Magazine Politique

Toute unité politique a fait la guerre

Publié le 23 avril 2013 par Egea

J'ai lu récemment (vite, j'en conviens) "États de violence, essai sur la fin de la guerre" de Frédéric Gros (NRF) 2006. Car les rapports entre l’État et la guerre continuent de m’interroger. J'en tire un extrait, et une conclusion partielle.

Toute unité politique a fait la guerre
source

" La guerre, c'est un conflit armé entre groupes, soutenu par une tension éthique, un objectif politique et un cadre juridique. (...) Ce qu'il faut penser, c'est l'échange de mort en expérience cruciale pour réfléchir l'éthique ; l’État (ou toute autre entité politique : la cité ou l'empire) réfléchi comme ce dont la guerre doit assurer la consistance propre ; enfin, la poursuite armée de la justice".

Ce qu'il résume par : "la guerre, c'est l'échange de mort donnant consistance à une unité politique et soutenu par une revendication de droit".

Il cite en appui cette ancienne définition d'Abberico Gentilis, in De jure belli (1597) : "la guerre est un conflit armé, public et juste". (Livre I, chap II, Belli definitio).

On s'éloigne un peu de Bouthoul qui définissait la guerre comme "une lutte armée et sanglante entre groupements organisés". Il voyait la mort, et réduisait au minimum l’organisation politique sous-jacente. Enfin, le sous-entendu de la guerre comme résolution d'un conflit afin de créer un nouvel ordre sinon juste, du moins admis par les parties (source de droit), était passé sous silence.

Cette gradation de l’organisation politique de l'acteur de guerre permet donc de préciser un billet récent sur Tilly. En effet, Toute unité politique (cité, État, empire) a fait la guerre. Mais l'évolution de la guerre a fait l’État, l’État moderne et westphalien. Ce qui explique d'ailleurs que les travaux de Tilly, puis de Fortmann, portent sur l'ère moderne (certains remontant au milieu de moyen-âge la grande transformation : mais je devine là le soubassement à la thèse de Laurent Henninger, selon laquelle il n'y a eu qu'une révolution des affaires militaires).

D'où la conclusion partielle : la métamorphose de la guerre entraîne la métamorphose de l’État.

Ce qui a des conséquences pour analyser la situation contemporaine (cf. mon article sur "la guerre est morte, vive la guerre"). Nous y reviendrons bientôt.

O. Kempf


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Egea 3534 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines