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#DCRI vs #Wikipedia : traitement médiatique indigne et fantasmes paranoiaques

Publié le 08 avril 2013 par Olivier Laurelli

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Quand on voit le traitement médiatique réservé à l’affaire Wikipedia vs DCRI et les commentaires qui fleurissent avançant la théorie du complot, on se rend compte qu’un climat de défiance malsain est en train de s’installer entre les autorités et les citoyens. Quelque chose ne tourne pas rond. Je vous expliquais hier que je commençais à m’alarmer d’observer le traitement médiatique fait à cette affaire sans que personne ne semble vouloir se poser des questions pour on ne peut plus basiques pour juger de la légalité de l’action de la DCRI. Une immense majorité de la presse semble n’avoir que faire de ces questions et préfère se focaliser sur l’effet Streisand engendré par ce qui demeure, j’en suis convaincu, de l’ordre de la boulette d’une entité tierce (que je soupçonne plutôt grande et plutôt muette).

Comment la taupinière a t-elle accouché d’une montagne ?

Ça commence par de multiples imprecisions : la presse martèle que la demande de la DCRI ne s’appuyait sur aucune justification légale et que la DCRI n’avait argué que du sacro saint secret défense. Combien de journalistes on mis en perspective le fait que des explications plus appuyées à à la Fondation US Wikimedia reviendrait à révéler le secret défense (ou à donner de sérieux indices) qui est justement l’objet de sa demande ? Il y a ensuite ce petit détail qui semble échapper à tout le monde; la place Beauvau dans son communiqué en réaction à la dépêche AFP précise :

« Dans un état de droit, on ne peut pas assimiler à une menace l’engagement d’une procédure judiciaire »

Allo la presse ? une « procédure judiciaire » ! Chère presse, tu dis un peu de la merde quand tu fais passer la DCRI pour des cowboys. Si cowboy il y a, peut être faut-il gratter un peu pour savoir qui a vraiment pris la décision d’écouter Wikimedia France qui n’a aucun autre rôle que de promouvoir et soutenir Wikipedia, une personne physique et non morale, dont le seul tort était d’avoir les droits d’administration du site et donc le pouvoir de retirer une page. Un pouvoir bien dérisoire quand on connait un peu l’organisation et le mode de fonctionnement de Wikipedia puisque la page est très vite revenue en ligne et à même été traduite dans plusieurs langues.

Chère presse, pourquoi ne te demandes tu pas s’il y a une plainte de déposée et de qui elle émane ? Pourquoi ne te demandes tu pas pourquoi Wikimedia n’a pas fait l’objet d’un référé judiciaire, comme il est de coutume quand on veut gérer l’urgence ?

Pourquoi ne te demandes tu pas si la boulette ne peut pas venir d’ailleurs que la seule DCRI ? C’est parce que c’est la DCRI qui s’est occupée de l’affaire et que généralement, on aime bien mettre la DCRI au centre de tous les lulz avec pour référent culturel les Barbouzes que l’on aime associer à des pieds nickelés ?

Tu ne crois pas un instant plausible qu’une autre instance de l’état, ou même qu’un magistrat ait pu se fourvoyer au point d’ignorer ce qu’est un effet Streisand (et par là même en sortant de ses prérogatives qui n’ont jamais été de faire cesser une infraction) ? Tu te crois plus geek que les enquêteurs de la DCRI pour penser qu’ils ne connaissent pas ce genre d’effet sur Internet alors que tu n’as pas toi même un quart de leur compétence technique ?

Ou peut être t’amuses tu tout simplement d’un raté sans avoir l’honnêteté de mettre en perspective les 99% d’affaires dont tu n’entendras jamais parler… et oui quand la DCRI fait bien son travail, elle ne te passe pas un coup de fil pour te le dire « mission accomplie », c’est donc bien facile pour toi de la stigmatiser attendu que ce n’est certainement pas elle qui te demandera un droit de réponse.

Quand tu claironnes qu’il s’agit d’une « tentative de censure injustifiée », c’est à croire que tu es dans le secret des dieux. Pourquoi ne parles tu pas des FAITS, à savoir une tentative de censure (ou plutôt de retrait abusif de contenu)  non motivée, non expliquée, qui ne pointe pas du doigt un contenu manifestement illicite, de manière précise et probante pour l’hébergeur sommé de retiré le contenu litigieux.

Pas un seul journaliste, pas un… pour évoquer un probable bug de procédure du à l’insistance d’une instance qui tait son nom et qui serait à l’origine de ce monumental fail médiatique ?

La théorie de l’écran de fumée

Cette théorie est probablement celle que l’on relève de plus dans des centaines de commentaires. Elle me semble tout bonnement ridicule et ce à plusieurs titres :

Si la DCRI avait envie de créer des écrans de fumée pour détourner l’attention des scandales qui agitent la classe politique en ce moment, elle n’utiliserait certainement pas Internet comme fondement du dit écran de fumée. Elle choisirait une histoire bien plus en vue qui ne se cantonne pas au petit monde des geeks, et désolé de le dire : au petit monde d’Internet.  Attention, scoop : Internet n’est pas le centre de l’univers, il en serait plutôt les extrémités.

Malheureusement, cette théorie conspirationniste particulièrement tenace n’est qu’une réponse logique aux errements de certains politiques qui jouent les traders off-shore. Un climat de défiance malsain qu’on ne manquera pas de retrouver à toutes les sauces, pour d’autres affaires et ici à mes yeux entretenu par de nombreux articles de presse.

Quelqu’un a bien merdé

Quelqu’un, quelque part a bien merdé, c’est un fait. Pointer du doigt la DCRI qui agit dans le cadre d’une enquête judiciaire est la solution de la facilité, celle qui fera loler allègrement tout le monde… mais cette solution n’est fort probablement pas celle qui ira dans le sens de la manifestation de la vérité judiciaire. Pire, elle entretiendra un climat de défiance vis à vis de l’autorité, un climat malsain du genre « tous pourris la DCRI aussi » qui au final, fait le jeu des extrêmes.


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