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Journal de Canal+

Publié le 29 avril 2013 par Malesherbes

Mardi 22 avril, La Nouvelle Edition, émission d’information de mi-journée sur Canal +, recevait Yves Derai, un de deux scénaristes de la bande dessinée Aux noms des pères. Celle-ci met en scène un détective recherchant l’identité du père de Zohra, la fille naturelle de Rachida Dati. Dénonçant une atteinte à l’intimité de sa vie privée, l’ancienne ministre de Sarkozy avait demandé l’interdiction de publication de cette bande dessinée.

J’ai été de stupéfait de voir Elisabeth Lemoine, d’ordinaire plutôt modérée, officiant à la place de Ali Baddou, attaquer sévèrement l’invité, lui reprochant de porter atteinte à la vie privée de Rachida Dati. Elle ne lui laissait guère la possibilité de s’exprimer, lui coupant sans cesse la parole, à tel point que l’invité en vint à demander pourquoi on l’avait invité si c’était pour ne pas l’écouter. J’avais vraiment l’impression de me trouver devant un David Pujadas, expert dans l’art de lancer une nouvelle question dès que son interlocuteur commence à s’exprimer. Même Nicolas Domenach, généralement souriant, volontiers caustique mais toujours urbain, se joignait à cette meute de procureurs. Cette séquence m’a laissé révolté et perplexe.

Je pense avoir eu une explication dès le lendemain. Le Grand Journal, présenté par Michel Denizot, recevait Rachid Dati elle-même. Nos journalistes de Canal+, si soucieux de pouvoir toujours présenter un plateau de qualité, avaient peut-être craint d’être accusés d’avoir offert une tribune à un auteur irrévérencieux et  ce, peu dans avant que la justice ne se prononce sur la plainte de Madame Dati. Ils ne voulaient sans doute pas risquer de susciter mardi l’ire de cette dame, qui aurait pu l’amener à annuler sa participation à l’émission du mercredi. D’où leur comportement étrange et surtout indigne de journalistes.

Je n’étais pas au bout de mes surprises. Jeudi 24, le juge des référés de Versailles a estimé que la bande dessinée en cause «ne dépasse pas les lois de la satire politique». Rachida Dati est donc déboutée de sa plainte. Dès le soir, Yves Derai est à nouveau invité, sur le plateau cette fois du Grand Journal, et un traitement plus convenable lui est réservé. Même Jean-Michel Apathie, à la verve régulièrement incendiaire, a ce soir-là évité de décocher ses flèches à l’invité. Couverts par la décision de justice, les journalistes se sentaient autorisés à donner cette fois une large publicité à l’ouvrage ainsi absous. Canal+ accordait ainsi une juste réparation à l’auteur malmené deux jours plus tôt et démontrait avec éclat sa totale liberté d’expression.


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