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PARFUM DE FEMME. ( perfumo di donna .)

Publié le 19 avril 2013 par Ziril

PARFUM DE FEMME. ( perfumo di donna .)Comme la veille, cette cochonnerie de mistral s’était de nouveau réveillé vers 9h00 du matin, nous forçant à faire demi-tour et rentrer illico au port à toute vapeur afin d’éviter un fâcheux naufrage au large de Toulon (Var.)

Après avoir solidement amarré notre vaillant esquif, d’un commun accord, nous décidâmes de nous en jeter un, derrière la cravate au Bar  » Mitzva « , charmant estaminet à l’abri du vent, tenu par Agathe, la pulpeuse et généreuse patronne.

-« Pour moi, ce sera un vermouth et pour mon ami… Une mauresque. » annonçai-je à la belle Suzon, la jeune serveuse qui, malgré ses seize printemps, nous gratifia d’un sourire qui en disait long sur son expérience dans le domaine du dragage de hauts fonds.

Et la conversation s’engagea sur un sujet hautement rabâché, j’ai nommé  » La pêche à la mouche en mer, ses joies et ses multiples ombres « .

PARFUM DE FEMME. ( perfumo di donna .)
- » Toutes ces mouches que nous vantent les magazines sur la pêche, doivent à la rigueur intéresser des poissons un tantinet crétins, mais il leur manque un élément essentiel : j’ai nommé l’odeur. Car même un enfant en bas âge sait pertinemment que les poissons sont très sensibles côté « nez » qui, chez cette espèce, sont rarement aussi visibles que chez d’autres proies comme, l’éléphant d’Afrique et le tamanoir des îles lointaines, mais n’en est pas moins terriblement sensible. »

PARFUM DE FEMME. ( perfumo di donna .)
Aussi, j’ai tenté, récemment une expérience qui, bien qu’étant encore imparfaite, risque, grâce à quelques ajustements, de devoir porter ses fruits. En deux mots, en voici la genèse : « Puisque nous péchons généralement les eaux de nos splendides côtes provençales, l’idée m’est venue de tremper mes mouches dans une solution de liquide anisé. Du pastis de Marseille, pour tout dire. Comment des poissons de la région refuseraient une telle offre ? Cela n’a donc aucun sens et je ne désespère pas de faire un « carreau » à notre prochaine sortie en mer.

À ce moment, mon ami Gilbert S., pris la parole : « Mon cher Flèche, ton idée est ingénieuse, sans aucun doute, mais la mienne l’est, tu m’en excuseras à l’avance, bien meilleure. En deux mots la voici : A-t-on déjà vu un aïoli sans l’ombre d’un poisson ? La réponse est évidemment : JAMAIS !. L’odeur de l’ail attire le poisson comme l’aimant attire l’acier, c’est un fait établi. Donc, au lieu de tremper tes mouches dans le Pernod (le Pernod Fils, perd nos fils, comme le disait très justement le regretté Alphonse Allais.) laissons-les donc macérer dans du jus d’ail et les résultats seront, sans nuls doutes, bien supérieurs.

À ce moment, assis à une table voisine, un inconnu pris la parole :

« Messieurs, j’écoute depuis un moment votre conversation et si vous me le permettez, j’aimerais me joindre à vous et ajouter à vos théories un peu de ma modeste pratique. »

-Mais, cher Monsieur-répliquais je,- nous vous en prions. Tout ce qui peut faire avancer la science et l’art de la pêche à la mouche nous est du plus haut intérêt.

L’inconnu se saisit donc d’une chaise, l’approcha de notre table , commanda un Gin fizz, (preuve de son bon goût ! ) et commença :

« Il est parfaitement exact que l’odeur est un point capital dans la traque de nos amis les poissons et, là-dessus, j’ai acquis récemment une expérience que j’aimerais vous communiquer.

Étant obligé, pour affaires personnelles de voyager le plus clair de mon temps (et après tout, nous ne sommes que de faibles créatures) je ne suis pas, ce qu’on pourrait appeler  » d’une fidélité absolue » envers Hortense, ma chère femme, et que, de temps à autre, je ne crache pas sur l’idée de passer du bon temps avec des maîtresses de droite ou de gauche. En particulier, il en est une, Lisette M. qui est un ravissement. Ses fossettes, ses grands yeux de biche, son menton menu et ses bouclettes me rendent fou. Ajoutez à ça que la bougresse est sacrément aventureuse dans nos ébats et vous comprendrez que je suis, ce qu’on appelle, un homme comblé.

L’autre jour, alors que Lizette prenaient une douche, je découvris dans sa chambre une boîte en osier renfermant toute une collection de ses dessous féminins,d’une propreté douteuse, prêts à être envoyés à la blanchisserie la plus proche.

Chers amis, l’odeur qui s’échappa du coffret était d’une puissance remarquable, tellement oppressante, qu’une idée, que je qualifierais de géniale germa aussitôt dans mon esprit créatif. Étant comme vous l’êtes un pêcheur devant l’éternel, j’introduisis sournoisement dans la dite boîte tout mon matériel à confectionner des mouches, le laissaient macérer ainsi quelques jours et, ensuite, nerveusement je me mis au labeur à mon étau de montage. Les prototypes qui virent le jour n’étaient pas, dans leurs formes,très différents de ceux que l’on trouve dans le commerce mais leur odeur était d’une puissance exceptionnelle. Je sautais immédiatement dans mon bateau et quelques minutes après, guidé par le vol frénétique des mouettes et autres goélands, je m’approchai d’une « chasse  » de bonites. À peine avais-je jeté ma ligne à l’eau que ces poissons se battaient entre eux littéralement afin d’engloutir ma mouche.

La raison, Messieurs en est fort simple. Ma mouche était, grâce aux odorants sous-vêtements de Lisette, gorgée d’effluves proche du parfum de la marée, et c’est bien connu, aucun poisson ne résiste à cette délicate fragrance. »

Là-dessus, l’inconnu se leva, quittait notre table en payant les consommations et en laissant un généreux pourboire à la petite Suzon qui l’ empocha prestement en disant «Mazette ! »

L’homme, juste avant de disparaître dans la rue adjacente, se tourna vers nous: « Messieurs, n’oubliez jamais que la femme , grâce à son parfum intime est l’avenir de la pêche à la mouche et la fin de nos trop nombreuses bredouilles! Bien le bonjour ! »

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