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Les démocraties ne peuvent gérer des empires

Publié le 27 avril 2013 par Edgar @edgarpoe

Ouistiti sex est une expression, datée semble-t-il, qui doit être prononcée pour avoir un sourire photogénique - en anglais c'est cheese.

C'est un peu ce que l'on a envie de demander aux différents acteurs européens en ce moment : de prendre la pose, si possible pas trop grimaçante.

La situation est en effet assez peu lisible.

Merkel vient d'expliquer qu'il fallait que les pays membres de la zone euro abandonnent leur souveraineté.

Dans le même temps, elle explique, devant les caisses d'épargne allemandes, que le taux unique de la BCE ne peut convenir à tout le monde. Précisément : "La chancelière Angela Merkel a reconnu jeudi que, contrairement à l'Allemagne, nombre de pays de l'union monétaire avaient besoin de taux d'intérêt plus bas, alors que s'amplifient les spéculations autour d'une nouvelle baisse des taux par la Banque Centrale Européenne."

On est toujours dans une situation où, comme le relevait un article de l'UPR l'été dernier, l'Allemagne semble signifier que l'euro ne se fera pas à n'importe quel prix.

Je comprends la situation de la façon suivante : il est impossible pour l'Allemagne d'appeler à la fin de l'euro. L'euro lui a été imposé comme prix de la réunification, et, par ailleurs, le pays ne peut être considéré comme un agresseur par rapport aux autres membres.

Ce serait donc à la France de saisir la perche tendue par l'Allemagne, et d'abandonner l'euro et ses disciplines budgétaires.

Il n'y aurait plus grand monde pour pleurer : Frits Bolkestein, ancien commissaire au marché intérieur a imaginé un système de monnaie parallèle à l'euro. Il s'agirait de laisser l'euro aux pays du sud (dont la France) et de créer une zone mark élargie entre pays du nord. Je doute que cette proposition intéresse quiconque, mais elle est symptomatique d'une évidence qui s'impose de plus en plus à plus haut niveau : l'euro est un échec.

De fait, la meilleure photographie des bienfaits de l'euro, pas très souriante celle-là, est une carte récente dans un article de The Economist. Il s'agit des prévisions de croissance du FMI pour 2013 :

econ_fmi_2013.png

Hors Iran, l'Europe apparaît comme la zone aux peformances économiques les plus pitoyables de la planète.

J'entendais Bernard Maris (du duo comique Maris et Seux) affirmer posément, il y a quelques jours, que la croissance c'était pas si positif que cela, et qu'un peu de frugalité ferait du bien.

Je vois là encore une rationalisation des proches du Front de gauche, qui maintenant, essaient de se persuader que vouloir conserver l'euro n'est pas si mal parce que l'euro ça tue lacroissance en effet, mais a-t-on besoin de croissance ?

Et je crois malheureusement qu'on a besoin de croissance, et assez vite. Et de sortir de l'euro aussi.

Parce qu'en Grèce notamment, 10% des enfants sont maintenant en insécurité alimentaire (article de la RTBF). La RTBF renvoie à un article du New York Times où on peut  lire le témoignage d'un directeur d'école grec qui doit maintenant s'habituer à voir les enfants fouiller dans les poubelles, à la recherche de nourriture.

C'est finalement sur Forbes (merci à Axel qui me l'a transmis), que l'on lit le jugement le plus exact sur une situation où l'on voit des enfants manquer de nourriture pendant que le président de la Bundesbank estime que la situation s'améliore :

"le problème structurel que l'on a une union monétaire où les responsables de banques centrales peuvent estimer que des enfants qui se nourissent dans des poubelles constituent une situation économique acceptable. [...] aussi longtemps que nous croyons en une démocratie nous devons souhaiter des institutions gérables de façon démocratique.

Une vague confédération d'états-nations sans sentiment commun d'appartenance ne peut en tenir lieu. Les démocraties ne peuvent gérer des empires. Le seul fait d'essayer est pitoyable et l'éthique démocratique nous interdit par ailleurs d'utiliser des moyens de faire fonctionner l'ensemble."

C'est un dernier point important : on peut craindre de plus en plus que le recours à la violence soit le seul moyen de faire tenir l'euro, envers et contre tout.


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