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Moralisation: la droite se déchire.

Publié le 10 avril 2013 par Juan
Moralisation: la droite se déchire.
Ils ont tout à perdre, s'ils n'ont déjà tout perdu. Le choc de moralisation qui s'impose au pays peut emporter une belle fraction de l'ancien clan sarkozyste comme la vague emporte le sable.
Alors ils s'agitent, dans tous les sens,  et se marchent sur les pieds. Les poulets sans tête sont nombreux, et inaudibles.
Comment Fillon poursuit sa guerre contre Copé
L'affaire est loin d'être anodine. Coup sur coup, Laurent Wauquiez puis François Fillon ont spontanément déclaré leur patrimoine, avant toute mesure imposée par le gouvernement Hollande. A droite, c'était un nouvel épisode de la guerre des droites. Et la preuve d'un grand bordel, d'une immense confusion des genres.
1. Dimanche sur BFM-TV, Jean-François Copé était en peine pour justifier qu'il était contre, pêle-mêle, l'interdiction d'exercer un autre métier quand on devenait élu de la République - "nous n'aurons que des aparatchiks !"- ou la transparence totale sur le patrimoine des élus. l'avocat d'affaires, amis du millionnaire Takkiedine et député-maire de Meaux avait sans doute trop à perdre. Aux questions de la journaliste sur ces sujets de moralisation, il répétait qu'il attendait la loi pour l'appliquer si elle changeait. Encore une pirouette... Sur France 2 le 9 avril, le maire de Meaux évoque "un numéro de voyeurisme et d'hypocrisie" en parlant de ses "camarades" de Parti. Il complète, indigné, que le numéro de transparence devrait concerner bien au-delà que le simple cercle politique:  "Je pense aux collaborateurs de cabinets ministériels ou de cabinet du président de la République. Peut-être aussi les directeurs administration centrale, d'autres corps de l'Etat, des journalistes, des syndicalistes..."
2. Son premier opposant François Fillon avait laissé Laurent Wauquiez jouer les chevaliers blancs sur l'affaire. Dans le JDD du 7 avril, Wauquiez, député-maire cumulard, publiait sans attendre son patrimoine. La belle affaire... Il oubliait les comptes de son micro-parti personnel pour lequel il était allé solliciter quelques financements privés auprès d'hommes d'affaires français expatriés à Londres alors qu'il était encore ministre.
3. Comme un curieux feuilleton, François Fillon déclarait le lendemain lundi 8 avril son propre patrimoine sur le plateau du journal télévisé de France 2 "une maison dans la Sarthe évaluée à 650 000 euros, "moins de 100 000 euros d'épargne" et deux voitures d'occasion".
4. A droite, Nadine Morano s'indigne sur Twitter. C'est une star qui mérite son statut de racaille twittospéhrique.
J'ai décidé de ne pas rendre public mon patrimoine. Acte démagogique qui ne règle aucun problème, la course à la démagogie est engagée.
— Nadine Morano (@nadine__morano) 8 avril 2013

5. A droite encore, Christine Boutin, à peine remise de son évanouissement quand elle tenta de forcer un barrage de CRS lors de la manifestation du 24 mars, déclara également son hostilité à cette démarche de transparence.
La droite recomplexée ?
Cette agitation témoigne donc d'un conflit à droite. La lutte Fillon/Copé n'est pas finie. Game of Thrones comptera 5 saisons au moins. On s'étripera dès qu'on pourra. Mais l'agitation est plus profonde que cette rivalité de salon. Fillon peut faire oublier ses invitations privées, pendant puis après son mandat de premier ministre, chez un milliardaire italien. Copé aura du mal à faire zapper de nos mémoires ces clichés de baignades dans la piscine d'une belle villa d'Antibes d'un intermédiaire en ventes d'armes défiscalisées quand lui-même était - Ahem... - ministre du budget.
Cette affaire Cahuzac est devenue un sale feuilleton  à droite, et pour plusieurs raisons aisément compréhensibles.
1. Il faut saisir l'occasion, expliquer au bas peuple que Cahuzac prouve que la gauche est aussi pourrie que la droite. Qu'elle n'a aucune leçon à donner. IMerveilleuse tentative de nous convaincre, sans l'avouer aussi clairement, que truander le fisc n'est pas si grave. Ou de minimiser d'effroyables abus si récents qu'on pense que ces responsables - Fillon, Copé, Wauquiez, Borloo, Sarkozy, Hortefeux, etc - sont amnésiques à moins de nous prendre pour des gogos.
2. L'ancienne droite sarkozyste a beaucoup à perdre de cette épreuve moralisatrice qui s'abat sur le pays. Car on a envie d'en savoir plus et davantage encore: Karachi, Bettencourt, les vacances et le yacht, les contrats d'avocats pendant les mandats de député, le concours de Borloo ou Lagarde à résoudre l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais. L'ancien mentor, sous couvert de "décomplexer" son camp sur ses valeurs, et le rapport à l'argent en général, avait systématiquement couvert, excusé, protégé ses proches pris en défaut ou soupçonnés d'abus de droits. Quitte à recourir aux services secrets ou à quelques magistrats aux ordres pour freiner ou décourager les procédures ou les enquêtes de journalistes. Cette fois-ci, le gouvernement Hollande a pris l'exact contre-pied de cette démarche dans l'affaire Cahuzac. C'est bien sa seule ligne de défense crédible.
3. Cette ancienne droite sarkozyste a beaucoup à perdre car on comparera l'ancien mandat aux décisions du moment. Imaginez Nicolas Sarkozy réclamer que la saisine de la justice dans les affaires Bettencourt ou Wikileaks. Imaginez... ou rêvez. Car Sarkozy n'invoqua jamais la justice. Alors qu'en 2013, l'actuel ministre du Budget demande à la presse de communiquer à la justice les fichiers des Offshore Leaks. Pourtant, l'ancien trésorier de campagne de François Hollande y est cité.
4. Pour cette droite, l'exercice de transparence est terrifiant. Il semble s'imposer à vitesse grand V sous peine de briser la présidence Hollande à moins de huit semaines de son premier anniversaire. A droite, il ouvre un malheureux boulevard à Marine Le Pen. La droite classique est menacée d'extinction. Ce qui explique l'agitation. Nous avions Wauquiez qui réclame un mea culpa à Hollande quand on attend encore le début du commencement de l'inventaire du sarkozysme des affaires; il y a Copé qui préfère prévoir l'échec d'Hollande à moraliser la vie politique (« On est donc en train de tout mélanger. (...) Tout est organisé par M. Hollande pour faire oublier qu'aucune des mesures prévues et annoncées par le gouvernement n'aurait permis de déjouer l'affaire Cahuzac »).
Imaginez... Nicolas Sarkozy se réjouir que Renaud van Ruymbeke enquête sur le Karachigate ou les enregistrements pirates de l'affaire Bettencourt.
Imaginez.


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