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Pourquoi l'art contemporain nous explique Lili-oto

Publié le 15 avril 2013 par Lilioto

Pourquoi l'utilisation systématique pour la création contemporaine dans les arts plastiques de ce registre « art contemporain » dans le marché de l'art, dans les institutions publiques en France, dans la presse, dans les revues d'art, dans le discours culturel et politique en France ?
Comme je l'ai expliqué : cet intitulé « art contemporain »  pour parler de l'actualité de la création contemporaine dans les arts plastiques malgré les mensonges d'historiens d'art et des dirigeants de nos institutions, des conservateurs des musées d'art contemporain, des directeurs de Frac, des responsables du Cnap était déjà utilisé au 19e siècle dans la revue l'artiste à partir de 1867, et même certainement auparavant. L'art contemporain était l'actualité de la création contemporaine dans sa globalité (beaux-arts, danse, poésie, littérature, architecture, musique...) écrite au présent, tout simplement.
Alors pourquoi faire croire que « l'art contemporain » en France ne relèverait que de la pratique des arts plastiques, selon des critères flous avec une esthétique ciblée, des artistes ciblés mais dont personne n'est capable d'apporter un descriptif exact, précis et détaillé ? Un cahier de charge imposé à la communauté artistique avec des exigences et des contraintes non répertoriées et dont l’auteur ou le commanditaire nous est totalement inconnu. Un cahier de charge tombé du ciel !
Il faut remonter aux années 50 - 60 et 70, avec les avant-gardes artistiques pour comprendre les enjeux culturels et surtout politiques, et l’apparition de ce concept flou qui fait autorité sur tout un secteur d’une activité artistique depuis les années 80. Pendant ces trois décennies, la création contemporaine et les artistes échappaient au pouvoir politique. Les artistes durant ces trois décennies dans ces avant-gardes étaient plutôt politiquement révolutionnaires (comme le furent des artistes du mouvement Dada, du mouvement surréaliste ou certains artistes de la Nouvelle Objectivité, etc.), des artistes qui échappaient totalement au contrôle des élus, des partis politiques classiques de droite comme de gauche et des artistes et qui n'étaient pas sous la tutelle de l'administration culturelle en France. Après 1968, Pompidou décida de remettre de l'ordre dans la maison culturelle de la France, et notamment avec l’exposition de 1972 organisée par ses soins mais boycottée par un grand nombre d'artistes. Le vernissage de cette exposition fut explosif, des artistes étaient venus contestés devant la porte du Grand Palais le bienfondé de cette exposition d'état. Des artistes plasticiens au slogan : " Expo 72 : des artistes au service du capital " du F.A.P (Front des Artistes Plasticiens) furent chargés par les CRS et frappés à grands coups de matraque. L'exposition s'intitulait abusivement : « 72/72, 12 ans d’art contemporain », face à la violence policière des artistes exposés pour contester retournèrent leurs tableaux dans l'exposition, et pour toute réponse pendant le vernissage, le groupe des Malassis décrocha leurs œuvres des murs.
Les années 70 sous Georges Pompidou, c'est aussi la naissance du CNAC de Beaubourg (Centre national d’art et de culture inauguré en 1977), la volonté d'enrayer la contestation, l'indépendance, la liberté de ton et d'expression des artistes plasticiens dans les arts plastiques après 1968 et non d'enrayé le déclin de la France sur la scène internationale de sa propre création contemporaine comme la propagande culturelle et politique française veut bien nous le faire croire. N'oubliez jamais la participation de l'école de Beaux-Arts de Paris à la contestation des étudiants en 68, et surtout l'association d'étudiants et d'artistes dans l'organisation de cette contestation.
L'exposition Pompidou « 72/72, 12 ans d’art contemporain » était couteuse, l'équivalent de deux années d'acquisition d'œuvres contemporaines dans les musées nationaux. Une exposition programmée après que des artistes peintres et sculpteurs furent expulser de leurs lieux de travail et de création à la cité des fleurs, des expulsions des noyaux d'artistes à Montparnasse, la course déjà des artistes à la recherche d'ateliers de plus en plus rares en raison de la spéculation immobilière.
Pourtant, par exemple : le 13e Festival international d'art contemporain de Royan en 1976 réunissait encore chanteurs, musiciens, jongleurs, donc en 1976 : l'art contemporain dans la pensée collective de la presse, des journalistes relevait encore de l'actualité de la globalité des expressions artistiques.
C'est bien dans les années 80, sous Mitterrand et Jack Lang, que l'art contemporain va se segmenter et devenir l'objet uniquement d'un seul registre : la création contemporaine dans les arts plastiques. On a l'habitude de nous vanter la politique de gauche de ces années 80 en faveur des arts plastiques, alors que Jack Lang a en réalité continué et amplifié la politique de Georges Pompidou, l'approche libérale de l'art qui n'a rien à voir avec une politique culturelle de gauche. La mise sous tutelle par l'administration culturelle de la création contemporaine dans les arts plastiques, de ses auteurs a été son unique obsession politique et culturelle, le pouvoir sur les artistes, un regard régalien sur la culture. Le registre « art contemporain » s'est officialisé en désignant les institutions de ce qualificatif, un concept flou qui a permis de diviser la communauté artistique, labellisant officiellement certains artistes au détriment des autres. Jack Lang n'a pas offert le pouvoir aux artistes. Les Frac (Fonds régional d'art contemporain) originaires des recommandations de l'UNESCO signées en 1980 sous Giscard d'Estaing demandaient aux régions de constituer des collections contemporaines au sein de leur patrimoine et pas de diviser et d'exclure la communauté artistique, les Drac (petite préfecture de la culture sous tutelle du gouvernement), musées d'art contemporain n'ont pas été placés sous la tutelle des artistes, ils n'ont même pas été concertés pour leur demander leur opinion. Toutes ces directions institutionnelles ont été offertes à des personnalités formées en grande partie en histoire de l'art. Comprenez-vous les Beaux-Arts et les artistes étaient en 68 des contestataires, les facultés d'histoire de l'art comme les facultés de droit comme celles qu’avait fréquenté Jack Lang étaient politiquement de droite, conservateurs, du côté du pouvoir en place, celui du général De Gaulle et surtout celui de la 5e république constituant une monarchie élective.

La segmentation de l'art n'a jamais cessé de s'exemplifier depuis les années 70, dans les écoles des Beaux Arts sous Giscard d'Estaing puis sous Mitterrand. J'ai été personnellement opposé et j'ai participé activement à la grève générale des écoles d'art lancée par les étudiants de l’école des Beaux-Arts de Mâcon en 1979 en France contre la subdivision des écoles d'art en 3 départements professionnalisés ; art, environnement et communication.

Le concept flou « art contemporain » a servi à ce concept faux de « mondialisation » qui n’est que la globalisation véreuse et mafieuse du crime financier organisé à l’échelle de la planète. L’intitulé « art contemporain » détourné de son sens réel a permis de cadenasser nos libertés d’expression, culturelles et artistiques. « Art contemporain », un concept flou, dont le sens n’est pas polysémique (plusieurs sens) mais dont le sens est non élaboré, flottant, afin d’instrumentaliser les artistes et le public, malléable afin d’édicter au plus grand nombre ses propres volontés sans avoir à les énoncer. Et énoncer quoi ? Une régression intellectuelle et une régression culturelle qui s’inscrivent dans cette globalisation véreuse s’affirmant par toutes ses prédations financières dans des régressions sociales et économiques. Le concept flou d’art contemporain et la destruction de son véritable sens ont été inventés pour déposséder l’artiste de la maitrise sur sa propre création artistique. S’ils avaient utilisé le terme de création contemporaine, les manipulateurs et les décideurs s’excluaient inévitablement du processus de la création artistique et ils ne pouvaient pas se glisser dans cet espace si étroit entre l’artiste et son œuvre. S’ils avaient utilisé le terme de création contemporaine au lieu d’art contemporain, ces manipulateurs n’auraient pas su justifier leur intrusion dans ce processus de création aux yeux des artistes et du public. Ils auraient affiché publiquement leurs sales intentions, comme sous le dogme de la religion ou comme sous tous les pouvoirs autoritaires. Nous avons assisté depuis 30 ans à une dilution du sens et à l’effondrement des mots : le sort des mots, le sort du sens dans notre société et dans notre civilisation a été un instrument fondamental comme sous le nazisme à l’édification sournoise de ce monde barbare dans lequel une petite minorité de prédateurs veulent plonger nos populations. Déstabiliser pour mieux régner !

L'exclusion sociale et artistique des artistes n'a cessé de croitre sur tout le territoire français depuis 35 ans, et aujourd'hui la situation est insoutenable et invivable pour notre activité artistique mais aussi notre quotidien. La mainmise des élus sur la création contemporaine et son devenir, sur la distribution des aides publiques aux artistes par l'intermédiaire de leurs sbires aux ordres et le renforcement de l'opacité des sélections d'artistes dans les expositions publiques avec l'argent du contribuable sont bien la preuve de quarante années d'une politique culturelle coercitive, corrosive à l'encontre de la communauté artistique et des artistes plasticiens créateurs auteurs.

Un environnement politique malsain et puant s'est instauré en France où les expositions publiques sous la tutelle de commissaires d'exposition (petits flics de l'art) au nom du service public, je dis nien au nom du service public décident scandaleusement de thématiques imposées aux artistes qui nous rappellent les pratiques culturelles du gouvernement de Vichy et de leurs collabos Pétain et Laval avec leur révolution nationale fasciste même si le registre politique aujourd'hui n'est plus le même qu'en 1942 sous l'occupation. La régression du rôle de l'artiste dans la société, aujourd'hui identifié et répertorié comme un simple auto entrepreneur est devenu un simple travailleur artisan obéissant uniquement aux ordres des intérêts publics des gouvernants et aux services des intérêts privés des industriels et des financiers. Certains artistes le revendiquent, artistes du néo pop face à leurs collectionneurs, artistes dit institutionnalisés face aux dirigeants des musées d’art contemporain, face aux élus. Moi, je les appelle des « lumpenartist », un statut proche des corporations d’artisans peintres ou d’artisans sculpteurs au moyen-âge, des arts dits mécaniques, quelle régression !

Les espaces publics d'exposition en France sont soumis à l'opacité des sélections d'artistes, de gestion et de la censure. Il faut la censure pour imposer une telle régression culturelle et politique : censure de la critique fruit de l’artiste au regard de cet environnement puant, censure sur d’éventuelles controverses d'artistes visant ce système culturel véreux, affairiste, régressif et visant les conflits d'intérêts, les magouilles. L’esprit critique est totalement prohibé, interdit dans les expositions publiques si elle pointe la junte administrative et les élus qui dirigent ces institutions, une règle imposée commune à toute forme de régime politique autoritaire.

Notre activité artistique est le poumon des libertés en France comme celui de la presse, son verrouillage est la marque d'un mal être dans notre civilisation, la marque d'une classe politique déviante marquée de plus en plus par de sales affaires, la preuve d'une gouvernance politique déclinante, d'une société sans lendemain. L'équité, la justice sociale ont été balayées par le crime organisé, une mafia de la finance qui assassine nos sociétés.    
Lili-oto artiste plasticien

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