Face à la concurrence, un projet de crowdsourcing ne doit pas rester impassible

Publié le 19 avril 2013 par Pnordey @latelier

Les projets de crowdsourcing participant à des compétitions sont souvent soumis à des tensions et, parmi celles-ci, les attaques de concurrents sont à prendre en compte. Un groupe de chercheurs a développé une analyse mathématique sur le comportement malveillant de ces projets.

En cas de compétition, l'attaque d'un projet concurrent de crowdsourcing, comme l'utilisation de faux et le sabotage, serait une norme dans le domaine. Mais pour une équipe de chercheurs australiens et britanniques, l'attaque serait encore la meilleure défense pour se démarquer de la concurrence dans ce genre de cas. Et pour arriver à une telle conclusion, ces scientifiques appartenant à l’université de Southampton, à l’université de Melbourne et au National Information and Communication Technology Australia ont analyser quels pouvaient être l'impact de telles attaques sur le bien être d’un projet. Ils ont pour cela développé un scénario qui met en scène deux initiatives, la vulnérabilité de leur stratégie et leur propension à attaquer leur adversaire.

L'équilibre de Nash

L’attaque d’un projet de crowdsourcing peut prendre plusieurs formes, le sabotage d’informations pour le DARPA Network Challenge par exemple, ou l’infiltration d’un projet open-source par des membres d’un gouvernement – cela a été le cas pour l’initiative d’Ushahidi lors de la création de cartes relatives au Printemps Arabe. Afin de pouvoir étudier ces attaques, l'analyse des scientifiques se rapproche de la théorie des jeux, notamment l'équilibre de Nash, un concept selon lequel tous les joueurs connaissent les stratégies de leur adversaire et où aucun ne peut modifier leur propre stratégie sans s'affaiblir. Ainsi, lorsque deux projets de crowdsourcing sont en compétition, plus le coût d'une attaque est important, moins le joueur le plus productif attaquera, et plus le projet de crowdsourcing le moins productif aura de chances de gagner. Car en effet, il apparaît dans ce modèle mathématique qu'un projet plus faible aura toujours toutes les raisons d'attaquer son concurrent afin d'en retirer un bénéfice, ce qui n'est pas toujours vrai à l'inverse.

Le dilemme du prisonnier

Dans le cas où les deux joueurs s'attaquent l'un et l'autre, le résultat obtenu est semblable au concept du dilemme du prisonnier. Cette théorie représente un cas où les deux parties prenantes auraient tout intérêt à coopérer, mais la trahison est inévitable. Si les deux joueurs trahissent, tous deux sont perdants. Un résultat analogue peut être retrouvé dans l'étude des chercheurs sur le crowdsourcing : les deux projets subissent le contrecoup de l'attaque, et si l'un d'entre eux est plus productif que l'autre, il est désigné vainqueur. De fait, pour les chercheurs, le crowdsourcing est une manière plus efficace et plus productive d'achever de nombreux projets, quels qu'ils soient. Cependant les failles de sécurité sont plus évidentes car des projets menés en interne ne sont pas sujets à l'attaque de concurrents, bien qu’ils soient, pour eux, aussi moins productifs.