Sa tactique, l’épigénétique. Pour survivre et mieux proliférer, la bactérie Legionella pneumophila, responsable de la légionellose, pratique « l’épigénétique » c’est-à-dire initie des modifications de l’expression des gènes des cellules qu’elle infecte. C’est la première fois que la tactique est identifiée au cours d’une infection. Cette recherche, menée par des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS, de l’Institut Curie et de l’Inserm vient d’être présentée dans la revue Cell Host & Microbe.
Legionella pneumophila, est l’agent principal de la légionellose, une maladie qui entraîne une infection pulmonaire aigüe et dont le taux de létalité est d’environ 10%. En 2011, 1170 cas de légionellose ont été déclarés en France, pour un taux d’incidence de 1,7%.
En modulant l’expression des gènes d’une cellule hôte à leur avantage, ce pathogène va modifier l’environnement des gènes des cellules hôtes, sans modifier les gènes eux-mêmes, ce qui va tout de même modifier leur expression et créer un environnement plus propice au développement de la bactérie. Legionella pneumophila induirait ainsi, selon les chercheurs, une modification du niveau d’expression dans 4.870 gènes de l’hôte, parmi lesquels des gènes directement impliqués dans l’immunité. En pratique, la bactérie secrète une enzyme appelée RomA qui va entraîner une modification de l’ADN de l’hôte réduisant l’expression de certains gènes.
C’est un nouvel éclairage sur les tactiques employées par les bactéries pour manipuler les cellules hôtes pour pouvoir mieux survivre et se développer pendant l’infection.
Source: Cell Host & Microbe 17 April 2013 DOI: 10.1016/j.chom.2013.03.004 Legionella pneumophila Effector RomA Uniquely Modifies Host Chromatin to Repress Gene Expression and Promote Intracellular Bacterial Replication (Visuel Legionella pneumophila@ Institut Pasteur)