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Le baclofène contre l’alcoolisme, et si on en parlait vraiment ?

Publié le 01 mai 2013 par Seifenblase @Pointe_d_Actu

Le traitement contre l’alcoolisme à coups de baclofène, Jean-François Hauteville nous en a déjà parlé dans sa chronique du 23 janvier dernier. Aujourd’hui, pour ce nouvel épisode de « Et si on en parlait vraiment », retour sur ce médicament dont l’utilisation fait jaser.

Trente personnalités, dont le Pr Didier Sicard, ancien président du Comité national d’éthique, viennent de dénoncer publiquement les atermoiements des pouvoirs publics vis-à-vis de ce qui est souvent présenté comme un traitement miracle contre la dépendance alcoolique, mais demeure officiellement interdit dans cette indication. « Plus de cent morts par jour, ça suffit !» C’est sous ce constat terrible qu’une trentaine de personnalité, dont le Pr Didier Sicard, interpelle les pouvoirs publics pour qu’ils autorisent à mettre le Bacloféne à la disposition des malades dépendants de l’alcool.

Ce constat est terrible. Pourtant, cet « appel » m’interroge sur plusieurs points :

  • le Baclofène est un traitement destiné initialement à soulager les malades de la sclérose en plaque. C’est pour cette indication qu’il a eu ce que l’on appelle son AMM (autorisation de mise sur le marché). Il agit sur les spasmes musculaires, étant ni plus ni moins qu’un relaxant musculaire. Pour traiter l’addiction à l’alcool, on s’appuie à l’heure actuelle quasi exclusivement sur la démarche empirique du Dr Ameisen. Ce dernier, pour se « soigner » de l’alcool a ingéré des doses jusqu’à presque 10 fois supérieure à celles préconisées pour son indication initiale, la sclerose en plaque. Le danger potentiel de ces posologies doit au moins être mesuré, me semble-t-il, avant de lancer un grand appel à « libérer » le Bacloféne. Une partie du corps médical a-t-elle déjà oublié les ravages du Médiator !?
  • D’autant qu’actuellement, deux études sont en cours : l’une, Bacloville, sous l’égide de l’AP-HP, (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris), dune durée de 18 mois en milieu ambulatoire, l’autre, Alpadir, promue par le Laboratoire Ethypharm, en milieu hospitalier.

L’alcoolisme, maladie aussi psychique

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Jean-François Hauteville est infirmier en Centre Hospitalier à Lyon et a suivi de nombreuses formations dans l’addictologie, notamment en alcoologie, toxicomanie, jeux pathologiques et troubles compulsifs alimentaires.

Le résultat de ces études en double aveugle sera connu d’ici moins d’un an. Il est peut-être intéressant d’attendre quelques mois. Même si les « pro » Bacloféne, affirment qu’il n’existe aucun traitement efficace contre l’alcoolisme ! Et là, pardonnez-moi mais on soigne tout de même depuis des décennies cette pathologie et s’il existe des rechutes, affirmer qu’il n’existe aucun traitement relève de la mauvaise foi. Sauf, si pour traitement on entend un médicament « miracle » qui permettrait d’arrêter des années de dépendances à un produit en faisant l’économie, pourtant indispensable, d’un travail sur soi. La chimie a ses limites, tout ne peut être résolu par des molécules.

L’homme ne se réduit pas à son explication neurobiologique (même si celle-ci est importante) mais possède une vie psychique pour laquelle, nous aurons toujours besoin, du moins je l’espère, de psychiatre, psychologues, infirmiers psy… la parole ayant une place centrale dans bien des soins psychiques. Car, oui l’alcoolisme est aussi une maladie psychique, une maladie du psychique.

Alors oui pour ce traitement, pourquoi pas ! Mais prenons le temps de l’évaluer, d’en connaître les bénéfices et les risques… avant de l’intégrer sans crainte à l’arsenal thérapeutique déjà existant pour le sevrage d’alcool et l’accompagnement qui reste tout aussi indispensable.

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