On dirait bien que mon souhait de juillet 2012 est en train de se réaliser. A ce moment, j’ai fait le rêve éveillé que les nations s’étaient concertées pour lutter farouchement contre les paradis fiscaux, ces armes de destructions massives de nos infrastructures collectives.
Depuis 6 mois, pas un jour ne passe sans que la pression ne s’accentue. Bien avant les fuites orchestrées par le nébuleux consortium de journalistes d’enquêtes, nous étions témoins de dénonciations ou d’indignations publiques. Mais maintenant on a mieux. Des aveux, des documents, des changements de lois et l’idéal: une pression populaire qui refuse les faux-fuyants politiques.
Les États-Unis traquent les banquiers suisses ou britanniques. Les Allemands payent le gros prix pour des données informatiques. La France réfute le classement complaisant de l’OCDE et créé SA liste des paradis fiscaux. Imitant ses voisins du Sud, voilà que le Canada offre des primes aux délateurs.
On a maintenant un cocktail explosif qui peut foutre un joyeux bordel aux Caïmans, aux Bahamas, en Suisse, à Antigua, aux Bermudes, aux îles Cook, au Libéria, au Bahreïn, au Panama, en Malaysie, aux îles Vierges, à Singapour… Les travailleurs et complices de virements suspects doivent réfléchir et vite.
Ou bien ils estiment que rien ne changera et qu’ils sont en sécurité pour encore des décennies ou un doute tenace les assaille et il faudrait mieux qu’il songent à se sauver les fesses. À la place d’un avocat d’affaires, consultant fiscal ou banquier complice, je choisirais la deuxième option. Pensez-y, vous avez aidé des centaines de riches clients à frauder leurs pays et contribué à appauvrir leurs concitoyens. Vous pouvez perdre votre emploi d’un jour à l’autre OU alléger votre conscience et finir vos jours à l’abri du besoin financier!
Les fonctionnaires, gestionnaires de portefeuilles et banquiers établis ou ayant des liens étroits avec des paradis fiscaux peuvent empocher des dizaines de millions de dollars en fournissant aux autorités fiscales des pays lésés des données ou preuves sur les magouilles de leurs clients. Et si on lançait des campagnes de publicité agressive encourageant la délation dans les paradis fiscaux? Je suis certain que des gens là-bas sont prêts à vendre de gros secrets aux plus offrants.