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Le printemps français de la France réac et Manuel Valls.

Publié le 09 avril 2013 par Juan
Le printemps français de la France réac et Manuel Valls. C'est une sale expression, un slogan propagé par les réacs en tous genres sur les réseaux sociaux ou dans quelques manifestations marginales anti-mariage pour tous: ce serait bientôt le printemps français comme hier nous avions le printemps arabe.
Sur les sites de la réacosphère - Dreuz, Egalité et Réconciliation, novopresse - on relaye largement l'initiative née quelque part le 21 mars. On s'amuse des manifestations de quelques fachos devant le domicile de la sénatrice Chantal Jouanno.
Le Printemps français a son site, ses promoteurs ont chipé le slogan du Front de Gauche ("On ne lâche rien"). La confusion des genres est l'arme habituelle des réacs.  
Dimanche 24 mars, ils exhibaient quelques enfants en bas âge au premier rang pour mieux forcer le passage. Plus loin, des gros musclés et petits freluquets faisaient le salut nazi avant de secouer les boucliers en plexy des CRS qui leur faisaient front. L'un d'entre eux, Alexandre Gabriac, expliquait que "Valls ou Taubira n'avaient pas à leur interdire de descendre les Champs Elysées". Certes, il y avait bien d'autre sensibilités plus paisibles dans les rangs. Mais les braillards étaient effarants.
Mercredi 27 mars, Arnaud Montebourg était bousculé lors d'un déplacement en gare de Perrache, du Train de l'industrie. Des militants anti-mariage gay se sont heurtés à des ... manifestants CGT qui protestaient contre la politique sociale du gouvernement.
France contre France.
Le même soir, la Garde des Sceaux a failli être empêchée d'accéder à un opéra: à nouveau, ça criait, ça éructait, ça chantait. Là encore, les réacs de Génération identitaire ou jeunesses nationalistes. A moins que cela ne soit l'inverse. On hurlait la Marseillaise tout en traitant les CRS présents de fils de putes.
La France Réac sait choisir les mots qui tâchent et font honte.
Le lendemain, quelques irréductibles dont l'ineffable Frigide Barjot manifestaient devant le siège de France Télévision où se déroulait l'entretien télévisé du président Hollande. Les extrémistes de Civitas s'agenouillaient devant le Sénat pour protester:  "La France mérite châtiment si elle autorise le mariage des sodomites" expliquait l'un d'entre eux aux caméras.
A la faveur de l'examen au Sénat de la loi sur le mariage pour tous, la frange réactionnaire se dévoile et instrumentalise un débat de libertés publiques. Les opposants au mariage gay ne sont pas cette caricature d'extrémistes. Mais ces extrémistes-là font du mal à la démocratie.
Dans la nuit du 6 au 7 avril, deux couples d'homosexuels sont passés à tabac à Paris. Le premier dans le XIXème arrondissement de Paris. L'une des deux victimes de l'agression postait ceci sur les réseaux sociaux, à côté de sa photographie d'un visage défiguré.
“Désolé de vous montrer cela. C’est le visage de l’homophobie. Hier soir, dans le XIXe arrondissement de Paris, Olivier et moi avons été sauvagement frappés seulement parce que nous marchions bras-dessus bras-dessous. Je me suis réveillé dans une ambulance, couvert de sang, avec une dent en moins et les os autour des yeux cassés. Je suis à la maison maintenant. Très triste. Olivier prend soin de moi. J’ai un arrêt de travail d’au moins dix jours.”
Le même soir, un peu plus loin à Paris, un poignée d'anti-mariage pour tous recouvrait d’affiches la façade de l’espace des Blancs-Manteaux, dans le 4ème arrondissement. On identifiait facilement, sur la vidéo, quelques militants UMP.
L'homophobie est de sortie. 
Que retenir de cette mauvaise et terrible séquence ?
1. La minorité réac se retrouve dès que le sujet est clair et clivant. C'est simple et évident.  Le climat est "extrêmement lourd et délétère", confie l'Inter-LGBT.
2. Pourquoi donc dérapages, agressions, et outrages ont-ils été l'apanage ou les à-côtés des manifestations contre le mariage pour tous ? Ces chrétiens - ils furent nombreux - pourraient-ils s'interroger sur cette incroyable faciliter à proférer l'amour pour tous contre le mariage de quelques-uns au milieu de cris de haine homophobe ?
3. Le débat sur cette loi a produit les pires effets. N'a-t-il pas que trop durer ? Pourquoi avoir fait traîner en longueur l'adoption d'un texte finalement bien loin des caricatures que ses opposants ont voulu en faire ? A gauche, on pense - nous pensons - que la mesure méritait une adoption rapide et sans effluves, même si elle titillait quelques croyants coincés. Le débat n'est possible qu'avec ceux qui le souhaitent. Les opposants à ce nouveau droit ne cherchent pas le débat. Pire, ils ont dans leurs bagages ou leurs soutes d'insupportables fréquentations, d'effroyables réacs prêts à "casser du pédé" - physiquement bien sûr - pour faire comprendre leur point.
4. Autre sujet, plus grave, le ministre de l'intérieur Manuel Valls sera-t-il aussi prompt à mobiliser les forces de l'ordre contre les auteurs de ces actes homophobes que dans d'autres luttes moins honorables ? Pourquoi n'y-a-t-il pas un communiqué, un seul, sur le sujet entre dimanche et mardi ? Pouvait-on espérer que le ministre soit aussi actif contre ces homophobes réacs et violents que contre les Roms ? On sait qu'il s'est fait chahuté lui aussi, par quelques réacs énervés. Pourtant, on cherche, on attend, on espère une réaction. Car dimanche, le lendemain de ces agressions, le ministre évoquait l'antisémitisme résurgent en France. Il n'avait pas tort, mais ne pouvait-il pas AUSSI s'autoriser une réaction sur l'autre sujet du moment, pile en phase avec une certaine actualité parlementaire ?
Manuel Valls, réagissez.


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