Même un poison peut se transformer en médicament. À Saint-Laurent-le-Minier (Gard), l’ex-bassin minier, exploité depuis l’époque gallo-romaine et fermé en 1991, des scientifiques testent une incroyable vraie filière verte de décontamination des sols pollués. Un exemple de chimie verte unique au monde.

Plusieurs sites pourraient être décontaminés
Au niveau national, "plusieurs dizaines de sites pourraient être décontaminés grâce à cette technique", confie encore Claude Grison. "C’est un phénomène rare mais qui existe ailleurs. On le trouve en Nouvelle-Calédonie, en Grèce où des terres sont naturellement riches en nickel, et même en Chine .» À chaque fois, le phénomène est exceptionnel et ne se réalise qu’avec des plantes locales qui mutent mais, ô miracle, réagissent toutes positivement au procédé inventé par le CNRS.
"Meilleure image"
D’un millier d’habitants à l’époque où les mines étaient encore ouvertes, Saint-Laurent-le-Minier est passé à 366. La municipalité essaie d’y pallier en rendant le village attractif mais sa mauvaise image est trop forte. Un projet de centrale photovoltaïque a échoué. Désormais, la commune mise sur la création sur l’ex-bassin minier "d’un jardin botanique" ce qui contribuerait à améliorer l’image du village, réagit Daniel Favas, adjoint au maire.
Indispensables pour l’industrie chimique.
Ces plantes miracle pourront servir à fabriquer des médicaments, dont certains extrêmement difficiles à élaborer (anticancéreux, contre la malaria, etc.), des cosmétiques, des peintures, des antiseptiques... Elles sont des catalyseurs chimiques clefs pour l’industrie chimique. "Ce sont des catalyseurs, d’une part, plus efficaces que ceux actuellement utilisés. D’autre part, c’est aussi une solution pour remplacer les actuels catalyseurs dont certains seront bientôt interdits par l’Union européenne à cause de leur toxicité", précise Claude Grison. Autre avantage de ces plantes gardoises : pallier la raréfaction des ressources minérales (zinc, nickel, manganèse, cobalt...). Des métaux indispensables à l’industrie chimique, y compris à la gourmande téléphonie mobile. La Chine contrôle la plupart des ressources. "La survie de notre industrie chimique passe par l’innovation, dont le recyclage. C’est une priorité du gouvernement", note Claude Grison.
Enfants atteints de saturnisme
Les 7 000 plants utilisés ont été transplantés avec succès à Saint-Laurent-le-Minier. Valhoriz, une entreprise héraultaise de restauration de sites dégradés, a la mission de valoriser l’expérience à grande échelle. De ce site pilote, les scientifiques ambitionnent de "créer un nouvel élan de restauration des sites miniers dans le pays, dont ceux, nombreux du Gard, ou du Nord", professe Claude Grison. Les promesses sont grandes. Cette décontamination miraculeusement naturelle résout un problème de santé publique. Localement, "le but est de créer un couvert végétal pour éviter que des poussières de métaux lourds s’envolent partout". Deux enfants du village sont déjà atteints de saturnisme et plusieurs adultes atteints d’une forme de pré-saturnisme.
Source : http://www.midilibre.fr/2013/01/19/ces-plantes-miracle-qui-recyclent-du-poison,629328.php#.UV_wSXlRDGU.facebook