Je m’intéresse beaucoup au débat lié au mariage pour tous.
Je pense l’avoir déjà dit ici, mais j’aime le répéter. Clairement et sans équivoque, je suis pour.
Et disons, que je conçois que des personnes aient une position contraire à la mienne. Je lis sur le sujet, j’analyse, je prends connaissance des arguments pour et contre. Mais quand cette prise de position prend des allures de vendetta.
Je m’indigne tout simplement.
Il y a eu cette photo apparue dans mon fil d’actualité Facebookien dimanche dans la soirée. Le visage tuméfié d’un homme, Wilfred. Je ne le connaissais pas, cette photo est arrivé dans mon fil via un ami.
Dans la nuit de samedi à dimanche, Wilfred et son ami rentrent d’un dîner dans le 11ème arrdt. Ils sont bras dessus, bras dessous. Ils croisent un groupe, son ami Olivier entend « Ah des homosexuels ». S’ensuit une agression violente, des coups à la tête, au corps. Wilfred se réveillera en sang dans l’ambulance. Ils porteront plainte et en rentrant chez eux, ils font cette photo, ils la publient dans une volonté militante, politique de montrer le visage haineux de l’homophobie.
Dans la radicalisation de l’homophobie, il y a aussi eu la vandalisation du « Printemps des assoces LGBT » (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) ». Des élus de gauche, comme de droite partisans du mariage pour tous, ont été malmenés suite à leur prise de position.
J’ai été profondément choquée par ces actes et cette photo m’a remuée violemment. Je me suis reprise en pleine tête cette radicalisation de certains anti-mariage et cette accentuation de l’homophobie. J’ai tenté de passer par le prisme de l’analyse, je voulais comprendre. A quel moment bascule t-on ? Comment peut-on en venir à agresser quelqu’un sous prétexte qu’il est différent ? Quel est l’effet du groupe sur cette agressivité ?
Mais cela va trop loin pour moi, pour mon côté rationnel. Je suis ulcérée et cela me prend aux tripes. Je me demande juste jusqu’où ça va aller cette escalade de violence.
Il y a eu cet homme samedi dans le métro. La rame était bondée, mais je ne sentais pas d’agressivité de la part des passagers. Entre deux stations, le chauffeur a freiné brusquement. Cela a donné un effet domino, plein de gens sont tombés les uns sur les autres. Il y a eu des éclats de rire, des mains tendues, des bras soulevés pour remettre des gens sur pied. Les gens se sont remis confortablement en place. La rame a encore stationné. Le brouhaha ambiant fut coupé par une phrase : ah ah ah…bah oui hein, cette rame qui s’arrête c’est un signe de la colère de dieu…il est en COLÈRE (il baisse d’un ton) parce qu’il y a cette loi là, pour ces…CES HOMOS ! qui est en train de passer.
Un silence gênant, quelques sons de désapprobations ont suivi la remarque. La rame redémarre. Je relève la tête, je sens mon regard noir, mon irritation, mais je ne suis pas sûre de la personne vers qui le diriger. Je vois un homme. A son air gêné, je suis presque sure que c’est lui qui a parlé. Il a l’air tout à fait lambda. Je peste. Je me replonge dans mon livre. Je tente de me rassurer, je me dis qu’il est un peu illuminé ce monsieur pour parler de cela comme ça dans le métro, sans qu’il y ait une réelle conversation. Oui, c’est ça, me dis-je, il a un comportement bizarre.
Plus tard, j’y repense, je ne me sens pas à l’aise. Il n’avait pas l’air illuminé ce monsieur. On aurait juste dit qu’il avait sorti ça comme une blague et qu’il espérait que des gens apportent leur approbation. C’est que derrière la « boutade », j’ai senti le mépris, l’agressivité.
Et puis surtout, il y avait ce truc violent dans le ton, cette violence plus ou moins contenue. Je me suis raisonnée, me disant que des mots durs ne signifiaient pas forcément que cet homme pouvait être capable d’acte de violence.
Je n’arrivais à m’en convaincre.
Cela m’a glacée.