. Chacun a suivi son intérêt. Le démantèlement de l’Etat ne s’explique pas autrement : depuis quelques décennies nous vivons du dépeçage de notre héritage. Et nous inventons de belles théories pour nous justifier. Nous avons vécu un temps de paresse bénie ! Gouverner c’était critiquer l’Etat, les hauts fonctionnaires sont passés oligarques, et la privatisation des biens public a fait de grandes fortunes.
Curieusement, les bureaucraties sont devenues, effectivement, réactives. C'est-à-dire qu’elles vivent au jour le jour, crise après crise. Seulement, on découvre qu’elles pourraient bien être la condition sine qua non de la démocratie. Par exemple du principe central du modèle français : l’égalité. Sans une bureaucratie professionnelle, d’élite, non partisane, qui compense l’amateurisme des élus, la démocratie ne peut rien promettre, rien réaliser. Et les hommes politiques, impuissants, ne sont plus légitimes.

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