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RoSO (renseignement d'origine source ouverte) par Colin l'hermet

Publié le 11 avril 2013 par Egea
  • Cyber
  • Renseignement

Je publie ce commentaire d'un billet du mois dernier, car il traite d'un sujet crucial pour le rens. Car il ne s'agit pas de culture de roses, mais de "Renseignement d’origine source ouverte" (ROSO, pour les intimes)

RoSO (renseignement d'origine source ouverte) par Colin l'hermet
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Et comme je devine que beaucoup de lecteurs ne suivent pas tous les commentaires, il est utile, de temps en temps, d'extraire le meilleur et d'en faire un billet en soi. Merci donc à Colin l'Hermet, qui vient régulièrement commenter sur égéa. Car derrière un débat cyber, se pose la question du "rens" : d'origine cyber ? de périmètre cyber ? de but cyber ? voire d'intérêt cyber ? Autant de notions qui peuvent émerger, mais qui doivent s'appuyer, une fois passé le brillant de la formule, sur de solides réflexions. Elles s'ébauchent. Je constate enfin que quand Colin parle d'exploitation à 1000 % des sources, il suggère un phénomène qui traverse tous les champs : celui du Big Data (comment traduire Big Data ?), évident en matière économique, en matière défense et cyber, et désormais en matière rens.

O. Kempf

Vous en connaissez tous un, de ceux qui abritent derrière un regard myope un mélange de cynisme désabusé de serviteur secret de l'Etat et de sociologue de la bassesse humaine.

Et ils sont inquiets.

Si, si.

Le monde du Rens bruisse, il connaît sa révolution industrielle (hyperautomatisation-mécanisation des processus + coût relativement abordable en raison de cette mécanisation + recherche d'une plus-value sur le dit processus et non plus sur la ressource initiale + apparente profusion-abondance de la ressource initiale).

On assiste à la convergence de 2 faits distincts :

  • . d'une part les services spéciaux ont paradoxalement été "normalisés" ;
  • . d'autre part il y a croissance exponentielle des possibilité d'accès à l'information, et partant, d'information disponible.
  • . Le tout dans un contexte où les rapports de force mis en œuvre dans la démocratie sont modifiés par l'accès populaire à de l'information dont la trop grande disponibilité bidirectionnelle fausse la valeur intrinsèque.

Délaissons, ici, cette question du contexte pour seulement traiter des objectifs du Rens stratégique étatique.

Historiquement, le modèle du Rens stratégique étatique reposait essentiellement sur l'acquisition de l'information par des moyens clandestins. Pas sur de l'investigation. Mais bien sur la collection antérieure de faits-données, leur exploitation et une élaboration postérieure. Ce que vous nommez le "rens fermé".

Or si l'on comprend que vous nommez "rens ouvert" le renseignement ayant pour origine les Sources ouvertes (OSINT en bon acronyme anglosaxon, RoSO pour son équivalent français), celui qui pioche dans les "zones blanches" ou éventuellement "grises", force est de constater que l'état de l'art ne sait pas encore bien articuler le RoSO-OSINT.

Le RoSO pellete à 1000% du champ sémantique, il est donc de droit intégrable au RoHum. Par ailleurs, l'imagerie qui s'est généralisée (photos, visuels, infographies, ou contrestéganographie notamment) pourrait placer le RoSO dans le RoIM. Quant à le positionner dans le RoEM, rien ne l'interdit, de par les caractéristiques de la majorité de ses vecteurs.

Sans que votre idée de placer les domaines "rens ouvert-rens fermé" en position de gigogne ne soit remise en cause, je crains que la Communauté du Rens, et plus encore les (trop rares) théoriciens de la mise en œuvre du Rens, n'aient dépassé cette simple césure pour aller plus en profondeur à un problème sous-jacent : le RoSO doit-il être une activité à part entière ? Ou est-il transverse aux champs traditionnels ?

En réalité, découle de cette question la mesure des moyens à y consacrer (et donc le possible retard national dans la prochaine génération d'officiers et de structures de rens). C'est notamment sur ce principe qu'est envisagé de mener-péréniser des "externalisations" de Rens, le RoSO étant par nature disponible à tous et ne nécessitant plus de cadre clandestin pour le recueil initial.

Ce qui fait un peu trop vite fi, remarque en passant, de la question de la variété des intérêts entre l'Etat, les champs de l'Etat (pensés par P.Bourdieu et retrouvables dans les AIE de L. Althusser) et les acteurs économiques privés : confier à un opérateur économique la mission de mener du Rens stratégique au bénéfice de l'Etat, c'est remodeler un pan de la mission de service public qu'appellent la sécurité et la défense nationales. Un tel choix devra être mûrement réfléchi, et les modalités sévèrement encadrées. Et ce futur (et nécessaire) choix découle directement de l'ampleur du potentiel du phénomène RoSO (je le comparerais au potentiel des gaz de schiste dans le domaine énergétique).

C'est pourquoi il me paraît hasardeux-bancal de souhaiter fonder une partie de votre réflexion quant au champ cyber-informationnel sur une spécialité qui tangue elle-même sous la houle de ce champ qu'elle ressent comme nouveau pour elle.

Ou plus précisément, hasardeux de fonder une partie de votre réflexion sur une typologie en voie de refonte-réforme au sein de la spécialité./.

Bien à vous,

Cl'H./.


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