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La DCRI s'en prend à Wikipedia

Publié le 07 avril 2013 par Bernard Girard
La fondation Wikimedia qui héberge Wikipedia en France a publié le 6 avril ce communiqué
La DCRI a contacté début mars la Wikimedia Foundation, organisation à but non lucratif et hébergeur de Wikipédia, au sujet dun article publié dans la Wikipédia en français et concernant une installation militaire française. La DCRI estimait que cet article portait atteinte au secret de la défense nationale, et exigeait la suppression immédiate de  larticle. La  Wikimedia Foundation a opposé un refus aux exigences de la DCRI, considérant quen létat des informations qui lui étaient fournies, rien ne permettait de déterminer le caractère litigieux de larticle incriminé.
La Wikimedia Foundation est habituée à collaborer sur requête judiciaire avec les autorités des différents pays de diffusion de Wikipédia. Elle reçoit des centaines de demandes de  retrait de contenu chaque année, et coopère de son mieux pour régler ce genre de problèmes lorsque les requêtes sont claires et juridiquement motivées.
Insatisfaite de cette décision, la DCRI a convoqué dans ses locaux, ce jeudi 4 avril 2013, un contributeur bénévole de Wikipédia, faisant partie des personnes ayant accès aux outils pour supprimer des pages sur lencyclopédie. Ce bénévole a été contraint de supprimer devant les agents larticle incriminé, sous peine dêtre placé sur le champ en garde à vue et mis en examen, et ce en dépit de ses explications sur le fonctionnement de Wikipédia. Devant les pressions exercées, il na pu faire autrement que de sexécuter et de prévenir les autres administrateurs quils risquaient le même traitement en cas de restauration de larticle. Ce bénévole na aucun rapport avec larticle incriminé : il nest pas lauteur du contenu de l’article concerné, et a découvert son existence dans les locaux de la DCRI.
Ce bénévole a été visé et convoqué parce quil était facilement identifiable publiquement, par ses actions régulières de promotion de Wikipédia et des projets Wikimedia en France.
L'objet de ces mesures d'intimidation serait la notice, présente depuis de nombreuses années, consacrée à la station radio de Pierre-sur-Haute utilisée pour les communications militaires. Notice très détaillée dont une traduction en anglais a aussitôt été mise en circulation sur le web. En voici quelques extraits :
The Pierre-sur-Haute station is controlled by the French Air Force and is a subsidiary of the Lyon – Mont Verdun Air Base, 80 km from the station. It is one of the four radio stations along France's north-south axis, in constant communication with the three others: LacauneHenrichemont and the Rochefort air base.[3] The station is mainly used for transmissions relating to the command of operational units. If French nuclear weapons (Force de Frappe) were used, the fire order may pass through this relay.[1] The station was part of the 

Commandement Air des Systèmes de Surveillance d’Information et de Communications

 (Air Command of Surveillance, Information and Communication Systems) since its creation on 1 June 1994, then, from 1 January 2006, of the 

Direction Interarmées des Réseaux d'Infrastructure et des Systèmes d'Information

 (Joint Direction of Infrastructure Networks and Information Systems).[3] The station is under the command of a major[4]. About twenty personnel are on-site, including electricians, mechanics, and cooks.[1]

[edit]Infrastructure

La DCRI s'en prend à Wikipedia
La DCRI s'en prend à Wikipedia Concrete towers housing the military radio equipment at Pierre-sur-Haute The station is situated on a 30-hectare site between the communes of Sauvain and Job, positioned over the border between the two departments of Loire and Puy-de-Dôme. The perimeter is surrounded by a high barrier of wood and metal. Military staff and employees arrive via helicopter or road. This road is closed to the public.[1]

[edit]Buildings

There are two concrete towers, some 30 metres high, that have been used since 1991 for radio transmission and reception. These are built to withstand the blast of a nuclear explosion.[1] Some buildings are used as garages and living quarters, complete with kitchen, dining room and bedrooms. They are linked together by tunnels, some 300 metres in total length, so as to avoid walking through thick snow in winter to move from one building to the other.[1]

[edit]Underground facilities

The most important part of the site is the underground part, used for transmissions dispatch: at a speed of 2 Mb/s, communications from the towers are analysed, then redirected to be transmitted as appropriate.[1] This part of the facility is supplied with chemical, biological, radiological, and nuclear defenses: concrete protection defended against electromagnetic pulses by a Faraday cagepositively pressured rooms, etc. The facility has independent water and power supplies.[1]
Cette notice est effectivement très précise. Ces informations doivent-elles rester confidentielles? Je suis incapable d'en juger, mais deux remarques s'imposent :
  • en agissant de la sorte la DCRI s'est comportée comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, il y avait d'autres manières, plus discrètes et moins brutales, d'obtenir la suppression de cette notice;
  • en utilisant la manière forte, la DCRI n'aura réussi qu'à faire circuler une notice dont personne ne connaissait l'existence, perdue qu'elle était au milieu des dizaines de milliers de notices de Wikipedia, soit l'exact contraire de ce qu'elle souhaitait obtenir (ce phénomène, bien connu semble-t-il des animateurs de Wikipedia, s'appelle effet Streisand).
Cela s'appelle de la bêtise. 

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