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Hannibal [Pilot]

Publié le 13 avril 2013 par Lulla

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Apéritif (Pilot) // 4 360 000 tlsp.

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What About ?

La relation étrange entre le célèbre psychiatre Hannibal Lecter et son patient, un jeune profiler du FBI nommé Will Graham, torturé par sa fascination dévorante pour les serial killers...

Who's Who ?

Créé par Bryan Fuller (Dead Like Me, Wonderfalls, Pushing Daisies). Réalisé par David Slade (Awake, Twilight 3, 30 Jours de Nuit). D'après l'oeuvre de Thomas Harris. Avec Mads Mikkeslsen (Casino Royale, La Chasse, Royal Affair), Hugh Dancy (The Big C, Adam, Oh My God!, Le Roi Arthur), Laurence Fisbhurne (Matrix, Apocalypse Now, Les Experts), Caroline Dhavernas (Wonderfalls, Off The Map), Hetienne Park, Scott Thompson...

So What ?

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    J'avais peur que The Following, Bates Motel et Hannibal se neutralisent à cause de leurs thèmes proches et de leurs arrivées successives à l'antenne. Ce n'est pas le cas car elles sont toutes les trois très différentes et offrent des sensations diversifiées, pour ne pas dire opposées. Les frissons sont dans tous les cas garantis. A l'efficacité implacable et l'improbabilité savoureuse de The Following se superpose la folie silencieuse, rampante et fascinante de Bates Motel. Hannibal est plus classique dans son approche, avec un format procedural plus prononcé, mais elle parvient dans le pilote, et j'espère par la suite, à s'en détacher pour offrir beaucoup, beaucoup plus que cela. 

   Ce qui saute aux yeux, outre les giclées de sang stylisées à outrance qui m'ont fait malheureusement penser à celles de Spartacus, c'est le goût immodéré de Bryan Fuller pour les atmosphères singulières. Il a troqué sa palette de couleurs criades abondamment utilisée dans Pushing Daisies ou Wonderfalls pour une pâleur hivernale, glaçante, surmontée d'un ciel gris et lourd, percé par instant par un timide rayon de soleil. Il prouve ainsi que la sobriété peut aussi faire partie de son univers, mais une sobriété travaillée, pensée, nourrie. Les séquences les plus chaleureuses sont paradoxalement celles où les actes les plus horribles sont commis... ou celles où Hannibal Lecter se délecte de ses mets infâmes. C'est en réalité assez logique. La vie jaillit une dernière fois avant que la mort ne prenne sa place. Dans la tête du héros, Will Graham -car ne nous y trompons pas, la série s'appelle Hannibal uniquement pour des raisons marketing évidentes- c'est un capharnaüm où les émotions s'entassent comme des objets dans un grenier, jusqu'à ce que la pièce ne déborde. Son don d'empathie est tel qu'il peut ressentir la douleur vécue par le corps qui gît à ses pieds jusqu'à la nausée. Le principe de ces scènes où il revit le meurtre est astucieux et parfaitement mis en scène par le réalisateur David Slade, qui avait déjà fait des merveilles sur le pilote d'Awake. D'ailleurs, ce premier épisode de Hannibal m'a procuré à peu près les mêmes sensations, dans le positif comme dans le négatif. L'ensemble impressionne de virtuosité mais a tendance à laisser, parfois, un peu froid. Et ce malgré tout le mal que se donnent les acteurs. Je dois dire que je n'avais jamais autant aimé Hugh Dancy que pendant ces 42 minutes. Et pourtant, je vous assure que je l'aime. Il m'en a tiré des larmes dans The Big C... Il est ici impeccable. Il retranscrit sans aucune fausse note le trouble de son personnage, de ses doutes à ses débordements. Fishburne est égal à lui-même. Ce n'est pas un acteur dont le jeu me parle, mais il fait le job. Quant aux autres, on les voit trop peu pour se faire un véritable avis. Mais je suis heureux de retrouver Caroline Dhavernas, qui plus est dans un rôle différent de ceux qu'elle a tenu avant.

    Venons-en à Hannibal, donc. On est à la base tous là pour lui. Le scénariste l'a bien compris et nous fait patienter longuement avant sa première apparition, laquelle est très classieuse d'ailleurs, mais décevante quelque part puisque trop facile. Il festoie. On s'attendait un peu à ça (ou alors ce sont les photos promotionnelles qui nous ont conditionné, je ne sais pas...). Mads Mikkelsen semblait le choix parfait sur le papiet et il l'est aussi à l'écran (si ce n'est que je comprends rien quand il parle en anglais). Je n'ai pas regretté un seul instant Anthony Hopkins. Je n'ai pas eu la sensation que quelque chose clochait, que ce n'était pas le "vrai" Lecter devant moi. Sa prestation toute en subtilité et en sourire discret installe une connivence entre le téléspectateur et le personnage. Nous savons tous qui il est. Il sait que nous savons. Et il a bien l'intention de ne pas nous dévoiler ses plans d'emblée. Il joue avec nos nerfs, avant de jouer avec ceux de Will et de l'ensemble de la police du coin. Il fait ses coups en douce. C'est une approche bien plus intéressante à ce stade jusqu'à l'inéluctable révélation qui aura lieu dans un, deux, six, douze, vongt ou cinquante épisodes. J'ai peur de ce que va devenir la série dans les épisodes suivants. J'ai peur que les enquêtes prennent le pas sur le reste. J'aurais tendance à faire confiance à Bryan Fuller, mais j'ai quand même peur de m'ennuyer, comme devant Awake justement. 

   Hannibal offre à la "série de serial killer" si tendance en ce moment une autre dimension, plus complexe, plus riche psychologiquement, plus perverse aussi et certainement plus chargée en hémoglobine. Pour le moment, elle est une beauté froide, qui s'apprivoise et se dompte. La monstruosité qui se lie dans le regard de Lecter est comme une promesse qu'il faudra tenir, au risque de nous perdre.

What Chance ?

Comme si NBC n'avait pas voulu que Hannibal marche, elle a choisi de la diffuser dans une case morte, après les comédies flopesques du jeudi, à 22h. Elle aurait pourtant pu utiliser la plateforme de The Voice, au moins pour le lancement mais elle a préféré privilégier une télé-réalité de dating (qui a fait un flop aussi)... L'autre solution aurait été de la proposer en duo avec Grimm le vendredi soir (puisqu'elle n'a pas voulu le faire avec Mockingbird Lane, pourtant si compatible). Les exigences d'audience auraient été moindres. Alors impossible de savoir quel destin attend la série sur la chaîne (quel sera son seuil de tolérance), mais il paraît sombre. Quand on propose une série très "câblée" dans l'esprit, il faut s'attendre à des audiences de chaînes du câble...

How ? 


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