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Les bienfaits cachés de l’alternance

Publié le 02 avril 2013 par Jlhuss

62 ans pas plus, "juré craché" ...

Jean-Marc-Ayrault
Les "partisans" de droite devraient reconnaître une évidence : rien de mieux pour faire passer des réformes nécessaires que la gauche au pouvoir. En ce sens la présidence Hollande est une vraie bénédiction, même si des aspects sociétales peuvent prêter à discussions.

S'agissant des retraites les socialistes ont toujours refusé d'envisager le problème avec sérieux. Ils étaient même coupables d'une espèce de déni en la matière. Passons rapidement sur les discours entendus à chaque fois que la droite a voulu aborder ou traiter même avec "modestie" le sujet. Il y eut même des orateurs sublimes, aujourd'hui appelés à de hautes fonctions,  pour déclarer que le dossier était une "construction machiavélique" de la droite; que les droits acquis l'étaient une fois pour toutes et quelles que soient les évolutions de l'espérance de vie en particulier. Rappelez-vous Juppé voulant "toucher" aux régimes spéciaux etc.

Le discours a radicalement changé. Il est vrai que Hollande lui-même reconnaît "Je ne suis pas un président socialiste" qui fait écho au célèbre discours de Jospin, "mon programme n'est plus un programme socialiste".

Ce "grand voyage" de Hollande, qu'il réalise à l'image de celui de Mitterrand à l'époque, mais beaucoup plus rapidement et "sans modération" ne peut surprendre à partir du moment ou le président se situe à l'intérieur du système en vigueur et accepte la mondialisation telle qu'elle continue ses ravages. Peut-il en être autrement ?

Le revirement radical peut donc simplement s'apparenter à une lucidité enfin retrouvée. Tout au plus pourrait-on argumenter qu'il est dommage pour le respect dû au peuple et pour l'honneur de la politique de ne pas avoir fait preuve de cette lucidité pendant la campagne électorale. Elle devrait, pour demeurer le fondement du débat démocratique, donner aux citoyens l'indispensable minimum pour juger et choisir. Il n'est pas certain que le résultat eût été le même si cette bénéfique lucidité d'aujourd'hui avait été alors clairement énoncée. Ce manquement apparait véniel tant il est vrai qu'il se pratique aussi bien à droite. Cette pratique détestable pourrait être malheureusement le péché impardonnable de ceux qui à force de jouer avec la"démocratie" risquent de la mener dans le gouffre.

Revenant aux retraites, il apparaît que la palme de l'hypocrisie appartient en fait à Jean-Marc Ayrault, le premier ministre. Sans doute ulcéré de ne pas avoir entendu une seule fois son nom émailler les propos du président, il essaye de reprendre la main en tentant de "booster" sa communication. Il déclare d'abord avec rapidité que le président et lui "c'est main dans la main" et qu'ils ont tout préparé ensemble. Mais immédiatement il dérape en promettant que l'âge légal de départ, porté de 60 à 62 ans par la réforme Sarkozy de 2010, ne sera pas augmenté. Il était question de 60 dans sa bouche à l'époque ! Il oublie également (pourtant "main dans la main) de préciser que le président  a en revanche évoqué une possible augmentation de la durée de cotisation requise pour obtenir cette retraite à "taux plein". Ajoutant "nous paierons les retraites, nous préserverons les plus petites retraites, et nous pérenniserons les régimes de retraite pour les générations à venir." BIEN ! EXCELLENT !

Tout le monde aura pourtant compris que la retraite à 60 ans promise est définitivement enterrée, que les "pas plus de 62" ne sont qu'une nouvelle promesse intenable et que les annuités de cotisations pour obtenir le taux plein deviennent évolutives en fonction de l'espérance de vie enregistrée. Ce qui était hier "crime de lèse majesté" devient lucidité.

Pour être complet, ce premier avril accouche d'une jolie blague pour les retraités. Deux mesures  entrent en application. : une nouvelle taxe et une hausse minimale de leur pension complémentaire : la hausse annuelle des pensions complémentaires sera inférieure à la hausse des prix, sur laquelle elle est d'habitude indexée. Enfin les retraités éligibles à la CSG à taux plein vont devoir s'acquitter d'une nouvelle taxe de 0,3%, assise sur l'ensemble de leurs pensions. Le tout devrait entamer sensiblement leur pouvoir d'achat. Il est vrai que ces périodes de crise demandent les efforts de tous et que les jeunes privés d'emplois ne peuvent plus payer.

CQFD, vous voyez bien que ces réformes sans doute nécessaires, mais masquées avec acharnement aux électeurs, n'avaient aucune chance de voir le jour sous un gouvernement de droite.

Vive l'alternance : elle permet  à "l'impossible", l'innommable, le scandaleux d'hier, de devenir réalité.

[AgoraVox a publié cette note]


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