Voici un extrait du très bon livre de Rob Hopkins "Manuel de transition de la dépendance au pétrole à la résilience locale". Même si certains chiffres datent de quelques années (et ont évolués en pire), les sujets sont toujours autant d'actualités.
"Produire du pétrole à partir des sables bitumeux peut à peu prés se comparer à essayer d'extraire la poudre de cacao d'un énorme brownie au chocolat. Greenpeace estime que d'ici 2011, les émissions de dioxyde de carbone annuelles de la production des sables bitumeux dépasseront 80 millions de tonnes de l'équivalent CO2, davantage que ce qui est émis en ce moment par l'ensemble des voitures du Canada. La production de sable bitumeux exige aussi que de vastes surfaces de très vieille forêt boréale soit coupée. Les deux principales faiblesses du processus sont la façon dont est produite la vapeur séparant le pétrole du sable et la provenance de l'eau destinée à produire cette vapeur.
On prend du gaz naturel propre et précieux (une ressource qui est également en bonne voie d'être épuisée) et on le brûle pour faire de la vapeur afin de produire du "combustible de synthèse", du pétrole brut sale et de mauvaise qualité. C'est de la folie.[...]
Un seul pneu d'un de ces énormes camions coûte plus de 40 000 £. La production des sables bitumeux exige que le prix du pétrole demeure élevé pour être viable, mais nous devrions également demander jusqu'où le prix du gaz naturel doit monter avant que la production des sables bitumeux cesse à nouveau d'être viable ? L'autre facteur limitatif de la production des sables bitumeux, en plus du gaz naturel à bon marché, c'est l'eau. On estime qu'il faut entre deux et quatre barils d'eau pour produire un baril de brut synthétique à partir des sables bitumeux. La quantité d'eau qui peut être extraite du fleuve Athabasca est finie et constitue l'un des plus importants facteurs limitant la production. En dépit de tout ce qu'a d'insensé l'extraction de pétrole des sables bitumeux, elle draine de vastes sommes d'argent, pour une part en raison de ce que l'Alberta est l'un des tout derniers endroits du monde à être ouverts à l'investissement privé dans la production pétrolière.
Arrivés à ce point, nous pourrions nous servir de l'analogie d'un pub. Le forage conventionnel de pétrole brut non corrosif, tel qu'il a cours en Arabie Saoudite, serait comme se tenir à un bar tandis qu'un charmant barman vous verse des pintes de bière directement du tonneau de la cave. Les sables bitumeux, c'est un peu comme arriver au pub et s'apercevoir qu'il n'y a plus de bière ; seulement, votre désir de prendre un verre est tellement impérieux que vous vous mettez à imaginer qu'au cours des trente ans que ce pub a été en affaires, l'équivalent de 5 000 pintes ont été renversées sur le tapis ; aussi inventez-vous un procédé pour bouillir le tapis afin d'en extraire la bière. C'est là l'acte futile et désespéré d'un alcoolique incapable d'imaginer la vie sans l'objet de sa dépendance."