Magazine Humeur

Petit aperçu

Par Ephe
Ça vous tenterait de lire la suite ? :)
Prologue
_ Suivant !
La voix forte où perçait un agacement à peine dissimulé me fit sursauter. Je clignai des yeux à quelques reprises pour réintégrer le décor dans mon champ de vision. Je pris une grande inspiration et avançai d’un pas décidé. Arrivé au guichet le jeune homme tendit la main et attendit. Voyant que je ne comprenais pas ce qu’il voulait il soupira d’une manière exagérée comme s’il portait tout le poids de l’univers sur ses épaules puis d’une voix condescendante il me dit :
_ Votre billet mademoiselle. Il me le faut si vous voulez passer.
_ Je suis désolée dis-je en le sortant de ma poche. Je suis tellement nerveuse.
Il me fixa d’un air qui disait : J’en ai vue d’autre et cela ne m’intéresse pas. Mais ajouta tout de même :
_ Vous verrez, ce n’est pas compliqué. Vous n’avez qu’à suivre les indications et les flèches et vous arriverez sans encombre.
Il estampilla mon billet d’un slogan écrit en rouge et dont la signification me fit légèrement frémir : Non retour. Ensuite, il me tendit un contrat et une plume aux couleurs de l’arc-en-ciel.
_ SVP signez en bas de la page.
_ Mais qu’est-ce qui est écrit demandais-je d’une petite voix.
Il se retint de ne pas soupirer de nouveau mais roula tout de même les yeux et marmonna : Je déteste ces jeunes à qui nous n’avons rient appris. Reprenant le contrat il lu à voix haute :
_ Le contrat stipule que dès que vous apposer votre signature, nous ne sommes plus responsables de ce qui arrivera derrière les barrières. Comme vous le savez, ce voyage est sans retour et vous devez accepter les conditions de votre nouvelle vie tel qu’entendu et discuté avec votre professeur et ou maître qui vous étaient assignés.
Il me rendit le contrat et me sourit pour m’encourager à apposer ma signature. Nous en avions discuté des jours et des nuits mon maître et moi de cette journée. J’ignorais pourquoi j’étais si nerveuse. Je pris une grande inspiration et d’une main un peu tremblante, je signée le contrat. Dès que la dernière lettre fut écrite, le contrat se souleva de lui-même, se plia et se scella à l’aide d’un sceau en or. Puis, il retomba devant moi. Le jeune homme le récupéra et le rangea dans l’un des nombreux casiers derrière lui. Il me sourit et m’indiqua la sortie. Je n’avais pas fait trois pas que sa voix retentit derrière moi :
_ Suivant !
J’esquissai un sourire en songeant à la personne qui était derrière moi et qui venait de se faire interpeller de la même manière désabusée de ce jeune homme. Poursuivant mon chemin, je croisai d’autres gens, qui comme moi, avaient décidés de faire ce voyage sans retour. Après quelques minutes j’arrivai à destination. Une énorme pancarte avait été plantée à l’entrée du tunnel. Il y était inscrit en gros caractère or et noir : Bon voyage. Je la contemplai quelques secondes hypnotisée. Tellement de chose c’était déroulé depuis les deux derniers mois. Au début, je me moquais de ceux qui décidaient de partir. Comment osaient-ils quitter cet endroit paradisiaque où nous vivions. Pourquoi en avaient-ils seulement envie ? Puis, j’avais compris. C’était un soir où la lune était pleine et d’un blanc lumineux. Les étoiles brillaient intensément dans le firmament. La douceur de l’air ambiant caressait ma peau nue. J’étais étendue sur l’herbe, à regarder l’immensité qui s’ouvraient devant moi et cela m’avait frappée de plein fouet. Je voulais connaître ce monde nouveau moi aussi. Je voulais connaître ce que nous avions appris dans les livres : L’amour, l’amitié, la nature, les animaux et tous ce qui étaient illustrés et si bien décris dans ces bouquins. Je voulais la liberté, les larmes et les rires. Je voulais respirer leur air et entendre les sons comme eux. Je voulais être eux. Alors, à partir de ce moment, j’entrepris de passer le certificat des lumières de la liberté. Il fallait réussir ce cours si nous voulions obtenir notre laisser passé pour ce merveilleux voyage. J’avais réussis avec brio et voilà que le grand jour était arrivé. J’inspirai profondément, fermai les yeux et joignit mes deux mains à la hauteur de ma poitrine. Je sentais la magie en moi, je sentais sa puissance dans mes veines.
_ Merci chuchotais-je.
Ainsi, je remerciais cette magie de m’avoir guidée tout au long de ma vie et d’accepter de se dissoudre pour laisser place à ce nouveau départ. Je remerciais tous ceux qui avaient faits partie de ma vie et que j’allais quitter. Je remerciais la lumière qui m’avait vu naître. Quand je me sentis enfin prêtre, j’ouvris les yeux et avançai à l’entrée du tunnel. Au moment où j’y pénétrais, une terrible explosion secoua la terre. Des cris retentirent et je fus projeté dans le tunnel voisin, bousculant la jeune fille qui y attendait. Une violente douleur me tordit le corps et une chaleur quasi insupportable m’embrasa. J’ouvris la bouche pour hurler, mais aucun son n’en sorti. Ma descente était infernale et j’étais projetée dans tous les sens. Un vent glacial me fouettait le visage écorchant mes joues. Des larmes s’amassèrent aux coins de mes paupières. Rien ne se déroulait comme prévue. Affolée, j’essayai de me redresser pour ralentir ma descente, mais à cet instant, le tunnel s’ouvrit sous moi et je tombai dans le vide. Je tentai de ralentir ma chute en battant des bras et des jambes mais c’était une tentative futile. Horrifié, et à cours d’idée je fermai les yeux et priai. Mon corps brisés n’atteignit jamais le sol.

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