17 avril 2013
Je sens monter inexorablement une vague d’incompréhension … Trop de messages assaillent nos concitoyens pour qu’il s’y retrouvent : ils n’ont pas toujours l’outillage pour les décrypter.
Hier, c’était une bousculade d’informations : je cite pour mémoire les explosions du marathon de Boston (3 morts pour l’instant) et dans la foulée le rappel de la tuerie de Wako, puis de l’attentat contre l’immeuble du FBI d’Oklahoma City (160 morts), la confession calibrée au petit poil de Jérôme Cahuzac (avec presque l’auréole du martyr repentant), l’ouverture du procès des prothèses PIP trafiquées, la poursuite du process législatif d’adoption de la loi sur le mariage pour tous, la fin de l’illusion chez les salariés de Petroplus. Des horreurs pures, des désastres économiques programmés, des aberrations morales et politiques, une escroquerie à la chair humaine, une avancée de société mal digérée. Je ne parle pas des suites du scandale de la viande de cheval ! Et ce matin, j'écoute le Président de l'Assemblée nationale qui, implicitement, se porte candidat à une fonction plus élevée après s'être explicitement prononcé contre une décision gouvernementale. Allo ? On est où, là ?
Comment voulez-vous que la majorité de la population comprenne ce qui se passe ? Comment faire pour qu’au mieux, elle ne se recroqueville pas dans un silence amer, une abstention haineuse pour tout ce qui lui est raconté, une défiance à toute épreuve contre ceux qui sont sensés la représenter, et enfin le vote extrémiste (qui a de tous temps représenté entre 25 et 30% des votes dans notre pays …)?
Car la politique ne se fait pas dans la rue, elle a ses échéances, ses rituels, ses règles. Sinon, c'est le chaos, dont les plus démunis sont les premiers à souffrir. Les plus riches, eux, partent en Suisse ...
Mais qui a encore en mémoire les principes de notre loi fondamentale, celle qui nous dote d’un régime politique fondé sur la souveraineté du peuple exercée à travers ses représentants ? On perçoit aujourd’hui un certain décalage (litote). Les politiques parlent de divorce entre le pays réel et le pays légal. Et beaucoup de désillusions chez ceux qui justement avaient beaucoup espéré d’un changement politique très attendu. Le droit de manifester est fondamental, mais en fin de compte le dernier mot restera à l’Assemblée nationale, même si le gouvernement décide d’accélérer les choses, comme l’a fait son prédécesseur, sous les reproches symétriques de la gauche alors dans l’opposition. Et nos représentants pourront passer à autre chose … commencer vraiment à s’attaquer à la réforme de l’Etat, sans doute ? Arrêter le détricotage systématique des lois édictées par la mandature précédente ?
Ce qui me navre, c’est qu’à l’heure de l’explosion médiatique, personne ne comprend plus ce processus démocratique imaginé à l’époque des Lumières, parfois dépassé à l’heure de l'information en continu, des sondages d’opinion instantanés et des réseaux sociaux. On nous encourage à déclarer et payer l’impôt par INTERNET, je suppose que le Ministère des Finances a mis en œuvre toutes les sécurités nécessaires pour que l’argent lui soit transmis sans erreur, et on ne nous permet pas de voter par le même canal. Pourquoi ?
Je gage que beaucoup plus de citoyens et plus jeunes (ce qui contrebalancerait la droitisation du corps électoral pointée du doigt dans le livre d’Hervé Le Bras et Emmanuel Todd) se prononceraient pour le choix de leurs élus. Notre démocratie, et surtout la communication politique, ont besoin d’un sérieux coup de nettoyage … au Kärcher ? ( Oups!, ce n’est pas politiquement correct, ça ….)
La société évolue – voir le mariage gay – pourquoi pas les institutions ?