Cette semaine, décès de Zao Wu Ki, le peintre franco-chinois. Il passe la première partie de sa vie à se libérer de l'inspiration chinoise (passer de l'encre à la peinture) pour revenir à l'encre et l'aquarelle dans la deuxième partie. Vous avez certainement vu de ses œuvres dans des musées ou des revues. C'est bien sûr abstrait, mais merveilleusement poétique. On l'a rangé dans l’abstraction lyrique, il a en fait inventé l'abstraction onirique. Surtout, transcontinental, il a préfiguré l'émergence. Il y a aura très certainement une rétrospective dans les prochains mois. Nous en reparlerons. (voir nécrologie du Monde).
Les mélanges de la semaine apportent leur lot habituel de bric-à-brac où vous pouvez piocher... Bonne lecture.
Idées, news et bric-à-brac
Le buzz sur la DCRI a été lancé vendredi dernier. Les services de l’État n'ont pas répondu directement, on envoyé un syndicaliste au carton (comme d'hab avec l'intérieur), et cela paraît le mercredi. Cinq jours pour réagir ? vous avez dit cinq jours ? Non seulement ils sont mauvais en web, mais même en com. C'est sûr, ce n'est pas comme les "bavures" où dans l'heure, un "syndicaliste" vient expliquer aux radios que "le collègue a fait ceci cela". Syndicaliste, pas porte-parole, non, non. Ben là, c'était pas comme d'habitude ! Fin du billet marrante (oui, enfin, vous m'avez compris) "on est en guerre", donc pas surprenant que les autorités US nous balancent une peau de banane... Ah oui, Wikipéida c'est libre. Pas instrumentalisé. Pas du tout. C'est pas comme les méchants Chinois qui censurent, eux... Bon, et du coup, le sous-officier fait l'objet d'une enquête... Somme toute, celle-ci est une procédure normale, il n'y a pas lieu de s'en choquer.
Agacé par cet adjectif "volontariste" qu'on voit au détour de tous les rapports parlementaires et déclarations politiques. Je rappelle que l'adjectif, c'est "volontaire" qui a donné lieu à "volontarisme".
Theatrum belli lance une campagne de dons : 50 centimes par mois pour assurer son développement.
Aujourd’hui, 13 avril, anniversaire de l'édit de Nantes. Un correspondant sur Facebook (AMG) le décrit ainsi : "1598: signature de l'édit de Nantes par notre roi Henri IV. Il autorise le culte protestant dans des villes le pratiquant avant 1597 et, dans certains châteaux. Mais il fonde aussi la Religion d’État dont le souverain est le pivot, l'absolutisme. Enfin, il met un terme aux guerres de religion". Je commente sous son post : "Intéressant, le deuxième point : car les traités de Westphalie (1648) ont été une sorte de réplique, avec des États qui ne mentionnaient aucun principe religieux.... Cf aussi la paix D'ausbourg (1555), et le cujus regio ejus religio". Allons plus loin : l'édit de Nantes serait l'étape entre Augsbourg et Westphalie....
Raymond Boudon est mort... C'est l'anti Bourdieu. Ça me rappelle les cours de Bourlange, autrefois, qui nous faisait découvrir l'autre sociologue, celui qui n'était pas en cour... A l'époque, on disait l'un de droite et l'autre de gauche, une sorte de lutte Sartre-Aron en sociologie. C'est un peu plus compliqué. Et l'individualisme méthodologique, qui serait l’apport de Boudon, présente quand même des limites : dire que l'individu n'est pas influencé par des déterminants collectifs me semble aller bien loin. Le géopolitologue a du mal à acquiescer !
On rappelle le niveau de dette chinoise: 240 % du Pib.... dont seulement 60% pour l'état et un petit 30 pour les ménages....
Intéressant billet de Benoist Bihan sur la notion de masse. L'alternative qualité quantité demeure toujours cruciale. Or, la guerre occidentale a toujours souhaité compenser sa relative infériorité numérique par une supériorité technologique. Le primat technologique est dans les gênes occidentaux, me semble-t-il. Quant au concept de masse distribuée que propose Benoist, il me rappelle deux choses : la pratique du contrôle de zone que je pratiquais tout petit comme lieutenant de cavalerie, lorsqu'il s'agissait de "contrôler" un territoire avec forcément insuffisamment de moyens. Il s'agissait donc de coordonner des points fixes et des patrouilles très mobiles, avec une "réserve" permettant de se porter au point clef en cas d'urgence. Ce qui renvoie aux développements de la manœuvre vectorielle, dont on entendait parler à la fin des années 1990, ou au combat foudroyant qu'exposait initialement Desportes, si je me souviens bien. L'idée est toujours la même : compenser une certaine infériorité numérique par une capacité de concentrer rapidement des forces afin d'obtenir localement l'avantage. C'est possible grâce à la bonne combinaison de la précision des capteurs, et de l'efficacité (puissance et vitesse) de la riposte. Bref, la masse distribuée nécessite de la technologie, AMHA.
Le choc géopolitique de la semaine
La Serbie refuse de transiger sur le Kosovo. On la disait proche de l'accord. Certains mentionnent un regain d'influence russe. Et si tout simplement, il ne s'agissait pas d'une baisse d'attrait européen ? A la fin des années 1990, il y avait deux élargissements : celui de l’Alliance atlantique, motivé par la sécurité; celui de l'UE, motivé par l'enrichissement. La Serbie n'a pas besoin du premier (je doute qu'elle adhère à l'alliance qui a bombardé sa capitale), elle était tentée par le second. L'état actuel de l'UE 'ne convainc plus vraiment. Autrement dit encore, le soft power de l'UE s'évanouit, alors qu'il constituait son pari stratégique et la raison de son abstention de hard power. Le roi serait-il nu ?
sourceArticles
- “Les médias sociaux à l’heure des identités numériques : quels enjeux pour la recherche scientifique ?” Texte intéressant car au-delà de la question de la recherche scientifique, il pose la question de l'identité numérique.
- Le Pakistan teste des missiles : on ne lui fait pas les gros yeux, à lui ?
- L'armée aurait précipité la chute de Jérôme Cahuzac. Je ne sais pas si c'est vrai, mais si ceux qui nous gouvernent le croient, peut-être peut-on espérer que le budget de la défense sera préservé. Et au lieu de jouer au gros sérieux qui dit "foutaises" (non, je ne fais allusion à personne, et certainement pas au gardien du temple journalistique de défense), si on y voyait plutôt une bonne manœuvre d'influence ? Peu importe que ce soit vrai, l'important est qu'on puisse le croire. Renforcer l'incertitude.... Cela étant, là est le vrai doute : y a-t-il à la Défense des gars assez matois pour opérer ce genre de trucs ?
- Ce serait l'une des décisions phares du LB : Cybersécurité : électrochoc en vue pour les entreprises
- So, the build-up in debt we have seen since the crisis is very rare. Usually you get that kind of build-up when there is a war. C'est M Rheinart qui le dit. La dette, c'est la guerre ?
Parutions
- Sénat : PROPOSITION DE RÉSOLUTION EUROPÉENNE sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil concernant des mesures destinées à assurer un niveau élevé commun de sécurité des réseaux et de l’information dans l’Union , dont cette commission s’est saisie, et sur la stratégie européenne de cybersécurité. Par J Berthou et JM Bockel
- Le supplément du Monde de la semaine dernière sur "Codage et cryptographie" est passionnant. J'ai eu un peu peur en achetant un livre de "mathématiques", mais pour dix euros, le sujet valait le détour. Et effectivement, le résultat est très intéressant, avec plein d'illustrations et un déroulement bien pédagogique. les quelques équations (il y en a quand même) sont mises là pour satisfaire les vrais mathématiciens. Mais pour le reste, très bon ouvrage de vulgarisation : et le vulgum pecus que je suis en est fort satisfait. Surtout, il permet de comprendre bien des choses utiles pour appréhender le cyberespace. Derrière le "codage" en un et en zéro se dévoilent de nombreuses possibilités de "cacher" (crypter). Ce qui vient confirmer deux choses : le cyber est opaque. Et l'information n'est pas une "donnée neutre", elle est centrale pour comprendre le cyber.
- cela étant, Monsieur Le Monde, plutôt que de nous mettre en avant M. Villani (que je respecte, par ailleurs), si on en apprenait plus sur l'auteur, Joan Gomez ? Ah oui, la série est espagnole et vous n'avez fait que la traduire ? du packaging, comme dans une banale opération commerciale ? et vous passez l'auteur sous silence ? ce doit être déontologique, je pense !
Événements
18 avril A l’occasion de son Assemblée générale annuelle, la Société de Stratégie, présidée par le général Eric de la Maisonneuve, vous invite à une conférence donnée par Hervé Juvin : D’une crise à l’autre ; vers un nouvel ordre mondial ? A l’amphi Louis de l’Ecole Militaire Le 18 avril 2013, à 18h30. Inscription
18 avril Madame Frédérick Douzet, Titulaire de la Chaire Castex de Cyberstratégie Directrice adjointe de l’Institut Français de Géopolitique – Paris 8 vous convie à une demi-journée d'étude "Les représentations du cyberespace : quelles conséquences stratégiques ?" Le 18 avril 2013 à 14h00 Salle des Commissions de l’amphithéâtre Foch Ecole Militaire – Paris (dans la limite des places disponibles). Cette demi-journée d'étude sera suivie d'une conférence de: Monsieur David E. Sanger Journaliste au New York Times, correspondant en chef à la Maison Blanche Le 18 avril 2013 à 18h00 Amphithéâtre Foch École Militaire – Paris (une traduction simultanée sera assurée). Les personnes souhaitant participer à la journée d’étude et/ou à la conférence sont priées de répondre par mail avant le 16 avril 2013 à :
24 et 25 avril Les 5E Rencontres Parlementaires de la Défense - 24 et 25 avril 2013 - Les grands enjeux de la Défense. Tables rondes sur : Le rôle économique des industries de Défense - Le maintien en condition opérationnelle (MCO) - Capacités et Europe de la Défense - Les exportations de Défense - Sécurité des territoires - Financements et Modernisation de l'action publique - R&D / R&T et préservation des savoir-faire - L'externalisation - Quelle politique industrielle de souveraineté pour la cybersécurité française ? Inscriptions sur le site.
30 mai et 1er juin La SFI organise un colloque "Internet et le droit international". Étant le premier colloque généraliste sur le thème d'Internet et du droit international en France, ce colloque a pour objectif de développer un nouveau champ disciplinaire dans la recherche en droit international. La construction d’un système de communication qui souhaitait s’affranchir des frontières étatiques a-t-elle constitué une atteinte à la souveraineté de l’Etat ? La place de l’Etat dans la formation et l’application du droit international s’est-elle trouvée modifiée ? Peut-on dire que l’innovation technologique que constitue Internet provoque aujourd’hui une révolution du droit international ?
O. Kempf