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La morale à l'école

Publié le 24 avril 2013 par Rolandbosquet

morale

   Je contais ici même le 17 avril dernier les bienfaits de la baguette de coudrier dans les résultats des élèves de l’école communale en matière de calcul mental. A moins que ce ne fut le hasard. Ou l’inspiration céleste. Ou toute autre gratification extraordinaire inhérente au système éducatif en général et à la méthode de l’instituteur en particulier. On ne saurait oublier l’apport essentiel de la morale. Soigneusement calligraphiée au tableau noir en jolis pleins et déliés à côté de la date du jour, elle faisait les délices des élèves dès leur entrée en classe. On y apprenait ainsi qu’il faut se laver les mains régulièrement. Le maître en vérifiait d’ailleurs le niveau de propreté avant l’entrée en classe. On ne parlait pas encore des pieds mais on sentait bien que c’était dans l’air. On y confirmait qu’il ne faut jamais médire de son voisin et qu’il ne faut pas le tuer non plus. Quelle qu’en soit la raison ! Vous eut-il volé un œuf. Et même si le dicton prétend qu’il pourrait être amené à vous voler aussi un bœuf ! La justice seule ayant le droit d’intervenir en la circonstance, la loi interdisait formellement de la pratiquer soi-même et la morale tout autant. Le travail tenait par ailleurs une place primordiale dans cette éducation au quotidien. Notre bon La Fontaine était souvent appelé à la rescousse pour expliquer que travailler est indispensable pour jouir d’une vie honorable. L’oisiveté, la mère de tous les vices, était par contre fortement déconseillée. L’homme désœuvré va au bistrot, boit de la bière, s’enivre et bat sa femme et ses enfants lorsqu’il rentre chez lui. Ce qui peut nuire à leur santé. Aussi incroyable que cela paraisse, on l’enseignait déjà dans les écoles communales du milieu du siècle dernier. Dans le même ordre d’idée, l’élève était prié de s’enfoncer solidement dans la tête qu’il était de son intérêt de s’instruire car l’ignorance conduit à la servitude. Et les enfants d’ouvriers agricoles savaient bien, eux, ce qu’était la servitude. Comme la servitude conduit au découragement, le découragement au renoncement,  le renoncement à la paresse et la paresse au manque cruel de ressources, elle empêche de payer ses impôts. Ce qui, en ces temps reculés, était déjà un devoir. En un mot, l’enfant était non seulement astreint à rester assis sur un banc inconfortable au lieu d’aller respirer le bon air des arbres et gambader dans la campagne derrière les papillons mais il lui fallait aussi apprendre à lire la morale inscrite au tableau noir, utiliser correctement la grammaire et ses innombrables exceptions, calculer l’âge du capitaine sachant que l’eau qui s’écoule du robinet s’évapore plus vite en été qu’en hiver et bien sûr ne jamais oublier de dire bonjour à tous les passants du village qu’il croisait lors de son retour au foyer.  On voit par là que le bon usage la vertu demande beaucoup d’efforts. On comprend mieux qu’avec les années, l’habitude de recourir à la morale dans les écoles communales soit tombée en désuétude. A moins que l’arrivée de l’ordinateur et son inévitable clavier n’ait détourné les maîtres et les maîtresses de la belle écriture avec pleins et déliés. Quoiqu’il en soit, l’enseignement traditionnel de la morale va redevenir, paraît-il, à la mode. A ceci près qu’elle sera dorénavant laïque ! Ce qui change tout, évidemment. 

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