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Pendant trois jours, les acteurs de l'administration centrale et locale, des services déconcentrés, de la société civile et les représentants des consommateurs et fermiers, ont beaucoup échangé sur les avancées et défis de ce secteur vital pour les populations. Si l'ensemble des acteurs se satisfait des progrès réalisés dans le sous-secteur de l'eau et la Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE), le défi de l'assainissement de base à deux ans de l'échéance des OMD, reste toujours entier.
Faire le point de la mise en œuvre du budget programme exercice 2012 et de l'exécution du Plan prévisionnel de développement de la Société nationale des eaux du Bénin (SONEB), apprécier les performances de la gestion 2012 et tirer les leçons pour 2013. C'est l'exercice auquel ont été appelés, plus de 200 acteurs du monde du secteur eau, hygiène et assainissement de base au Bénin.
A l'ouverture des travaux de cet exercice annuel, le Directeur général de l'eau, Victor Yoxi Yédé s'est d'entrée félicité pour les retrouvailles entre acteurs mais également pour les résultats obtenus. Car l'année 2012 a enregistré de bons résultats. De 651 Équivalents Points d'Eau (EPE) en 2002, il affirme qu'on est passé à 1562 EPE en 2012 donnant accès à environ 310 000 habitants. Ainsi, le taux de desserte au 31 décembre 2012, est désormais de 63,7% en milieu rural rapprochant le Bénin des OMD (67,3% à atteindre en 2015).
Mais, loin de laisser dormir les acteurs sur leurs lauriers, il les a invités à conjuguer les efforts pour faire face aux défis récurrents liés aux longs délais de délégation et/ou de transfert des crédits aux services déconcentrés et aux communes, à la longue procédure de passation des marchés publics. Sur la même lancée, le Directeur de cabinet représentant le ministre de l'Eau, a convié aussi les acteurs à réfléchir à "un mécanisme solide et plus performant de planification, de programmation, de suivi évaluation et surtout d'exécution plus efficace des dépenses afin d'améliorer davantage le niveau de consommation des crédits". De même, il les a exhortés à "une meilleure maitrise de la chaine des dépenses publiques notamment une dynamisation du Cadre de concertation et à une meilleure gouvernance du secteur eau".
Malgré ces défis, "nous pouvons être fiers du travail de l'année passée", s'est réjoui le chef de file des Partenaires techniques et financiers. Et d'indiquer qu'"Avec les assistances annoncées ou en cours, il devrait être possible de faire des contributions importantes en matière d''approvisionnement de la population en eau potable aussi 2013. Je suis optimiste que nous pouvons ensemble atteindre les OMD", a-t-il précisé. Seulement, pour aller plus loin, il a soulevé la situation du personnel au niveau central, déconcentré et décentralisé.
En effet, actuellement le ministère en charge de l'eau et ses différentes directions techniques connaissent ces dernières années, un nombre important de cadres admis à la retraite. Une situation devenue de plus en plus "inquiétante". Et le diplomate de conseiller qu'"il est impératif d'agir contre ce problème avec toutes les forces sur le niveau le plus haut parce que des effectifs suffisants sont la condition essentielle pour que les autres défis dans le secteur puissent être surmontés avec succès". Il n'occultera pas la situation de la SONEB qui, malgré "quelques développements positifs", n'enregistre "pas de progrès par rapport au fonctionnement suivant les règles de l'OHADA", les dettes des entreprises publiques n'étant pas encore complètement soldées.
Par ailleurs, selon lui, il est important que la SONEB, la Direction Générale de l'Eau (DGEau) et la Direction Nationale de la Santé Publique (DNSP) travaillent à réduire les inégalités entre les localités et que les investissements soient effectivement destinés aux populations défavorisées.
Alors que ces dernières années, le taux d'exécution financière avoisinait à peine les 50%, l'année 2012 reste une année "spéciale" avec un taux de 86,12%. "C'est un record historique", se félicite le Directeur de la planification et du suivi-évaluation, Adrien Sodokin. Finies donc les années où l'administration centrale de l'eau, peinait à consommer les crédits. Pour une dotation annuelle de 11,59 milliards de francs CFA incluant les fonds de concours et les reports de crédits 2011 et un total de 7,70 milliards de ressources intérieures et extérieures, 9,97 milliards de francs CFA ont été effectivement consommés.
Cette performance a permis la réalisation des 1562 ouvrages dont 220 des autres ONG. Pour une valeur cible de 63%, le taux de desserte qui atteint les 63,7% permet ainsi de se rapprocher du taux de 67,3% pour atteindre les OMD en 2015. Mais, ces résultats cachent des disparités entre départements et à l'intérieur de ceux-ci. Ainsi, alors que le département du Mono affiche un taux de desserte de 84,55%, celui de l'Ouémé par exemple, est encore à 40,45%. Une situation qui n'a pas échappé aux acteurs qui au cours des échanges, ont recommandé une correction de ces disparités dans les années à venir. De même, l'autre grand point d'attention de cette revue, a été le calcul du taux de desserte et la différence qu'il convient de faire entre celui-ci et le taux d'accès plus réaliste. Des discussions, on retient qu'"une clarification et une harmonisation est nécessaire" entre la Direction générale de l'eau et l'Institut de la Statistique et de l'Analyse Économique (INSAE).
Se fondant sur les résultats positifs obtenues et s'inscrivant dans une vision optimiste, pour 2013, les acteurs ambitionnent d'atteindre un taux de desserte de 65% en réalisant 1517 points d'eau et en mobilisant plus de 8 milliards de francs CFA. L'objectif visé d'ici 2025, est d'atteindre un taux de desserte de 100%.
A l'heure du bilan de la mise en œuvre de la Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE), les acteurs ont aussi marqué leur optimisme quant à cette approche de gestion. Aujourd'hui, un grand pas a été franchi dans la mise en place du cadre institutionnel avec en dernière date, le processus d'installation du Conseil national de l'eau comme instance de gestion. Avant la première session de cette instance qui s'est tenue début avril 2013, on retient essentiellement au titre de 2012 et en dehors des 5 projets de décrets adoptés en 2011, l'adoption du décret portant instauration du Schéma d'Aménagement et de gestion des eaux (SAGE) et l'adoption du Plan d'actions GIRE (PANGIRE) par le gouvernement en juin 2012. Pour le Directeur Adrien Sodokin, il n'y a plus de doute. La Gire est entrée dans sa phase opérationnelle. "Les gens commencent à la toucher du doigt alors qu'il y a quelques années, elle était encore un rêve pour beaucoup". Pour l'avenir, après l'arsenal juridique et les instruments qui se poursuivront avec le Fonds national de l'eau et l'Agence Nationale de l'eau, la Gire rentrera véritablement dans sa phase opérationnelle. "On n'est plus loin", conclut-il.
A peine 46% des ménages des populations au Bénin, ont encore accès à un ouvrage adéquat d'évacuation des excréta. Un taux bien faible et bien loin des performances enregistrés dans le sous-secteur de l'eau. Une situation que le Directeur National de la Santé Publique, Orou Bagou Yorou Chabi, agissant au nom du ministre de la santé ayant à charge le volet hygiène assainissement de base, a déploré au cours de la revue. Très inquiet par rapport aux OMD, il a indiqué qu'"avec le rythme de progression annuelle de moins de 1%, le Bénin ne réussira pas à atteindre en 2015, le taux de 75% d'accès prévu par l'OMD7c". En effet, le bilan de la gestion 2012, montre que l'évolution du taux d'accès des ménages aux latrines familiales a connu une baisse de -5% par rapport à la cible selon le document de rapport présenté. A l'origine de cette contre performance, les autorités pointent du doigt l'abandon total de l'approche de Promotion de l'hygiène et de l'assainissement (PHA) au niveau des villages. Si au niveau des ouvrages familiaux, les résultats sont loin de combler les attentes, avec les 420 cabines de latrines institutionnelles et publiques, on note un rythme satisfaisant de réalisation notamment dans les écoles avec des taux d'entretien et d'utilisation élevés. Malgré tout, en termes de ressources mobilisées pour 2012, on peut se satisfaire des progrès accomplis. Car, l'exercice financier 2012 est celui qui a bénéficié des ressources les plus élevés des cinq dernières années avec un taux de réalisation de 71%. La part du budget du ministère de la santé consacré à l'hygiène et à l'assainissement a doublé passant de 0,4% en 2011 à 0,8% en 2012 soit une augmentation de 100%. Un autre point satisfaisant reste la relecture et/ou l'élaboration de tous les instruments législatifs et réglementaires pour le sous-secteur. Il s'agit de la politique nationale de l'hygiène et de l'assainissement, la loi portant hygiène publique, la Stratégie nationale de promotion de l'hygiène et de l'assainissement en milieu rural, la stratégie nationale de surveillance de la qualité de l'eau de consommation. Mais les efforts devront être multipliés pour sortir ce sous-secteur de la léthargie et éviter au Bénin, de rater le train des pays ayant atteint les OMD en 2015.
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