Magazine Cyclisme

Dans la Seine jusqu'au cou

Publié le 02 juin 2007 par Philostrate
Ce dimanche, à l'occasion du Triathlon de Paris, les nageurs font leur grand retour dans la Seine. Désertées depuis plus de dix ans, les eaux du fleuve, interdites à la baignade depuis 1923, vont donc à nouveau s'agiter entre la passerelle de l'Avre et le pont de Suresnes au rythme de quelque 600 valeureux athlètes, dont la santé a semblé ces derniers jours inquiéter les âmes sensibles. Comment, ces jeunes gens vont plonger dans la Seine, braver les rats, les silures, les microbes et autres reliefs flottants du quotidien de dix millions de Franciliens sans faire l'objet d'une campagne de vaccination massive ou, pour ceux qui y survivront, de mise en quarantaine ? D'aucuns parlent déjà de mutations génétiques et craignent de voir à l'avenir d'étranges créatures aquatiques menacer sur les berges les paisibles promenades des Yorkshires neuilléens…    Polluée la Seine dites-vous ? Certainement moins qu'il y a un siècle, où l'on était guère regardants sur la qualité des eaux déjà sévèrement troublées par l'industrialisation, dont les rejets prennent alors bien souvent directement le chemin du fleuve. Cela n'empêche pas les sportifs en quête d'ébats aquatiques d'y plonger tête la première et sans combinaison s'il vous plaît ! En 1900, Sequana, déesse tutélaire du fleuve, a même droit aux honneurs de l'Olympe. Le 11 août à 11h30 à Asnières, les quarante-sept participants du concours de natation olympique y disputent une course de 1000m, remportée par l'Anglais John Jarvis, sans même que l'on juge bon d'interrompre le trafic fluvial. Les traversées de Paris à la nage font alors partie du folklore estival et les quais sont même noirs de monde le 16 septembre 1905 pour voir huit concurrents relever le défi de 12 kilomètres qui leur est proposé par le quotidien L'Auto entre le pont National et le viaduc d'Auteuil. Vainqueur, le Parisien Paulus n'a rien d'un surhomme, mais, nous dit L'Illustration, est "un notable commerçant, âgé de quarante-quatre ans, père de quatre enfants, dont la célébrité relative commença aux bains Deligny en 1885…"    N'en déplaise aux triathlètes téméraires et à notre impayable Jacques Chirac, plus habile à noyer le poisson qu'à tenir ses promesses de plongées fluviales, barboter dans la Seine ne tient donc pas à proprement parler de l'exploit. On ne leur conseille pas de boire la tasse, mais les progrès de l'assainissement et les normes toujours plus draconiennes en matière de traitement et de rejet des eaux usées devraient permettre aux membres de cette caravane aquatique de fendre sans souci une onde, dont la pureté n'aurait sans doute pas inquiété leurs arrière-grands-parents. Mais les rats dans tout ça me direz-vous ? De ce côté-là, aucune crainte. Le dimanche matin, ces braves rongeurs ont autre chose à faire qu'à aller folâtrer au milieu du fleuve parmi un troupeau de bonshommes déguisés en otaries. Et puis si les "gaspards", comme les surnommaient les Poilus, appartenaient à "la France qui se lève tôt", ça se saurait…

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Philostrate 187 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines