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Le brusque changement de ton des puissances occidentales sur la question des armes chimiques syriennes a de quoi surprendre tant les signes d’une préparation à leur utilisation, par le régime de Bachar Al-Assad, étaient patents: en témoignent une déclaration du président syrien, reconnaissant le 23 juillet de l’année dernière, la possession par son État, d’un arsenal chimique ainsi que des informations sur des déplacements détectés de ces armes et celles sur l’assemblage, dévoilé en décembre, de composants nécessaires à la militarisation du gaz sarin.
Autant d’éléments qui avaient conduit le président américain Barack Obama à définir le 20 août 2012 une "ligne rouge" pour les États-Unis. Une position réitérée le 20 mars dernier en Israël: un tel développement "changerait", selon lui, "la règle du jeu". A son habitude, et fidèle en cela à la ruse paternelle, Bachar Al-Assad ignore les mises en garde et teste avec minutie les réactions des États-Unis. Il aurait tort de ne pas le faire. Tout comme la Corée du nord ou l’Iran sur la question nucléaire, la stratégie syrienne n’ignore rien des réticences américaines, sous l’ère de Barack Obama, à intervenir militairement dans un conflit. La multiplication des précautions de langage aux États-Unis sur ce dossier ne s’éclaire pas uniquement en raison du mauvais souvenir, laissé par la duperie sur les "armes de destruction massive" soit-disant détenues par l’ancien dictateur Saddam Hussein.
Alors que la Maison Blanche demande une "enquête définitive", le Secrétaire à la Défense Chuck Hagel évoque pour sa part, "les différents degrés de certitude" des services de renseignements américains sur l’utilisation des armes chimiques "à petite échelle en Syrie" (sic). De son côté, le premier Ministre britannique David Cameron fait état de "preuves croissantes" mais "limitées". Et comme s’il fallait écarter toute interprétation hasardeuse, un "responsable de haut niveau de la Défense" précise dans un grand quotidien américain que cette "estimation n’était pas un déclencheur automatique d’une action militaire".
Outre le fait qu’elles inquiètent – pour des raisons finalement pas si différentes si l’on en exclut le Hezbollah – l’État d’Israël et le Liban, ces tergiversations diplomatiques posent la question de la crédibilité de la parole des États-Unis et de l’Europe: faudra-t-il attendre l’ampleur des massacres de Kurdes irakiens commis à Halabja en 1988, pour obtenir des Occidentaux une réaction empreinte de dignité?
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