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Repenser l’économie. L’économie Bottom-Up

Publié le 12 avril 2013 par Copeau @Contrepoints

C’est un essai très inégal que publie l’économiste Olivier Pastré. Nous partageons sa proposition pour une « nouvelle économie d’en bas » mais sommes moins d’accord sur les constats concernant la crise actuelle et ses vrais coupables.

Par Bogdan Calinescu.
Un article de l'aleps.

Repenser l’économie. L’économie Bottom-Up
L’auteur, en visionnaire optimiste, imagine une France en pleine croissance économique vers… 2021. Grâce à François Hollande, tout a redémarré. La recette ? Le président a compris que ce n’est pas à l’État de faire la politique économique mais aux vrais acteurs de terrain : entreprises, investisseurs… C’est la méthode « bottom-up » qui s’appuie sur l’environnement des entreprises afin de prendre les décisions nécessaires pour relancer la machine économique. C’est tout à fait souhaitable à condition que la puissance publique n’intervienne pas comme elle l’a fait dans le passé. Et à Pastré de rappeler l’échec – à coups de milliards – du Concorde (ou bien du Minitel ou du supergénérateur nucléaire). De même, l’échec du keynésianisme de Sarkozy qui s’était fait pourtant le chantre d’une autre économie, plus libérale. Sa politique économique a été profondément keynésienne avec les résultats que l’on connaît.

Jusque là on suit parfaitement l’auteur. C’est après que ça se gâte… Il commence à mélanger les politiques keynésiennes avec les recettes « néolibérales », ce dernier adjectif étant une sorte de passe-partout utilisé surtout par les économistes de gauche afin de désigner les échecs économiques de plusieurs pays. En quoi consiste réellement cette « politique néolibérale » ? S’il s’agit de surveiller les comptes de l’État et de faire confiance au secteur privé, toute politique conseillée aujourd’hui est néolibérale. Mais les dirigeants suivent-ils vraiment ce genre de politique ? Ensuite, comment partager avec l’auteur ce qu’il appelle « les causes profondes de la crise » ? Pour lui, elles sont au nombre de quatre : la désindustrialisation, la course folle au rendement, la titrisation et la procyclicité de la finance. Mais où sont passées les politiques suicidaires du crédit facile mises en place par les gouvernements américains ? Les connivences entre le secteur bancaire (l’auteur est administrateur de plusieurs banques…) et les institutions publiques ou para-publiques ? Quid des dérives budgétaires des États ? Comment se fait-il que la crise n’ait pas touché de nombreux pays riches comme le Canada, l’Allemagne, l’Australie, plusieurs pays nordiques, etc. ? A-t-on été victimes du moins d’État ou du trop d’État ? Difficile de comprendre comment une politique « top-down » peut « atteindre ses limites avec le libéralisme exacerbé qui a inspiré la politique économique depuis près de trois décennies ». Car c’est exactement le contraire qui s’est passé ! La France – un pays qui cultive le chômage de masse, crise ou pas crise – a explosé ses dépenses publiques et gonflé le secteur de l’État (ou des collectivités locales) depuis 30 ans !

L’auteur ne croit pas en la « concurrence parfaite » ou en la « rationalité des individus », deux caractéristiques qu’il attribue au libéralisme économique (en fait, il s’agit d’hypothèses empruntées aux modèles de l’école néo-classique) et défend ainsi l’intervention de l’État. Mais il n’y a aucun exemple de pays où l’État a laissé complètement libre le secteur privé. Tant que l’État taxera et réglementera les relations économiques, on ne peut pas parler de pays « néolibéral » ou « libéral » (par ailleurs, quels étaient les États libéraux dans les années 30 ?). Il y a eu des réformes dans certains pays, y compris dans des pays fortement étatisés comme la Suède. Il faut laisser les acteurs économiques s’exprimer sans interférer ! Faisons-le et ensuite critiquons – ou non – le libéralisme économique.

Finalement, ce qu’il faut retenir du livre d’Olivier Pastré c’est qu’on doit s’appuyer sur l’économie d’en bas pour s’en sortir. C’est déjà pas mal.

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