Ce qu’Apple prend… suite. L’application AppGratis n’est pas la seule à avoir récemment subi le courroux de Cupertino. Une autre histoire, encore plus grotesque, menace la bonne santé de la plateforme de distribution de bandes-dessinées Izneo. Il s’agit cette fois de lutter contre la pornographie qui, chez Apple, doit être compris dans son sens le plus large : la moindre courbe suggestive est susceptible de donner des boutons aux prudes examinateurs de l’AppStore.
Izneo distribue les ouvrages de bon nombre d’éditeurs, dont Dargaud, Dupuis, et d’autres encore tout aussi prestigieux. Un responsable d’Apple a contacté Izneo la veille du week-end pascal, avec un ultimatum : 30 heures pour nettoyer le catalogue de tous les contenus jugés « porno », malheureusement… sans préciser lesquels. La plateforme réalisant son chiffre d’affaires en majorité via son application pour iPad, il lui était impossible de ne pas obtempérer à l’oukase d’Apple.
« Apple ne nous a donné aucune consigne sur ce qu’ils jugent comme pornographique ou pas. Nous leur avons proposé de nous caler sur l’iBookstore pour retirer les titres car nos BD sont aussi vendues dans la librairie en dehors de notre application, nous avons essuyé un refus. Notre interlocuteur nous a rétorqué qu’iBooks et l’Appstore étaient deux choses différentes. Ils ne nous ont donné aucune clef d’appréciation pour faire le tri ! » Un responsable d’Izneo
Izneo a donc dû supprimer 1.500 ouvrages de son catalogue, une sacrée saignée quand on sait qu’il compte normalement 4.000 références. Les ciseaux de la censure se sont même abattus sur des épisodes de Blake & Mortimer, c’est dire l’incongruité de la demande, alors que des comics américains plus violents sont en libre service sur l’AppStore. Mais la violence est une chose mieux partagée aux États-Unis que la vue d’une épaule dénudée. Apple doit-elle se poser en garante de la moralité universelle ?