Le diamètre de la pupille ou encore sa contraction après une stimulation lumineuse de la rétine évoluent avec la douleur. Une équipe de recherche française vient de tester ces indicateurs au cours de l’accouchement et aimerait en faire un outil d’évaluation chez les personnes incapables d’exprimer leur douleur.
La pupille en dit long sur la douleur. Le diamètre de celle-ci et sa contraction après une stimulation lumineuse de la rétine augmentent avec l’intensité de la souffrance. Mesurer rapidement ces deux paramètres pourrait donc aider les soignants à évaluer la douleur chez des personnes incapables de l’exprimer, parce qu’ils parlent une langue étrangère ou en raison de leur état de santé. Une équipe de l’Inserm1 s’est intéressée à ce concept en le testant chez des femmes en train d’accoucher.
« Nous voulions établir des liens entre ces deux paramètres, la douleur des contractions utérines au cours de l’accouchement et son soulagement par l’analgésie péridurale »,
explique Jean Guglielminotti, co-auteur des travaux publié dans la revue spécialisée Anesthesia & Analgesia2.
Les chercheurs ont donc mesuré ces deux facteurs dans quatre situations particulières : avant péridurale analgésique avec et sans contraction utérine et après péridurale, avec et sans contraction. Ils ont pour cela placé une caméra qui effectue les mesures en une fraction de seconde devant l’œil des patientes. L’expérience leur a permis de constater que les contractions utérines provoquent effectivement l’augmentation du diamètre de la pupille et de sa contraction après stimulation lumineuse de la rétine. De plus, ces paramètres reviennent à la normale après analgésie péridurale.
Pas de seuils de douleur établis
Les résultats montrent cependant qu’il est difficile d’établir des valeurs seuils permettant de distinguer une patiente douloureuse d’une patiente non douloureuse.
« Néanmoins chaque individu pourrait être son propre témoin. Cela signifie qu’en mesurant l’évolution de ces paramètres au cours du temps, par exemple avant et après un traitement antalgique, il serait possible de déterminer l’évolution de la douleur et de savoir ainsi si ce traitement a été efficace ou non »,
explique le chercheur.
Evaluer l’efficacité d’un traitement antalgique
Voilà donc l’idée, obtenir un outil d’évaluation de l’efficacité des traitements antalgiques généralisable à plusieurs situations dans lesquelles les personnes ne peuvent pas toujours s’exprimer : accouchement mais également patients en salle de réveil après une opération chirurgicale ou patients comateux en réanimation, des moments où les soignants manquent cruellement d’indicateurs pour connaître la douleur ressentie par leurs patients.
« Nous avons conduit une étude de preuve de concept, mais nous devons maintenant valider ses résultats dans ces différentes situations »,
explique Jean Guglielminotti. Les chercheurs viennent pour cela de lancer une étude de validation chez plus de deux cents femmes, pour vérifier que l’observation de la pupille permet d’évaluer l’efficacité d’un traitement antalgique, notamment la péridurale au cours de l’accouchement3.