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le 5 mai, en marche contre le chômage

Publié le 30 avril 2013 par Despasperdus

Les chiffres du chômage viennent de tomber. Ils sont mauvais. Comme d'habitude :

Le nombre de demandeurs d'emplois inscrits en catégorie A - sans aucune activité - a en effet progressé de +1,2 % pour le 23ème mois consécutif à 3,22 millions de personnes. Sur un an, la hausse atteint 11,5%, d'après les chiffres publiés ce jeudi soir par le ministère du Travail et l'INSEE. Le record de 3,19 millions de chômeurs atteint en 1997 a ainsi été battu.

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Chaque mois, les statistiques officielles tombent. Elles s'apparentent dans l'inconscient à une sorte de phénomène quasiment inéluctable... Sauf pour celles et ceux pour qui le couperet est tombé.

Il en découle une sorte de fatalisme social ambiant où prospère l'individualisme. Chacun doit se débrouiller : faire de bonnes études, se doter d'un bon métier, avoir la gniack pour enchaîner les boulots par intérim ou en CDD, ou aller de stage en stage en espérant décrocher un CDI. Chacun doit vivre avec cette menace du chômage puisque depuis 40 ans les gouvernements RPR, UDF, UMP ou PS n'ont jamais réussi à l'éliminer ou à le ramener à son étiage des périodes de plein emploi.

La compétition entre les travailleurs prend le pas sur la solidarité et la division sur la conscience de classe. Le chômeur qui n'est pas encore tombé dans la rue est suspecté de vivre au crochet de la société. Il doit fournir les preuves de ses recherches d'emploi au pôle emploi s'il veut percevoir ses allocs ou le RSA comme un condamné en liberté conditionnelle qui doit se rendre régulièrement au commissariat le plus proche pour montrer sa volonté de réinsertion...

Le chômage de masse fragilise et divise le camp du travail, et ainsi renforce l'ordre établi. Il appauvrit l'État, financièrement (moins de ressources) et économiquement (désengagement). Il représente une véritable aubaine pour le patronat qui n'a jamais été aussi arrogant. Et, il renforce le camp du Capital qui exige des entreprises des taux de rentabilité hallucinants et de l'Etat de limiter les services publics.

Le patronat assène que le chômage est dû au coût du travail trop élevé : les entreprises sont réduites soit à délocaliser leur production pour rester compétitives, soit à mettre la clé sous la porte. Il estime également que les cotisations chômage et les diverses aides sociales pèsent sur les entreprises et n'incitent pas les chômeurs à retrouver un emploi.

Il faut donc flexibiliser le travail, assouplir le cadre général et obligatoire du SMIC, supprimer les cotisations patronales. L'État doit aider financièrement les entreprises. La durée légale du travail doit être adaptée à chaque entreprise. Et puis, l'école doit former les jeunes en fonction du marché du travail !

Sensibles à ce discours patronal, la droite, l'extrême droite et le PS prônent la politique de l'offre. D'ailleurs, une grande partie du programme patronal a déjà été appliqué. Pourtant, les baisses successives des cotisations patronales qui sont un revenu différé pour le salarié, les cadeaux fiscaux sous forme d'aides directes ou de niches fiscales, la dérèglementation du droit du travail n'ont produit aucun effet positif et significatif sur le chômage. Elles ont même accéléré le processus de précarisation.

Ce constat aurait dû interpeler le président de la République qui se réclame de la gauche. L'amener à entreprendre une autre politique. Relancer et réorienter l'activité économique. Donner de nouveaux droits aux salariés et à leurs syndicats. Augmenter fortement le SMIC. Établir des normes sociales et écologiques en matière de douanes. Passer aux 32 heures. Imposer le salaire maximum dans chaque entreprise. Réformer la fiscalité.

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En d'autres termes, si le François Hollande était un homme pragmatique et réaliste, il aurait partagé ce constat et mis en œuvre un programme proche de L'Humain d'Abord du Front de gauche !

Or, le gouvernement PS-EELV de Ayrault a choisi d'amplifier la politique de l'offre de ses prédécesseurs ! L'ANI donne l'opportunité à chaque patron de casser le cadre légal général de la durée du travail et du SMIC. 20 milliards d'euros de cadeaux fiscaux sont offerts sans contrepartie aux grandes entreprises. La niche Copé est toujours en vigueur. Enfin, l'État employeur "dégraisse" autant avec la MAP qu'avec la RGPP de Sarkozy ! Le tout dans une austérité générale qui conduit tout droit à la récession économique et au renforcement du chômage.

Devant de tels choix, l'efficacité supposée (et réelle espérons-le !) des timides dispositifs des emplois d'avenirs et des contrats de génération est anecdotique. Affirmer comme le fait Hollande que l'emploi est une cause nationale relève du cynisme à l'heure où des entreprises performantes technologiquement et rentables économiquement, dont certaines sont même industriellement stratégiques pour le pays, risquent de disparaitre parce que les responsables politiques au sommet de l'État ne veulent pas les sauver des griffes de la finance pour des raisons qui tiennent à leur foi dans les dogmes néolibéraux.

Après tout, Hollande entend seulement inverser la courbe du chômage. Si dans les mois prochains, le nombre de chômeurs baisse d'une unité, il pourra dire qu'il a tenu parole... sans avoir pour autant résolu le problème du chômage !

Enfin, il faut surtout retenir que si le chômage de masse persiste depuis au moins 4 décennies, c'est parce qu'il n'est pas un problème pour tout le monde. Pour le patronat et l'oligarchie, le chômage est même un atout qui leur permet d'asseoir leur domination, de bénéficier d'un abondant réservoir de main d'œuvre et de consolider leurs intérêts. Aussi, il n'y a rien de surprenant à ce que la politique de l'offre et de déréglementation qu'ils préconisent favorise le chômage contrairement à l'objectif affiché ! Ce qu'il y a de consternant dans cette histoire, c'est qu'un pouvoir qui se prétend de gauche et même socialiste se fasse complice d'une si grossière entourloupe !

Alors, le 5 mai nous serons en marche contre cette politique de droite mise en oeuvre par la majorité PS-EELV


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