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Bevin Alexander - Sun Tzu, ou l'art de gagner des batailles

Publié le 17 avril 2013 par Edgar @edgarpoe

alexanderBevin Alexander est un historien militaire américain. Il analyse dans ce livre plusieurs batailles, depuis les conflits entre anglais et indépendantistes américains (bataille de Saratoga) jusqu'à la guerre de Corée en passant par la Marne et la défaite de 1940.

Il reconstitue chacune de ces batailles en essayant de jauger les décisions des chefs de guerre à l'aune des enseignements de Sun Tzu - stratège chinois du VIème siècle avant Jésus-Christ.

Il est très convaincant. C'est assez fascinant de voir combien des principes simples et anciens tiennent la route dans des cas concrets.

Certains d'entre eux sont simples, voire simplistes : ne pas attaquer l'ennemi en son point fort, d'autres beaucoup moins intuitifs - combiner une opération destinée à fixer l'ennemi (dite zheng) et une autre, plus petite, plus mobile, destinée à le tourner (dite qi).

Pour quelqu'un qui voudrait s'intéresser au stratège chinois, peut-être faut-il commencer par un livre de ce genre : l'intérêt de règles qui semblent abstraites et arbitraires saute aux yeux quand il est replacé dans un contexte réel.

Ceux qui n'aiment pas la stratégie militaire (je ne suis pas un "fana mili", ni même un connaisseur de la chose militaire moi-même) peuvent trouver de l'intérêt à ce livre :

- c'est aussi un livre d'histoire. Ca ne fait pas de mal d'apprendre ou de réapprendre quelques faits de l'histoire moderne ;

- c'est un livre qui incite à croire que l'action humaine n'est pas vaine. Face à tous ces cas convaincants où l'auteur explique que la face du monde aurait pû être changée par quelques décisions tactiques ou stratégiques, suggérées par l'un et refusées par l'autre, on se convainc un peu plus, s'il en est besoin, qu'il n'y a pas de fatalité historique. Deux exemples sont particulièrement frappants. Si Lee avait écouté son subordonné Andrew Jackson, le Nord pouvait être battue en quelques semaines au début de la guerre de Sécession. De même, si Hitler avait envoyé quelques divisions (quatre dit l'auteur) en Egypte et au Moyen-Orient après la défaite française, pour s'assurer de ressources pétrolières et de l'Afrique du Nord, le monde aurait pu connaître une victoire nazie durable. On aborde là les exercices d'uchronie, assez à la mode, notamment celui sur la défaite de 1940 auquel a participé Jacques Sapir, "Et si la France avait continué la guerre" ;

- il n'est pas exclu enfin que les enseignements de Sun Tzu s'appliquent également à des situations moins historiques, dans le domaine des relations internationales, de l'économie ou de la gestion d'entreprise (il me semble avaoi vu passer des ouvrages de type Sun Tzu en entreprise, mais je n'ai pas de titre en tête).

Dans l'ensemble un livre passionnant, d'un auteur extrêmement érudit. (un peu moins bon cependant que La guerre hors limites, qui montre que la Chine continue apparemment à produire des stratèges).


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