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Radicalisation

Publié le 25 avril 2013 par Letombe
Radicalisation

Une partie de la droite s'est visiblement radicalisée. Certes, on peut toujours dire que les débordements des opposants au mariage pour tous est l'œuvre d'une minorité. Il n'empêche que les sondages montrent que de plus en plus de sympathisants UMP souhaitent des accords avec le FN. Le phénomène peut même être observé au travers des réseaux sociaux. Des blogueurs de droite que j'ai connus plutôt modérés sont devenus hystériques au fil des débats.

Les réseaux sociaux ne sont néanmoins pas spécialement significatifs. Il y a un effet de meute : les braves gens se motivent entre eux au point de se croire majoritaires et donc de justifier encore plus leur radicalisation au nom du peuple... Il s'en suit un procès en illégitimité de pouvoir en place et on entre dans une espèce de spirale. Je dis ça sans la moindre méchanceté : j'ai moi-même été dans l'opposition. Je me rappelle du "No Sarkozy Day" dans lequel j'avais plongé avant de faire un très rapide rétropédalage quand je me suis rendu compte que c'était complètement con.

La comparaison entre les blogs d'opposition de droite et blogs d'opposition de gauche s'arrêtera là. C'est un sujet que j'aborde souvent avec mon copain Falconhill. Les blogs de droite, maintenant, se contentent de faire de l'opposition de principe, du genre : "ils nous ont volé notre mariage, ils ne sont pas légitimes, ils n'ont pas le droit". Ou : "ils ont menti aux Français, le chômage continue à augmenter". A leur place, j'aurais tendance à la fermer sur certains aspects.

D'une part, même si le bénéfice des mesures prises par le gouvernement tarde à venir à un point où l'on peut légitimement se demander si elles sont bonnes, on ne peut nier que la gauche arrivant au pouvoir a hérité d'une mauvaise situation économique, ce qui n'était pas spécialement le cas de la droite que cela soit en 2002 ou en 2007. C'est la première différence entre le blogueur d'opposition de droite et celui de gauche : en 2007, nous n'avions pas vraiment de passif à "assumer". La dette n'avait pas augmenté de 600 milliards et le chômage de un million pendant que l'on gouvernait.

D'autre part, et c'est bien plus important, pour la plupart, nous n'avions pas un comportement monomaniaque. Nous avions bien sûr des critiques générales du gouvernement, mais nous avions aussi des critiques ultraprécises de cette politique, nous faisions des propositions, nous critiquions notre camp politique, ... Vous pouvez fouiller nos archives de l'époque... Nos billets étaient beaucoup plus variés que ceux des blogueurs militants proches de l’UMP.

A ce sujet, il convient de noter que les blogueurs socialistes et ceux d'une droite modérée sont les seuls à critiquer régulièrement leurs propres camps. Les deux "extrêmes" sont beaucoup plus dans la défense systématique... Par exemple, essayez de critiquer le Front de Gauche, vous allez vous faire tomber dessus par des meutes de blogueurs hystériques.

L'autre différence est que nous étions beaucoup plus nombreux...

Comment expliquer cette radicalisation, que je crois mauvaise ?

Tout d'abord, il y a un parti politique délirant. Dès la Présidentielle, ils se sont lancés dans une bataille de succession, dans l'urgence, avec le résultat que l'on connait : le parti est coupé en deux et on ne sait pas si les dirigeants sont légitimes donc si le parti est légitime. C'est un mot que j'emploie beaucoup dans cette note parce que c'est au cœur du sujet.

En 2007, le PS avait mis 18 mois avant les premières élections internes, permettant aux courants de se reconstituer après l'élection. Dans une période intermédiaire, début 2008, il y a eu des élections municipales et le PS avait pu travailler ensemble et remporter de belles victoires. Certes, le parti s'était déchiré, fin 2008, et la légitimité de Martine Aubry a largement été remise en cause au sein du parti. Par contre, elle n'a pas été remise en cause à l'extérieur du parti par des sympathisants comme moi. Je vais dire du mal de Ségolène Royal. Que ses partisans ne se fâchent pas, je vais en dire du bien plus loin. A cette époque, il nous semblait qu'une direction du parti assurée par elle aurait été une catastrophe. En fait, il aurait fallu être membre du parti pour avoir des critiques à faire de Martine Aubry.

Ensuite, il y a le manque de fond de l'UMP depuis longtemps. C'est une machine à gagner les présidentielles mais une fois qu'elle a échoué, c'est la fin... Il n'y a pas de projet politique. C'est logique : c'est un parti conservateur. Du coup, le militant ou le blogueur de trouvent sans rien à défendre. Nous à gauche, on est peinard : tant que l'égalité ne sera pas parfaite, on aura toujours des sujets de revendication... (Smiley !)

L'UMP se trouve incapable de montrer un projet de société. C'est quand même fort ! Tout ce qu'elle a à nous proposer est de travailler plus... Pendant les trente glorieuses, la droite française avait un projet, une politique industrielle, la construction d'infrastructures, la grandeur de la France,... La crise économique est arrivée et la droite a perdu les principales élections dès 81. Elle a bien récupéré le pouvoir pour de courtes périodes mais elle l'a rapidement perdu. Ça a duré environ 20 ans. Elle a réussi à prendre le pouvoir en 2002 mais un peu par hasard. Il n'y a qu'en 2007 qu'elle a pu concilier un homme et un projet. D'ailleurs, Nicolas Sarkozy a fait un score exceptionnel au premier tour. Je crois bien que depuis 74, seul Mitterrand a réussi à faire mieux en 1988.

En 2007, le projet de Nicolas Sarkozy était vaguement d'inspiration libérale (mais ne l'était pas réellement : c'était une politique en faveur des plus riches, pas en faveur de la libéralisation économique, doublée d'un interventionnisme imbécile...). Toute l'essence du projet et de l'idéologie est rapidement passée à la trappe. A gauche, de fait, nous avions un projet décrit par l'excellent pacte présidentiel de Ségolène Royal puis retravaillé par le parti puis les candidats aux primaires.

Si j'étais à l'UMP, je me dépêcherais de travailler sur un projet audible qui se base sur autre chose qu'un degré de droitisation. D'ailleurs depuis 2010, le discours de Grenoble, le débat sur l'Islam, seule une course à la droite fait figure d'élément idéologique du parti. Ca n’en fait pas un projet pour la France (mais je ne dis pas que ce n’est pas important : pas plus qu’un gros réactionnaire, je ne veux voir des femmes voilées dans ma rue).

Je parlais de radicalisation : elle dure en fait depuis 3 ans mais il n'en sort rien.

Au moins, Marine Le Pen a un projet : sortir de l'Europe. Je me demande ce qu'en pensent les blogueurs qui militent maintenant pour un rapprochement ? Je les invite à aller sur le site web du Front et à lire le programme économique. La crise décrire est assurée.

Le fait que Marine Le Pen dispose d'un projet explique une partie de la radicalisation de certains blogueurs de droite, probablement, mais j'ai déjà fait assez de psychologie de comptoir.


C'est un long billet et il faut le résumer pour les fainéants.

Les blogueurs de droite profitent d’un débat de société pour s’autopersuader qu’il faut que l’UMP bascule encore plus à droite parce qu’ils n’ont pas d’autre chose à faire.

La direction de l’UMP est bien embêtée. Si elle lit les blogs, elle se dit qu’il faut opérer dès maintenant des rapprochements avec le FN en vue des municipales. Elle se dit aussi que cela pourrait fédérer les mécontentements et pousser les électeurs centristes vers la gauche. On en revient toujours au même.

Ce sont bien les municipales qui sont en vue. La droite a une large fenêtre de tir pour remporter gros : le vote de mécontentement contre le PS pourrait la faire gagner. Une alliance avec le FN pourrait lui faire perdre gros au centre. Ne pas faire d'alliance pourrait faire gagner la gauche à la faveur de triangulaires.

Marine Le Pen doit rigoler...

Merci au blog :

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