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Dure journée pour l'élève Jair-Ohm

Par Alainlasverne @AlainLasverne

 

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air-ohm travaillait à mi-temps pour l'agence de détective Socrate, plantée sur les bords du fleuve Seine, dans une ville moyenne dans le crime comme dans l'ensemble de ses caractéristiques, d'ailleurs, selon les statistiques terriennes. L'adultère, le secret industriel bas de gamme et la recherche de disparus faisaient surnager cet organisme privé plutôt commun dans la gamme des activités autochtones.

Après sa prestation de conseiller régional, durant un an tout rond, il s'était glissé dans cette nouvelle activité, suivant ainsi les directives de ses maîtres. Il comptait bien oublier les lobbyistes véreux à châtier et les conseillers régionaux renâclant devant une notion tout à fait nouvelle pour eux, l'intérêt général.

Détective ou autre couverture, il n'avait pas le choix. Son existence était tracée par le Haut Conseil Galactique. Les autres super-héros qu'il avait côtoyés vivaient des situations identiques. Un jour, ils surgissaient sans éclair, sans roulement de tambour et sans caméra pour populariser l'événement. Tout soudain, ils s'éveillaient à la vie dans leur corps d'adulte. Au fond de leurs pensées molles, une destination s'affichait presque aussitôt. L'école les accueillait pour une formation intensive, conclue par un stage de trois années.

Faire avec. Le super-héros n'avait pour toute satisfaction que l'intime conviction d'avoir agi au mieux dans le cadre défini par les maîtres. Faire le job, comme disait Mentor, son professeur principal. Parfois, une espèce de mélancolie malmenait Jair-ohm. Tant de pouvoir et si peu de liberté. Non pas, qu'il n'aimât pas son travail, mais un super-héros méritait mieux qu'une bride serrée, même en tant qu'apprenti. Parfois, il maudissait le destin qui l'avait fait supérieur, mais pas assez pour la responsabilité. Le Haut Conseil méprisait les états d'âme quand il ne les sanctionnait pas.

Fruit d'une erreur génétique ou expérience perverse du Haut Conseil, une claudication et un eczéma récurrent venaient lui compliquer parfois la tache, sans léser vraiment ses pouvoirs. Les autres super-héros de sa connaissance subissant également quelque déficiences, il supportait ce coup du sort avec une humeur égale. Un menton en galoche et une chevelure drue auraient compensé sans doute, d'autant qu'il n'était pas vraiment chétif avec ses 100kg pour 1m90. Il aurait pu faire illusion quelques secondes à côté de de quelques grands anciens dont Mentor et les autres formateurs lui rabâchaient les aventures, occultant soigneusement les couacs des pionniers un peu épais du bulbe. Malheureusement, son menton coulait vers le bas sans se rebeller le moins du monde et sa tignasse aux mèches explosives n'avait aucun aérodynamisme.

La mission du jour lui avait été communiqué à zéro heure, zéro, zéro, galactica time, comme d'habitude. A accomplir sans négliger les taches ordinaires de l'humain détective dont il avait endossé le rôle, naturellement. Il fallait aller au charbon et faire le travail sans se planter, entre deux filatures ou rapports. Zéro tolérance. Le jury n'avait pas fait mystère de sa sévérité potentielle en lui attribuant cette troisième période d'essai. Il avait traversé les deux première sans trop de bobos, mis à part une altercation avec un conseiller régional rétif. Ferme recadrage obligatoire. Le politicien en avait gardé un léger bégaiement et le jury avait argué d'une pression psychologique disproportionnée. Bref, avec 7/10, Jair-Ohm avait arraché une troisième période de justesse, sans marge d'erreur aucune. Zéro tolérance.

La mission du jour, s'il l'acceptait, était de remettre un gars à la braguette bourlingueuse sur le droit chemin. Il l'avait accepté. Comme s'il avait le choix...Les maîtres arrogants n'avaient rien trouvé de mieux que de nommer la mission du jour Poireau. Autant dire qu'on le traitait de légume. Ces décatis du groupuscule divin exagéraient. Même un apprenti ne méritait pas ça !

En ce début d'après-midi, Jair-Ohm maintenait sa concentration maximale sur les pages d'un rapport sur une entreprise intéressant une autre entreprise qui souhaitait énormément connaître ses secrets industriels mineurs. Deux heures avant le début de l'opération Poireau. Finir la lecture du rapport ou préparer avec soin la mission ? Après une évaluation aussi rapide qu'intense, il jeta le rapport dans un tiroir et enjamba la fenêtre pour se laisser planer vers le bas de la rue où il se reçut sur une barre pour accrocher les vélos. Sa jambe plus courte protesta mais il ne saignait bien sûr pas du tout. La douleur faisait partie des simulacres pervers de mise en condition imaginés par les gnomes du Haut Conseil. Il grimaça en souriant.

Malgré les élancements de cette bon dieu de jambe mal gaulée, il régla avec minutie les paramètres temporels de l'opération. Le QG lui avait fourni le nom de la rue et de l’hôtel ainsi que le numéro de la chambre, mais il fallait tout de même apprécier de visu, et même in vivo les lieux, ce sans utiliser le moindre super-pouvoir à ce stade, sauf le flair surhumain qui était le sien.

Il contourna les embouteillages avec son GPS et se retrouva à peine une demi-heure plus tard au groundzero de l'opération Poireau. Le réceptionniste somnolait. Il approfondit sa réflexion en appuyant deux doigts sur un point spécifique du cou et se félicita d'avoir suivi le module arts martiaux durant ses premières séquence de formation à sa supérieure destinée. Se rendre dans la chambre n'était qu'une formalité. Il planta les puces mento-spatiales autour du lit, préalable nécessaire pour exfiltrer le coupable instantanément sans léser aucunement son corpus cognitivo-onirique.

La mission démarrait en douceur. Planqué dans l'Opel Corsa de fonction – menu privilège consenti par Socrate – Jair-Ohm vit débarquer la femme. Elle salua d'une main le réceptionniste et monta directement à la chambre. Dix minutes plus tard la cible surgissait à son tour. En massant sa jambe courte, Jair-om constata avec un certain déplaisir qu'elle n'avait nullement l'allure fautive, ou même hésitante. Il laissa passer quelques minutes supplémentaires et jugeant que les deux coupables avaient entamé leurs répréhensibles ébats, il déclencha les puces.

Normalement, la femme se retrouvait dans le lit du bipède humain qui lui était apparié, selon les coutumes de ce coin de planète. En l’occurrence, un mah-ri, ou mari, selon Mentor. Le partenaire interdit bénéficiait du même traitement et se voyait rapproché de son bipède humain légal, en l'occurence sa fahm, femme. Les puces, pilier technique du dispositif, étaient d'une qualité garantie supérieure. Jair-Ohm avait toute latitude pour organiser le retour à la raison des coupables et la préservation de leurs capacités, potentiellement troublées par les événements.

Une fois ces transferts réglés, Jair-Ohm devait se téléporter à rebrousse-temps pour atterrir la veille chez l'adultère mâle et le convaincre avec les arguments les plus éprouvés de ne pas penser se rendre à l'hôtel le lendemain pour s'y accoupler illicitement. Le Haut Conseil aurait pu faire l'économie des puces mento-spatiales, des embouteillages et autres mises en place, puisque Jair-Ohm allait gentiment amener les deux bipèdes à cesser leurs appariements hors-limites. La journée serait donc annulée, jamais vue, inexistante finalement. Pourquoi se casser la tête à mariner dans une Opel Corsa devant une chambre d'hôtel pour voir des primitifs bêtement acharnés à violer le code, avant de renvoyer tout le monde à la maison ?...

En vérité, le Haut Conseil voulait tester l'argumentaire des nouveaux, pas un apprenti ne l'ignorait. Comme ils savaient tous que les vieux radoteux adoraient critiquer les prestations des nouveaux et se foutre allègrement de leurs gueules à coups de saillies grasses et répétitives, tandis que la bave coulait de leurs bouches molles et qu'ils riaient comme des tordus.

Pour revenir à l'examen proprement dit, ajouter un soupçon de rhétorique personnelle était, disait-on, bien vu par ces barbons prétentieux. Quoiqu'il en fut, Jair-Ohm devait en l'espace de quelques instants retourner les possibles préventions et convaincre de manière claire, positive et incontournable le misérable engagé sur la voie du crime qu'il compromettait sa morale individuelle, voire mettait en péril son intégrité psychoaffective en continuant son partage de fluide avec une humaine autre que sa fham, femme.

Pour fluidifier la compréhension entre lui et la cible, Jair-om se préparait à produire les photos et le courrier le plus explicite concernant la relation. Ce qui était un plus, par rapport aux autres apprentis. Il fallait bien que Socrate soit enfin utile à quelque chose. Les vieillards vétilleux n'auraient quand même pas l'audace de voir là des méthodes douteuses. Ils n'ignoraient pas qu'il ne pouvait utiliser de super-pouvoir, particulièrement celui de percussion.

La validation de cette journée semblait gérée à 99,9 % et potentiellement acquise à 97,27%, quand la mentalerte résonna au fond de son crâne délicieusement reposé par un sudoku niveau 27. Un bip. Un bug. Il brancha instantanément le realtimeinfo du Haut Conseil.

La femme avait été impeccablement exfiltrée par les puces, mais dans un lit qui n'avait rien de conjugal. Et boum ! Cette conne d'humaine était tombé dans un plumard qu'était pas le bon. La reformulation en dialecte soulagea un instant la psyché du super apprenti.

Il sentait le côté droit de son visage dangereusement sensible, prêt à exploser et, qui sait, suppurer lamentablement, mais ses capacités de réaction demeuraient. Il finit son cinquième décaféiné en convoquant le silence le plus pur, attentif aux scénarios que lui proposait son super-cerveau.

Pour résumer très sommairement, deux problèmes concomitants et mêmes corrélatifs se posaient. Le mah-ri qu'il devait briefer pour qu'il cesse de marcher en crabe et garde sa braguette au repos. La fahm qu'il devait checker pour qu'elle arrête déjà de hurler et de courir dans la rue de la Mare-aux-peintres, avant de comprendre que l'ha-moure, l'amour plus précisément, n'était compréhensible que dans le paradigme Mah-ri/Fahm, mari/femme.

Socrate le bipa. Une filature. Il mit en attente et fit grincer la boite de la Corsa, direction la rue de la Mare-aux-peintres. Arrivé sur la scène de crime il rappela l'agence et déclara qu'il était, comme convenu, dans le sillage du patron de la boite high-tech. Par pure malchance, il venait de prendre une place pour handicapé et les flics s'était approchés sans prévenir, ce qui interrompait momentanément le cours de la filature, mais...Le patron avait raccroché.

La femme, une humaine tout à fait normale quant à sa configuration psycho-plastique, ouvrit de grands yeux quand Jair-om apparut à ses côtés. L'escouade policière derrière elle continuait de courir en hurlant tout aussi normalement. Plutôt habile pour une humaine, la femme le gifla en criant « fous-moi la paix, l'handicapé ! ». Manifestement, elle ne percevait pas clairement la qualité de son interlocuteur. Jair-om se glissa derrière elle et faucha l'extrémité de son talon droit. Elle s'écroula et rebondit quelques secondes sur le goudron. Jair-om en profita pour geler les horloges. Les policiers qui arrivaient pour régler la situation avec de fins bâtons noirs haut levés stoppèrent net leur légitime élan. Jair-om retourna la femme. Elle ne saignait pas assez pour ne pas comprendre le check-up qui l'attendait. Il revisita intérieurement la procédure et commença.

L'humaine Jacqueline était légèrement sous le choc de la translation mal aiguillée. Jair-Ohm lui injecta quelques substances propres à lui faire oublier les derniers événements et la calmer. Elle réagit très correctement en s'éveillant avec un franc et sincère sourire décoré d'un joli filet de bave. Elle avait bien sûr tout oublié des derniers événements, mais également le nom de son mari et l'adresse de leur demeure commune. Jair-Ohm s'aperçut qu'il avait un peu forcé la dose. Problème qu'on ne pouvait imputer qu'aux instructions fournies par les feignasses demeurées du service technique, une fois de plus débordées et laxistes avec les apprentis. Le Haut Conseil prendrait sans doute en compte cette conjoncture. En attendant il fallait régler le problème avec une super efficacité. Sans oublier l'humain mari à recadrer tout à fait dans les règles. La validation de la journée étant suspendue à ces deux taches prioritaires plus-plus.

Le reformatage mémoriel d'une humaine totalement déphasée était autorisé durant les stages. Tout demeurait sous contrôle. Jair-Ohm vérifiait la suspension temporelle locale et l'immobilité persistante des forces de police quand il réalisa qu'il ignorait lui aussi totalement le nom comme l'adresse du ma-ri de la fahm, données relativement nécessaires pour ramener l'humaine dans un paradigme mémoriel connu et non anxiogène. Et ce putain d’eczéma qui lui brûlait la gueule. Il prit quelques secondes pour un flash de méditation ultra-profonde et émergea avec une idée essentielle plantée au cœur de son super-cerveau.

Les services techniques ne pouvaient, pour l'heure, gérer le cas Jair-Ohm mais le répondeur galactique promettait un interlocuteur dans les dix minutes, local time. La période de gel temporel achevé, les forces de police qui n'avaient manifestement pas compris l'urgence d'attendre, reprirent leur tache. Leurs capacités cognitives limitées les amenèrent à croire qu'un handicapé penché sur une femme nue et inconsciente n'appelait pas une distance critique particulière. Elles tombèrent avec une vigueur décomplexée sur Jair-Ohm qui tenta, avec toute la rigueur de son éducation, de régler pédagogiquement l'incident. Quelques policiers particulièrement obtus ne comprirent pas le message, les autres s'enfuirent dans un certain désordre. Jair-Ohm devinait le scanner galactique enregistrant la situation.

Le répondeur laissa enfin place au technicien. Avec un calme olympien, Jair-Ohm explicita la situation. Cependant, l'attardé à l'autre bout du fil s'évertua à manifester une réticence quasi pathologique à ses demandes, arguant d'une pagaille innommable dans les services pour cause de grève, ce qui lui interdisait de retrouver des éléments somme toute insignifiants au regard des problèmes qu'il avait à gérer, et dont un apprenti ne pouvait avoir idée.

Un bip. Un bug. La mentalerte signalait le réveil du mah-ri, mari et de la fahm, femme autorisée, dans une relative confusion augmentée d'un état de désorientation psycho-affectif avancé pour les deux habitants. La mentalerte avait capté les mots « divorce », « abrutie » et « je te ferai la peau un de ces jours, salope », tous éléments de langage pertinents pour diagnostiquer un conflit. Lequel conflit reposait évidemment sur l'absence d'intervention persistante de l'apprenti Jair-Ohm.

Jair-Ohm pesa les urgences avec l'extraordinaire puissance d'analyse que lui conférait sa nature supérieure. La femme, retombée dans une inconscience somme toute tranquille, ne posait aucune difficulté apparente. Il fallait juste la mettre à l'abri d'elle-même. D'un petit coup d'aile il pouvait l'éloigner des pressantes forces de police, mais la règle de fer le refusait. Il la transporta donc dans l'Opel Corsa et mit le cap sur l’hôtel. C'était un endroit qu'elle connaissait, ou du moins qu'elle reconnaîtrait peut-être si elle s'éveillait avant que Jair-Ohm ne revienne s'occuper de sa mémoire vacante.

La demeure des deux humains ressemblait comme un goutte d'eau aux autres pavillons du quartier. Par une fenêtre ouverte un filet de fumée s'échappait. Le super-héros en devenir poussa la porte et constata instantanément que quelques flammes sortaient de la chaudière. Jusque là rien de critique. Dans le salon, l'humaine échangeait avec l'humain en brandissant un objet tranchant modèle couteau de cuisine local, indiscutablement qualifié comme arme potentielle par le Codex galacticus. L'intervention devait être subtile et décisive. Jair-Ohm poussa un vase qui s'écrasa au sol. La femme se retourna vers le bruit et aperçut l'apprenti. Elle poussa un cri situé dans la fourchette dix à cent mille mégahertz. Décidément, ces humains semblait n'avoir aucune capacité de contrôle. Il s’apprêtait à interrompre fermement cette modulation sonore intempestive quand une voix derrière intima à tout le monde de se calmer, police. Se conformer aux coutumes locales, tel était l'obligation impérative des apprentis super-héros. Jair-Ohm s'immobilisa.

Une voiture avec une croix bleue peinte sur la carrosserie emporta les deux humains vers une destination inconnue. Jair-Ohm les regarda s'éloigner en supputant les lieux possibles où il pourrait retrouver les deux acteurs de sa mission. Les forces de police, manifestant un esprit de vengeance tout à fait typique des tendances régressives de l'espèce humaine, tentait de fracturer sa super-cervelle avec leurs bâtons noirs. Il était dans l'ordre du possible qu'il usent leurs objets primitifs, ce qui ne lui donnait pas franchement les clés pour faire tourner cette journée à son avantage.

Quelque part, une fahm dormait, ou peut-être s'éveillait dans la bienheureuse inconscience offerte par une cervelle délivrée des soucis quotidiens comme des nécessités du devoir et de la destinée. Jair-Ohm soupira en se grattant délicatement la joue, avant de s'allonger sur le lit ridiculement petit que l'administration pénitentiaire humaine lui avait fourni. Il calcula le nombre de barreau à la fenêtre de son appartement ainsi que le nombre jours de prison qui lui étaient alloués et passa en mode somnolence active, comme le prévoyait le Code dans les situation où un super-héros ne pouvait, pour des raisons conjoncturelles, faire appel à ses super capacités et s'extraire d'une situation bloquée.

Le Haut Conseil avait repris les éléments concernant la troisième période de l'élève Jair-Hom. Il fut décidé par consensus que sa journée vingt-trois du mois trois, année 2013, sur la planète Terre serait notée C+, compte tenu des défaillances techniques et des initiatives relativement désordonnées de l'apprenti. Un courriel galactique averti l'apprenti que les événements de ce jour, étaient effacés. Une certaine distorsion temporelle s'ensuivrait, naturellement. Le Haut Conseil ne s'interdisait pas la création d'une commission destinée à étudier les solutions aux impondérables liés au mode de vie d'autochtones peu avancés et aux interventions insuffisamment préparées d'agents galactiques néophytes.

Les services techniques protestèrent, comme d'habitude. Jair-Ohm se hasarda à grogner du fond de sa prison. Le Haut Conseil missionna un autre apprenti avec pour mission expresse de persuader les autorités terriennes que des événements qui n'avaient jamais eu lieu justifiaient indiscutablement l'incarcération prolongée de Jair-Ohm. Il devrait également convaincre l'agence Socrate que toute tentative de recherche de leur employé disparu n'était pas nécessaire et même peu souhaitable si Socrate souhaitait poursuivre en toute tranquillité son activité.

Averti de la décision, Jair-Ohm perça rapidement les ténèbres obscures recouvrant les machinations implicites fonctionnant derrière les apparences. Les séniles d'en haut avaient décidé de le punir sans classer officiellement la journée en négatif. Ce serait, pour eux, reconnaître l’innommable pagaille régnant dans les hautes sphères. Ces arrogants demeurés étaient bel et bien responsables du bug qui avait planté tout son travail et ça ils ne pourraient l'effacer. Un jour, ils paieraient ce lamentable manquement à leur devoir.

Il se rallongea sur son lit et souhaita intérieurement bonne chance à l'apprenti qui venaient recoller les morceaux. Sa dernière pensée, avant de se connecter en mode déconnecté, fut pour deux humains en proie à la transcendante humeur de la destinée et pour ces foutus crétins de gardiens qui lui avait fourni un oreiller en plastique tout à fait irritant pour la peau.


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