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Discographie sélective pour découvrir la muisque classique indienne (1)

Publié le 16 avril 2008 par Vincent

Il ne faut pas croire que tout se trouve en mp3.  Il y a de la musique qu'on ne trouve, plutôt  qu'on ne trouvait qu'en CD et qu'il faut bien chercher aujourd'hui pour trouver légalement en mp3 (illégalement vous avez peu de chances de trouver). Cela fait longtemps que je ne vous ai pas offert un billet d'une longueur conséquente. Comme ma thèse sur la philosophie gréco-arabe est (très) temporairement au point mort, que mes lectures de science-fiction se limitent aux recueils de nouvelles de Silverberg (qui m'ennuient quelque peu), que d'ailleurs je ne lis rien d'intéressant au point de vous en parler ici, je vais vous entretenir d'une de mes grandes passions: la musique indienne.

Petite anecdote pour commencer: une fois j'ai fait écouter à un novice de la musique classique indienne (depuis mon lecteur mp3), il m' a dit: tu écoute des trucs bouddhistes, toi ? No comment ... Voilà cependant qui en dit long sur l'état moyen des connaissances du français de base sur la musique indienne. Bien sûr, on connaît le nom de Ravi Shankar, on entend grosso modo le son d'un sitar, beaucoup moins d'un sarod, d'une vina. On connaît le terme raga et les choses s'arrêtent là. Musique trop longue (le alap - morceau introductif sans tabla avec un simple "bourdon" donné par une tanpura peut atteindre une heure), qui demande un effort auditif trop poussé (les notes sont données dispersés avant que très longtemps une amorce de mélodie puis un semblant de mélodie émerge d'une ligne mélodique volontairement lente) sans être intellectuel (pas besoin de réfléchir comme chez Bach si c'est le même motif une quarte ou quinte en dessous), voilà de quoi faire fuir bien des personnes habituées à une logique musicale tonale linéaire accidentée de quelques modulations (prévisibles quand on est bon musicien ou bon mélomane).

Je suis un grand passionné de musique indienne. Si j'habitais Paris, j'aurais déjà acheté un sitar et pris des cours (seulement j'habite Lille et là bas, à ma connaissance il n'y a rien, quant à Paris, je recherche toujours les bonnes adresses, si vous en avez n'hésitez pas à me laisser vos informations en commentaire, c'est un projet que je continue à entretenir). A défaut, j'écoute. Et voilà la discographie ultra sélective que je vous recommanderais vivement.

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C'est donc un CD qui n'est plus disponible à la vente à ma connaissance (sans doute peut-on le trouver d'occasion en le cherchant bien)  où l'on entend le joueur de sarod K. Sridhar (je vous mets en lien son site). Le alap est très lent, met petit à petit chaque élément sonore en place. Évitez d'écouter ce alap dans un bus bondé, il faut du silence pour entendre que le joueur utilise les notes ainsi que la résonance des notes qui poursuit dans le presque silence la mélodie (on a l'impression de suivre visuellement une bulle de savon qui se forme puis s'envole - l'image n'est pas terrible et traduire la musique par des images de toute façon donne rarement des bonnes choses si ce n'est des platitudes, mais je n'ai rien trouvé de mieux pour essayer de faire passer ce que j'ai entendu dans ce alap: des notes qui apparaissent, s'envolent jusqu'à ce qu'on ait renoncé à chercher quelque chose si ce n'est se laisser porter par la musique). Le début est magnifique dès l'instant où on a réussi à accrocher et on en ressort transfiguré. Je n'ai jamais entendu l'équivalent ailleurs.

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Toujours l'Inde du Nord, un coffret avec deux CD(s) qu'on trouve je crois encore à la vente: Voyage intérieur, Sheila Dhar (Ocora, Harmonia Mundi). C'est une chanteuse envoûtante et là aussi j'écoute surtout le alap qui se trouve sur le premier CD. Elle n'est pas accompagnée de ce fameux harmonium (avec lequel j'ai un peu de mal, ça ne me dérange pas dans les musiques rythmées du Pakistan - le Qawwali, mais je préfère nettement l'accompagnement au sarangi ou sans rien d'autre que le bourdon du Tanpûra qu'à l'harmonium)  qui fait perdre (avis purement subjectif) beaucoup de subtilités. Le titre donné par Ocora au double CD de Voyage intérieur convient très bien à ce qu'on va attendre. c'est un grand poncif que la muisque permet de s'évader, de voyager. Cela m'a toujours fait sourire : quitte à voyager, il y a mieux que la musique, non ? A commencer par le voyage lui-même ! Sauf que la musique indienne, c'est une sorte de décentrement par rapport à ce que l'on est à tel instant (avec ses soucis, la quotidienneté comme dirait Heidegger) pour atteindre un autre état du moi qui nous délivre de nos soucis. Le moi est plus vaste que ce que l'on croit - voilà ce qu'en un certain sens (et beaucoup de guillemets),  nous démontre la musique indienne. Et du coup la notion de voyage intérieur prend tout son sens. Toujours est-il que pour en revenir à Sheila Dhar, c'est apaisant, ça nous réconcilie avec tout. C'est à écouter.

La suite prochainement.


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