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Tchernobyl, la mort des enfants en prime

Publié le 27 avril 2013 par Eldon

Tchernobyl helico horiz 1200 1024x680 Tchernobyl, la mort des enfants en primeParu dans Médiapart

A la veille du 27e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, survenue le 26 avril 1986, Yves Lenoir, président de l’association Enfants de Tchernobyl Belarus, montre ici comment la mortalité infantile s’est accrue dans les pays ayant fourni les plus gros contigents de “liquidateurs”: Russie, Ukraine, Belarus, Lettonie, Lituanie. Au total, ses calculs révèlent un excédent d’au moins 62 730 décès d’enfants avant l’âge d’un an, entre 1986 et 2012.

Chacun est hanté par les images d’hommes montant à l’assaut de la centrale de Tchernobyl dévastée, à peine protégés des radiations par un tablier de plomb, et des poussières radioactives par un masque vieillot à l’efficacité douteuse. Ces hommes, les “ liquidateurs ”, constituent la population la plus affectée par l’exposition à la radioactivité libérée par l’accident. Combien furent-ils, ces combattants du plus redoutable ennemi qu’un soldat puisse être amené à affronter, les radiations ? Sans aucun doute plus de 800 000, engagés dans l’ensemble des opérations,  brièvement au plus fort du combat ou, plus tard, durant des périodes prolongées et répétées, lorsque le niveau de radioactivité a été réduit.

Les survivants sont presque tous atteints de pathologies invalidantes et peinent à obtenir le soutien public que leur sacrifice mérite. On se souvient de la brutale répression des manifestations de protestation que des liquidateurs en grève de la faim menaient à la fin de l’année 2010 pour faire valoir leurs droits.

Les statistiques démographiques établies par la Banque Mondiale et traitées par l’Université canadienne de Sherbrooke, au Québec, révèlent, après analyse critique, qu’ils ont aussi, souvent, eu à faire le deuil d’un ou plusieurs jeunes enfants. C’était passé quasi inaperçu. L’évaluation que nous présentons ici est techniquement établie par défaut, afin d’éviter toute controverse stérile. Elle est, de plus, limitée aux républiques européennes de l’ex-URSS, Belarus, Estonie, Lettonie, Lituanie, Russie et Ukraine, à l’exclusion de la Moldavie et de la Géorgie dont on ne trouve pas trace de contingents de liquidateurs (d’ailleurs, les courbes du taux de mortalité infantile de ces républiques ne portent pas la marque d’un effet Tchernobyl). Le chiffre auquel nous sommes arrivés est consternant : un excès, très minoré, de 62 730 enfants nés vivants et morts avant d’avoir atteint l’âge d’un an, entre 1986 et 2012.

Le chemin de l’enquête

Nous tenions à réfuter une information excessive propagée par certains anti-nucléaires, faisant état d’un taux de mortalité infantile de 13% dans les populations touchées par Tchernobyl… La première chose à faire, trouver des statistiques standardisées officielles. On craignait de s’engager dans une recherche longue et fastidieuse. Quelques minutes plus tard on découvrait que tout était disponible, tenu à jour et présenté dans la durée – depuis 1960 – avec possibilité de croiser les données, sur le site de l’Université de Sherbrooke !

Un constat crève les yeux : les courbes du taux de mortalité infantile de la plupart des pays du monde ont la même forme décroissante et concave. Seuls les pays africains où l’épidémie de sida n’a pas été correctement combattue et ceux ayant fourni un fort contingent de liquidateurs à Tchernobyl présentent une portion convexe, un palier, voire un accroissement. Ce dernier point (la spécificité de la cause « liquidateurs ») n’a pu être établi qu’après un raisonnement déductif, comme expliqué ci-après.

Il faut ici le souligner d’emblée avec force : les guerres, les famines, les maladies ancestrales ne semblent en rien affecter la décroissance vertueuse du taux de mortalité infantile, que ce soit en Irak, en Afghanistan ou en Algérie. La pauvreté et les grandes disparités sociales non plus, comme on le vérifie en considérant l’Inde, la Syrie, le Congo, le Cameroun ou le Brésil. Dans les pays riches et plus homogènes, ce taux tend vers zéro, comme au Japon, auRoyaume-Uni, en Israël, en Nouvelle-Zélande, dans les pays nordiques mais aussi au… Belarus, l’un des pays dont le système de santé a plus à voir depuis des lustres avec celui des pays nordiques et baltes qu’avec celui de la Russie, de l’Ukraine et des autres républiques de l’ex-URSS. Mais aussi un pays très agricole, beaucoup moins pollué par la chimie que ces dernières.

Les pays et régions très touchés par Tchernobyl, comme la Suède, la Finlande, l’Autriche, le sud de l’Allemagne, ne montrent qu’une légère déformation convexe de leurs courbes du taux de mortalité infantile, alors que la Lituanie et la Lettonie, où les retombées ont été très sensiblement moindres mais qui ont dû envoyer de nombreux bataillons de liquidateurs à Tchernobyl, ont souffert d’une augmentation notable du taux de mortalité infantile durant toutes les années post-Tchernobyl.

Une exception apparente confirme la règle, l’Estonie. A l’époque de Tchernobyl, une forte agitation politique anti-soviétique avait gagné jusqu’aux rangs des réservistes, la principale source des « recrues » pour Tchernobyl, hormis en Biélorussie dont le contingent essentiellement composé de civils semble avoir été moins mis en danger, comme en témoignent les chiffres. Aussi l’Estonie n’envoya-t-elle « que » 4 833 liquidateurs à Tchernobyl (où ils reçurent moins de 100 mSv) et, tous calculs faits, la surmortalité infantile entre 1986 et 2012 n’y excède-t-elle pas quelques dizaines de cas, repérables mais non chiffrables avec précision.

Un bon indicateur statistique, la pertinence d’une approche indépendante

Le nouveau-né est l’objet de toutes les attentions, surtout dans les pays dont le taux de natalité est faible. Il est examiné avec soin après sa naissance. Il reçoit ensuite la meilleure nourriture possible et sa mère n’hésite pas à consulter le médecin à la moindre alerte.

Alors que le taux de mortalité brut résulte d’un nombre infini de variables telles que l’évolution de la pyramide des âges, le mode de vie des adultes, les conditions d’hygiène au travail, l’accumulation organique de mille pollutions etc., celui de la mortalité infantile apparaît comme dépendant d’un nombre limité de facteurs. On sait que le fœtus exploite celle qui le porte pour prendre tout ce dont il a besoin pour son développement. Mais il ne peut en rien changer ce dont il a hérité au stade de la conception : le patrimoine génétique et périgénétique transmis par ses géniteurs.

On peut s’étonner que le bilan officiel de Tchernobyl légitimé par l’autorité de tous les organismes rattachés à l’ONU (1), dont la Banque Mondiale… et les trois grands pays atteint par ses retombées radioactives (Belarus, Russie et Ukraine) nie toute conséquence de l’accident sur la mortalité infantile : « Given the range of absorbed doses received by the vast majority of parents prior to or during conception, the Chernobyl epidemiological studies are consistent with evidence in previous scientific literature. They do not indicate a radiation related increase in malformations or infant mortality as a direct result of radiation exposure. » (pdf, voir page 92).

La démarche de ses principaux auteurs, l’Unscear (qui dit, sans autoriser la moindre controverse, la « science » des effets des radiations selon l’ONU) et la CIPR(comme « opératrice » de la radioprotection pour l’OMS, une organisation ayant toujours manifesté la plus profonde indifférence pour les effets des radiations atomiques, hormis les risques que leur crainte fait peser sur la santé mentale), a toujours visé la promotion du développement de l’énergie atomique.

Dans cet esprit, ils ont agi avec méthode et détermination pour en préserver l’image après les accidents majeurs, Tchernobyl et Fukushima. L’histoire de ces institutions et des hommes qui les ont façonnées (2), culturellement enracinées dans la « ruée vers le radium » et la fascination des rayons X, avant guerre, et structurellement issues de la victoire des radiobiologistes, radiologues, radiothérapeutes (qui ne retenaient que les effets cliniques) sur les généticiens (qui se montraient préoccupés par les conséquences à long terme sur les générations futures) à l’issue des controverses qui les opposèrent entre 1940 et 1958, donne à comprendre le conservatisme sans faille de leurs positions.

La littérature scientifique sur la question qui nous occupe, invoquée dans cette conclusion du rapport du Chernobyl Forum, tient en peu de chose : l’étude des cohortes des survivants des flashes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki. C’est le généticien James Neel qui en fut le promoteur et conducteur entre 1948 et 1953. Les victimes des retombées en étaient exclues (les associations japonaises durent ferrailler durant plus de 25 ans avant d’obtenir leur reconnaissance par un vote de l’Assemblée Générale de l’ONU en 1977, un vote qui fit passer le nombre des morts de 214 000 à près de 300 000 ! ). Voici la traduction de la conclusion de cette étude dans l’édition de 1979 de la compilation officielle japonaise publiée par le grand éditeur Iwanami Shoten de Tôkyô (page 323) :

« Mortalité des enfants nés de parents exposés 

Suite aux observations précoces, l’ABCC (3) a entrepris le suivi de la mortalité des enfants nés de parents exposés [un groupe de 54 000 enfants, répartis en trois sous-groupes selon la distance au point zéro des parents, dont le premier concernait ceux à l'intérieur du cercle de 2 km de rayon]. (…) Tous les cas du groupe 1 ont été examinés (…) Sur la base des preuves apportées à ce jour, la mortalité des enfants (de trois à quinze ans…) n’a pas été affectée par la dose de radiation reçue par les parents. (…) En conséquence, aucune preuve attestant d’un effet génétique de l’exposition aux radiations des parents n’a été établi. »

Cette étude, entreprise par James Neel et ses équipes américaines et japonaises, est bien la seule à ce jour ayant porté sur une cohorte d’importance. On note de grandes différences avec le problème posé par la mortalité infantile des enfants des liquidateurs : ces derniers ont été exposés à des doses délivrées à bas ou moyen débit et non à un flash violent de quelques milli-secondes. Ils ont aussi pour la plupart absorbé des radioéléments durant leurs interventions. De plus, la définition de la mortalité infantile ne concerne aujourd’hui que les enfants morts avant leur premier anniversaire.

La justification de la conclusion du Chernobyl Forum sur ce point n’est donc pas scientifiquement fondée.

Jusqu’à présent, les tentatives pour évaluer le taux de mortalité infantile des enfants des liquidateurs étaient basées sur des données parcellaires. Par prudence, leurs auteurs ne se sont livrés à aucune extrapolation. La monumentale compilation des publications scientifiques réalisée en 2006 par A. Yablokov & al. s’appuyant sur quelques données sans mise en perspective suffisante conclut ainsi : « Le bilan de la catastrophe de Tchernobyl ne sera jamais établi avec précision. Cependant, sur la base de données fragmentaires, l’ajout de quelque 10 000 cas de mortalité infantile peut être attendu au Belarus, en Ukraine et en Russie. »

Grâce aux données de la Banque Mondiale mises en forme par l’Université de Sherbrooke, on peut et on doit s’atteler à réécrire cette part d’histoire (4). Nous affirmons ici que le nombre réel de cas dans ces trois pays dépasse 59 000. La tendance manifeste vers un taux de mortalité infantile normal exprime un fait de nature : les liquidateurs dépassent progressivement l’âge de faire des enfants. Il faudrait maintenant s’atteler à chiffrer l’influence des dommages génétiques (5) qu’ils ont transmis à la nouvelle génération. Ce sera plus difficile, car l’effet sera probablement plus diffus. Cela nécessiterait donc de mettre en œuvre des méthodes épidémiologiques fines pour le révéler. Or les liquidateurs ne sont plus l’objet d’attention, et encore moins d’études. Ils sont dispersés dans toute l’ex-URSS. Les conditions pour qu’une idée même de la réalité de cette part d’héritage de Tchernobyl reste inconnue (et donc niée) sont réunies : la situation rêvée pour l’Unscear et la CIPR dont la doctrine et les méthodes ne seront pas mises sur la sellette. Le seraient-elles d’ailleurs, que l’attaque ne viendrait pas des Etats – a-t-on jamais vu un Etat contester la « science » estampillée ONU, même lors d’un épisode quasi-comique comme celui de la grippe A ? –  mais de véritables scientifiques dont les publications seraient à ce titre écartées par le tri sélectif réalisé par l’Unscear depuis sa création en 1955.

 

Enseignements pour Fukushima

Des centaines de milliers de liquidateurs ont travaillé à Tchernobyl et dans la zone interdite. Des dizaines de milliers de liquidateurs se succèdent à Fukushima.

Quelques jours après le début de la catastrophe, on a vu des retraités des entreprises électriques et atomiques du pays proposer d’aller travailler sur le site dévasté. Cette démarche procédait sans doute du sens japonais de la responsabilité pour l’entreprise qui imprègne l’ancienne génération. Peut-être savaient-ils aussi que les personne mûres et âgées sont bien moins sensibles aux dégâts diffus des doses de radiation faibles et moyennes que les enfants et les jeunes (on pense ici avec tristesse aux brigades de jeunes conscrits de l’Armée Rouge, âgés pour la plupart de moins de 20 ans, envoyés à Tchernobyl au pire moment, quelques jours après l’explosion ; leur destin était scellé).

Les résultats de notre enquête apportent rétrospectivement une justification complémentaire, de nature eugéniste, à l’offre de service de ces si estimables retraités japonais : ne pas accroître le fardeau génétique de la population.

Mais les « responsables » ont fait appel à des hommes plutôt jeunes qui seront enclins à céder au désir si naturel de transmettre la vie après l’épreuve terrible de l’immersion dans un monde radioactif. Peut-être les protocoles d’intervention à Fukushima sont-ils moins risqués que ceux imposés par les responsables soviétiques à Tchernobyl. Peut-être… L’avenir le dira sauf à refuser d’assurer le suivi des statistiques de la mortalité infantile au Japon et, plus spécifiquement, celle dans la descendance des liquidateurs.

Courbes, tableaux et chiffres

Il s’agit que chacun se persuade de visu de l’adéquation des données aux termes de notre analyse et aux conclusions auxquelles nous nous sommes arrêtés.

La mortalité infantile annuelle résulte du produit de la population par le taux de naissance, qui donne le nombre de naissances, puis par le taux de mortalité infantile. Les deux taux sont affichés en ‰ sur les graphiques. Par commodité, les graphiques relatifs aux pays dont la mortalité infantile a été affectée par Tchernobyl combinent les trois données, population, taux de naissance et de mortalité infantile. Une carte européenne des retombées de Tchernobyl montre la situation radiologique.

Les chiffres du nombre de liquidateurs dans le tableau récapitulatif ci-dessous proviennent de différentes sources (6), ce qui permet, en gros, d’effacer l’impression qu’un secret quasi inviolable maintient l’obscurité sur toutes les données. On y a adjoint les calculs de mortalité infantile déduits des statistiques démographiques de l’Université de Sherbrooke et quelques ratios mesurant l’importance du problème génétique tel que posé dans chaque pays.

(1) Dose de radiation moyenne reçue par les liquidateurs – valeur à la moelle osseuse. Les valeurs entre parenthèses représentent la dose cumulée par cas de mortalité infantile ajoutée

(2) Mortalité infantile ajoutée (cumul entre 19856 et 2012) par rapport à l’évolution qu’aurait suivie la mortalité infantile en l’absence d’envoi de liquidateurs à Tchernobyl

Quelques remarques

On doit se rappeler que dans l’urgence, les forces immédiatement disponibles ont été envoyées à Tchernobyl, c’est-à-dire pour l’essentiel de jeunes conscrits, la population radiologiquement la plus fragile, celle qui est appelée à assurer l’engendrement de la nouvelle génération… Ils ont été relayés par des réservistes, en beaucoup plus grand nombre, parmi lesquels des hommes mariés avec des femmes encore en âge de procréer. Les liquidateurs civils ont été moins exposés. C’est pourquoi le Belarus et l’Estonie qui ont envoyé peu de militaires ont une mortalité infantile ajoutée moindre, voire quasi indiscernable.

La dose moyenne de radiation à la moelle osseuse des liquidateurs provient de données totalement indépendantes des statistiques démographiques de la Banque Mondiale. La grande homogénéité des valeurs trouvées pour la dose par cas de mortalité infantile ajoutée (de 0,45 à 0,76) alors que l’imprécision des données (nombre des liquidateurs) n’est probablement pas inférieure à 10 % (sauf pour l’Estonie), est un élément assez puissant au crédit de l’analyse conduite ici. Cependant, l’écart entre la Russie et le Belarus pourrait bien résulter du fait que parmi les liquidateurs (rendus stériles ou décédés) après Tchernobyl, les Russes (plus irradiés) sont plus nombreux que les Biélorusses. Cette indication-là est terrible.

Evolutions historiques de la natalité et de la mortalité infantile dans trois pays épargnés par Tchernobyl

courbe 1 Tchernobyl, la mort des enfants en prime
courbe 2 bis Tchernobyl, la mort des enfants en prime
courbe 3 Tchernobyl, la mort des enfants en prime

Evolutions de la natalité et de la mortalité infantile (anomalie) dans des pays ayant envoyé des liquidateurs à Tchernobyl

courbe 4 Tchernobyl, la mort des enfants en prime
courbe 5 Tchernobyl, la mort des enfants en prime
courbe 6 Tchernobyl, la mort des enfants en prime

Procédure d’évaluation de la mortalité ajoutée, deux cas typiques : Lettonie et Belarus

On procède à une interpolation graphique entre les taux de mortalité infantile en 1986 et 2012, qui suit la tendance observée dans le reste des pays non touchés par Tchernobyl (courbe tiretée rouge foncée). Puis on mesure la différence avec le taux réel ; le cumul sur la période donne la valeur par défaut de la mortalité infantile ajoutée durant la période 1986-2012. L’exemple de la Lettonie montre que l’impact génétique se poursuit au delà de 2012. En effet on observe une discontinuité de la pente de la tendance avant Tchernobyl et celle de l’interpolation. Cette discontinuité traduit une triste réalité : la courbe de la mortalité infantile n’a pas rejoint la valeur qu’elle aurait atteint en l’absence de Tchernobyl, par exemple celle de l’Estonie qui suivait une tendance identique avant 1986 et connaissait le même taux à cette date, à savoir 16 ‰. En 2012, en suivant une trajectoire à peine affectée durant 10 ans par Tchernobyl, l’Estonie approche la performance de la Finlande, 3 ‰ contre 2 ‰… alors que celle de la Lettonie vaut encore 7 ‰. L’évaluation pour ce pays donne bien dans ce cas une valeur à l’évidence par défaut.

En revanche le Belarus, après un palier de 10 ans, réussit à rattraper un niveau similaire à celui qu’il aurait atteint sans l’épreuve de Tchernobyl. Il est probable que le résultat aurait été un peu meilleur mais pas de beaucoup.

Conclusion

Telle la partie émergée d’un iceberg, la surmortalité infantile dans la génération des enfants des liquidateurs, à laquelle il faut adjoindre les fausses-couches et les morts-nés, ne mesure que cette part minime des séquelles génétiques de l’accident de Tchernobyl. Il reste à faire admettre les plus répandus des effets, malformations viables, visibles ou non, instabilité génomique, modifications du patrimoine génétique. Ce fardeau a commencé de se transmettre à la nouvelle génération, celle des petits-enfants des anciens combattants de la Guerre de Tchernobyl.

Mise en évidence de la surmortalité infantile dans deux pays ayant envoyé des liquidateurs à Tchernobyl

courbe 7 Tchernobyl, la mort des enfants en prime
courbe 8 Tchernobyl, la mort des enfants en prime

Pollution radioactive de l’Europe due à Tchernobyl

carte tchernobyl Tchernobyl, la mort des enfants en prime
Cliquer sur la carte pour l’agrandir. © Le Monde diplomatique

Carte de Philippe Rekacewicz, le Monde diplomatique, 1er juillet.

(1) Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Organisation mondiale de la santé (OMS), Programme des nations unies pour le développement (PNUD), Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (Unocha), United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiations (Unscear), Banque mondiale.

(2) Voir notamment à ce sujet : Susan M. Lindee, Suffering Made Real, American Science and the Survivors at Hiroshima,The University of Chicago Press, 1994, 287 pages ; rapport ACHRE au Président Clinton sur les expérimentations humaines (1995) ; J. Christopher Jolly, Thresholds of Uncertainty, Radiation and Responsibility in the Fallout Controversy, Oregon State University, 2003, 600 pages ; Brian Madison Jones, Abolishing the Taboo, Dwight D. Eisenhower and American Nuclear Doctrine 1945-1961, Helion & Company, 2011, 172 pages.

(3) Atomic Bomb Casualties Commission, installée à Hiroshima par les Américains au début de 1947.

(4) « The only duty we owe history is to rewrite it », Oscar Wilde (1854-1900).

(5) Sur cette question, consulter le résumé de la communication du Pr Nika Gres, Health Problems in Children od Liquidators, pages 28-29.

(6) Sources considérées : Tchernobyl, 17 ans après (rapport de l’IRSN); Twenty years after Chernobyl accident. Future outlook (rapport de l’Etat ukrainien); Etude épidémiologique sur les liquidaterus de Tchernobyl (Société française de radioprotection); Marc Molitor, Tchernobyl, déni passé, menace future ?, Racine rtbf, 2011, pages 38-39.

Source: Blog Médiapart via Danactu-Résistance

A lire: 25 ans après Tchernobyl : les conséquences sur la santé des enfants de Biélorussie. Dans une étude d’une pédiatre biélorusse, il a été constaté que 75% des enfants n’étaient pas en bonne santé:  augmentation du nombre de cancers de la thyroïde, augmentation de la fréquence des opacités du cristallin, des troubles cardiaque nécessitant parfois la pose de pace-maker et des anomalies génétiques


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