Télé Gaucho // De Michel Leclerc. Avec Félix Moati, Sara Forestier et Eric Elmosnino.
Après le très bon Le Nom des Gens, je dois avouer que j'attendais Michel Leclerc au tournant. Sauf que malheureusement Télé Gaucho est pour moi
raté. Prenant un sujet engagé, le film tente alors d'enchainer les bonnes vannes amusantes mais toutes ne sont pas drôle. J'ai trouvé que ce film était assez fainéant, pourtant il y a de bonnes
idées, à commencer par le postulat de départ. Le personnage de Victor était intéressant. En tout cas, c'est celui dont je me suis senti le plus proche. Il va petit à petit se faire enrôler dans
cette histoire de télévision libre. Il y a de bons moments partagés et une volonté de fidélité historique intéressante, mais quand on gratte un peu plus le sujet on sent que cela tape dans le
romantisme de bas étage et les histoires pas totalement abouties. Alors étant donné que j'avais beaucoup ri avec Le Nom des Gens, je m'attendais à rire autant devant Télé
Gaucho. Sauf que non. Notamment avec Jimmy, l'ancien acteur porno incarné par Zinedine Soualem. Un tantinet terrifiant comme personnage.
Tout a commencé lorsque les caméscopes ont remplacé les caméras. Faire de la télé devenait alors à la portée de tous. Jean-Lou, Yasmina, Victor, Clara, Adonis et les autres ne voulaient pas
seulement créer leur propre chaîne de télé, ils voulaient surtout faire la révolution. Ainsi naquit Télé Gaucho, aussi anarchiste et provocatrice que les grandes chaînes étaient jugées
conformistes et réactionnaires. Cinq années de grands foutoirs, de manifs musclées en émetteur pirate, de soirées de beuveries en amours contrariées... et ce fut ma parenthèse enchantée.
Je pense donc que Télé Gaucho avait de quoi faire quelque chose de beaucoup plus cocasse. Certaines scènes ne poussent pas le vice d'aller à fond dans l'humour. Alors le film
reste un peu trop lisse et plat. Malgré une bonne idée de base comme je le disais plus haut, on sent que le scénario peine à sortir tout ce qu'il a à dire. La faute à un script crypté et à des
personnages mal exploités. Si Victor, le héros, reste l'élément principal du film, le reste des personnages apparait presque secondaire. Michel Leclerc qui m'avait émerveillé
avec son Le Nom des Gens ne parvient pas à donner à Télé Gaucho un peu de cette fantaisie. C'est un ensemble de séquences assez brouillonnes qui esquissent chez
le spectateur quelques sourires par moment. Je ne suis pas contre les films engagés, bien au contraire, j'aime bien. Sauf quand c'est mal fait comme ici. Michel Leclerc aurait
certainement pu donner un peu plus de cachet au film dans le sens où le scénario fragile ne se suffit pas à lui même.
Félix Moati est donc l'un des éléments les plus intéressants de Télé Gaucho. L'acteur n'est pas exceptionnel mais il parvient à ressembler à monsieur tout le
monde. Et c'est surement ce qui le rend plus attachant. Je ne trouve pas que Télé Gaucho le met particulièrement bien en valeur mais c'était une idée. Pour l'entourer nous avons
la charmante Sara Forestier qui, bien trop absente du film, parvient malgré tout à nous apporté sa sagesse et sa légèreté. Pendant que Eric Elmosnino
(Gainsbourg vie héroïque) peine à faire rire au travers d'un personnage caricatural. Finalement, Télé Gaucho est une déception alors que je partais vraiment avec
l'envie d'apprécier. Comme quoi, quand un réalisateur a fait un bon film, et même si le pitch est intéressant, cela ne veut pas dire que le film est bon. Loin de là. Ce n'est pas ce que j'ai vu
de plus dramatique non plus, mais je n'ai rien retenu de percutant. Dommage.
Note : 3/10. En bref, une comédie faussement drôle et paresseuse qui derrière un sujet engagé finie en contrepèterie de lui même.