Une fois de plus, les médias ne bruissent que de fermetures de classes et de carte scolaire. La fermeture de classes en primaire est une aberration et un déni d’avenir. Mais qu’en est-il de la carte scolaire ? Elle a été instaurée afin de faciliter le travail des administratifs en obligeant les enfants à fréquenter l’établissement scolaire le plus proche de leur domicile. Au diable, donc, la sacro-sainte liberté au nom de l’efficacité (administrative)! Certains enfants sont cependant plus libres que d’autres. Essentiellement ceux dont les parents sont mieux renseignés ou plus aptes à obtenir les dérogations nécessaires pour leurs rejetons. Au nom, cette fois, de la liberté et de l’égalité des chances. C’est ainsi que les meilleurs élèves, bien introduits par leurs professeurs, le député ou le maire, ont-ils la possibilité de poursuivre des études dans des établissements de meilleur renom que celui affecté par l’administration. Ce qui est en contradiction avec le principe républicain qui prétend que tous les établissements sont d’égale qualité ! Mais la réalité est toujours plus puissante que les vœux pieux. L’élargissement de cette obligation d’inscription a tenté, mal, d’amélioré le système. Tout en maintenant le principe des dérogations selon les grands préceptes de liberté et d’égalité ! Autres gouvernants, autres règles. On revient à la sacro-sainte carte scolaire originelle pour, dit-on, favoriser la mixité sociale. Les parents qui habitent les quartiers désavantagés crient au scandale. En vertu de quelles règles d’égalité leurs enfants auraient-ils moins de chances que les autres ? Applaudissent, par contre, les parents habitant près des établissements de meilleur renom. Leurs enfants ne seront pas contraints de côtoyer les premiers. Car on oublie toujours de remarquer que cette fameuse carte scolaire interdit, dans les faits, aux enfants de ces quartiers défavorisés d’aller chercher une réelle égalité des chances ailleurs que là où ils sont assignés. On rétorque que ces pauvres établissements vont devenir des ghettos. Ils le sont déjà puisque, par la grâce de cette carte, les enfants ne peuvent pas en sortir _ soit la définition même du ghetto. Et c’est par ailleurs oublier que Janson de Sailly ou Henri IV en sont eux aussi à leur manière. Alors, cessez s’il vous plait de parler d’une mixité dont vous ne voulez pas pour vos propres enfants. Ou bien allez jusqu’au bout de vos idées et habitez ces quartiers défavorisés. Dans le cadre de mon activité professionnelle, je fus amené à fréquenter les écoles primaires du nord d’un département du centre de la France. Ce fut ainsi, qu’un jour, j’entrai dans une classe perdue dans un petit village proche de la désertification. Un tout jeune enseignant _ les aînés, mieux formés, se gardant bien d’accepter un poste dans ces écoles isolées de tout_ tentait d’apprendre à lire, écrire et compter à sept gamins dont cinq de la même famille. Où étaient la mixité, l’égalité des chances et l’émulation si chères à nos têtes bien-pensantes du politiquement correct ? Je crois qu’il faut supprimer totalement cette carte scolaire et donner enfin à chaque établissement les véritables moyens d’apporter à tous les élèves les mêmes chances.