Serge Federbusch a expliqué sur Atlantico comment Delanoë a dû payer 10 milliards d'euros pour obtenir un taux de popularité de 60 %, du reste inférieur à la moyenne des maires des grandes villes. Pas terrible comme rendement ... En tout cas, ce texte résume bien 12 ans de mandatures.
Un sondage BVA vient d’être publié et il devrait, en théorie, mettre du baume au coeur de Delanoë. 60 % des 807 personnes interrogées sont satisfaites de son bilan (16 % très et 44 % assez).
Certes, ce résultat n’est pas mirobolant si on le compare aux 68 % obtenus en moyenne par les maires de villes de plus de 100 000 habitants. C’est un fait : quelle que soit leur couleur politique, les premiers édiles échappent souvent à l’impopularité qui affecte la quasi-totalité des autre élus. Delanoë ne fait donc en aucune manière exception.
Cependant, au vu de la réalité de son bilan et de la piètre image qu’il devrait lui valoir, on peut dire qu’il s’en tire très très bien. Car ses réalisations sont calamiteuses si l’on veut bien dissiper le nuage de communication qui les entoure.
Comment la «Voix de son Maire», nom de l’agence de pub qui fait office de municipalité à Paris depuis 2001, s’y prend-elle pour modeler ainsi une opinion positive ?
Le seul domaine où l’action de la mairie de Paris est excellente est précisément celui de la propagande. Plus de 200 personnes, au cabinet du maire, dans les différentes directions administratives, cabinets des adjoints et organismes divers, travaillent à cette production idéologique.
En réalité, toute l’action de la ville est tendue vers la création d’événements qui serviront de support à la communication. Les choix municipaux sont tous guidés par cet impératif. Un exemple parmi cent : à quoi bon avoir installé le tramway des maréchaux en surélévation sur une plate-forme engazonnée ? Cet aménagement empêche que bus, taxis ou vélos puissent utiliser cette vaste portion de la chaussée qui est ainsi inutilement neutralisée. Et bien, c’est simple : ce tapis permet de faire de la propagande autour l’action soi-disant écologique de la mairie. Et il est comptabilisé comme nouvel espace vert parisien !
Les aménagements des boulevards et avenues ne sont pas décidés au motif de l’efficacité mais afin qu’ils se voient et soient inaugurés à force flonflons. Moyennant quoi le boulevard de Magenta ou la rue Lafayette en sont à leur troisième ré-aménagement du fait de la congestion et des dangers pour leurs usagers.
Depuis 2001, Delanoë a eu la chance inouïe de percevoir, grâce à la hausse des prix de l’immobilier, près de 5 milliards d’euros de droits de mutation que n’avaient eus ni Chirac ni Tiberi. En outre, il a massivement augmenté les impôts, notamment après sa réélection de 2008 et a quasiment triplé la dette de la ville. Au total, ce sont dix milliards d’euros supplémentaires qui ont alimenté la grande machine à communication et à clientélisme.
C’est cet argent qui a permis, par exemple, d’acheter des dizaines de milliers d’appartements pour les transformer, par une pure opération d’écriture, en logements sociaux et faire ainsi bénéficier leurs occupants d’une baisse inespérée de leurs loyers. Moyennant quoi la ville a attisé la hausse des prix de vente, rendu le marché privé beaucoup plus tendu et, pour finir, augmenté de 40 % le nombre de demandeurs de logements sociaux insatisfaits. Un vrai fiasco mais les bénéficiaires des loyers réduits sont contents !
Les finances municipales dopées aux droits de mutation ont été abondamment utilisées pour créer une ambiance de fête au village : Vélib’ à 29 euros l’abonnement annuel, Paris-plage, Nuit Blanche, inaugurations de paquebots dispendieux comme le 104, la Gaieté-Lyrique, Louxor, etc. Les bobos, clientèle électorale choyée, peuvent avoir le sentiment de faire une bonne affaire, de vivre dans un micro-climat privilégié.
Les subventions à une myriade d’associations ont été doublées et plus de 10 000 agents municipaux recrutés.
Le coût de ces opérations est encore en partie indolore. Mais plus pour longtemps : la paralysie et maintenant le retournement du marché immobilier vont assécher les finances de la ville. Les équipements précités et les fonctionnaires embauchés vont grever durablement le budget.
Toute l’astuce de Delanoë et de sa dauphine Hidalgo consiste à remettre à l’après élection municipale le règlement de ces ardoises. Si les Parisiens ne sont pas informés en temps de la réalité, leur réveil risque d’être difficile. Mais, entre temps, Delanoë se sera envolé, avec sa cote de popularité, vers des cieux qu’il espère gouvernementaux.