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1 mai, 0h01: les journalistes ont enfin le droit de parler de Random Access Memories...

Publié le 01 mai 2013 par Sssupersigns
1 mai, 0h01: les journalistes ont enfin le droit de parler de Random Access Memories......jusque-là interdit selon la fameuse clause de confidentialité signée lors de l'écoute du disque dans les locaux de Sony.
premières impressions du Parisien/////////////
Nous sommes le 1er mai. Il est minuit. Nous pouvons donc, enfin, parler en détail du nouvel album de DaftPunk «Random Access Memories» qui sortira le 20 mai. Jusqu’à cet instant, c’était impossible. Embargo. Pourquoi ? Parce que. Il ne faut sans doute pas chercher plus loin.  On peut toujours compter sur Daft Punk pour savoir entretenir le désir, l’attente, maîtriser la communication comme personne alors que le distille les informations au compte-gouttes depuis plusieurs semaines. Alors avant d’écouter, il y a quelques jours, ce nouveau disque, le premier depuis 8 ans, les journalistes devaient même, préalablement, signer un contrat de confidentialité en anglais, presque aussi long qu' un prêt bancaire sur 25 ans.

Il fallait au moins cela pour pénétrer dans ce disque labyrinthe. Pas question surtout de dévoiler instantanément toutes les routes de ces 13 chansons faites de fausses pistes, de pièges, d’impasses, d'itinéraires sans fin. 


Le dernier Daft Punk «Human After All» en 2005 était un enregistrement en ligne droite sans surprise, réalisé en quelques semaines, décevant à l’arrivée. Le nouveau «Random Access Memories» prend le contre-pied spectaculaire de son prédécesseur. L’auditeur n’avance quasiment jamais sur des chemins balisées, reste surpris à chaque virage, se perd, se retrouve, avec une vraie jubilation.

Neuf minutes totalement vertigineuses et premier sommet du disque
L’entrée sonne comme une déclaration d’intention: «Give Life Back to Music». Revenons donc à la musique, la vraie, avec des instruments organiques, sans machine, à peine un peu d’électronique tout de même, notamment avec ces voix robotiques qui nous accompagneront tout au long du périple. Sur une rythmique funk, Daft Punk n’éblouit pas encore mais donne le ton. Ce premier titre, pas si loin  du single «Get Funky», peut alors laisser craindre un album embourbé dans un son rétro puisé dans les années 70.
«The Game of Love», qui suit, rassure tout de suite. Une introduction soyeuse, des claviers planants sur lesquels se posent des vocalises de robot. Ou comment marier la chaleur des instruments organiques et la technologie, la douceur du rock californien et la froideur de l’électronique. Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem Christo n’étaient jamais allés sur ce terrain là.


Mais ce n’est rien à côté de ce qui suit : «Giorgio by Moroder»,  époustouflant morceau, construit autour d’une interview de Giorgio Moroder, l’une des références du duo français. Précurseur du disco, auteur notamment des fameux «Love to love you baby» et «I Feel love» de Donna Summer ou de la bande originale de «Midnight Express», éternel bidouilleur de 72 ans, l’artiste se raconte de sa voix grave et profonde. «A 15-16 ans, j’ai commencé à jouer de la guitare et j’ai vite compris que je voulais devenir musicien (...) Je voulais faire un premier album avec le son des années 60, 70, 80 et du futur. Alors j’ai utilisé des synthétiseurs.»

Le témoignage captive, au point d’en oublier ce qu’il y a autour. Jusqu’à ce que le témoin ajoute: «Mon nom est Giovanni Giorgio Moroder...mais tout le monde m’appelle...Giorgio». Les Daft Punk reprennent alors la main, partent sur un thème électronique, avec le son Moroder, les reminiscences mélodiques de Moroder, hommage non dissimulé à leur  aîné. Mais la chanson ne s’arrête pas là. Elle redonne la parole à «Giorgio», décolle sur des envolées de cordes, lance une énorme batterie, glisse quelques sons de scratch, monte en puissance, ajoute d’autres sonorités électroniques, semble ne jamais pouvoir s’arrêter. Neuf minutes totalement vertigineuses et premier sommet du disque.


Pendant une heure et quart, Daft Punk laisse rarement l’auditeur en paix

Après cela, on ne peut que souffler avec «Within», ballade à la sobriété inattendue et respiration salutaire. On attend ensuite beaucoup de «Instant Crush», chanté par Julian Casablancas le leader des Strokes. Malheureusement, il ne reste pas grand chose de son timbre, passé à la moulinette des machines. Seul véritable faux pas pour l’instant.

Car «Lose yourself to dance» nous replonge instantanément dans le disque. Porté par la voix de Pharell Williams, que l'on retrouve aussi sur le single «Get Lucky» quelques minutes plus tard, le morceau se fait fouetter par une imposante batterie, des claps sur le refrain et une guitare à la Chic, preuve que son leader Nile Rodgers n’est pas loin. Un tube en puissance, immédiat, réjouissant. Une pause légère dans un disque qui se densifie au fil des minutes. 

Comme avec «Touch», époustouflante superproduction, dédale insensé, entamé avec la voix de Paul Williams sur des bidouillages électroniques envahis par des cymbales, faussement installé dans un disco sympathique avant d’être bousculé par des ruptures rythmiques plus lourdes, plus lentes. Des cordes, des choeurs surgissent. On ne les a pas vus venir. Il s’est passé tellement de choses en quelques minutes que l’on ne sait plus comment le morceau en est arrivé là...avant de finir en piano-voix.
Ainsi, pendant une heure et quart, Daft Punk laisse rarement l’auditeur en paix : «Motherboard», fait de percussions tribales de plus en plus inquiétantes, de boucles d’instruments à vents, multiplie les cassures, les ambiances, fiche la frousse puis rassure.  

«Doin’it right», emmené par la voix de Panda Bear du groupe Animal Collective, entremêlé à celles des deux robots du groupe, parvient à marier de manière vertigineuse pop, rap et électronique et s’arrête alors qu’on en redemande.

Un album gargantuesque capable de marier le fond et la forme
Comment finir un tel disque ? Par un décollage définitif sur «Contact» qui nous propulse dans une fusée en temps réel, du décollage, à la mise en orbite en passant par la traversée de l'atmosphère dans un son crescendo d’une puissance inouïe. Une porte ouverte vers l’espace le futur, tout en oubliant ni le passé ni le présent. D’où ce titre «Random Access Memories», référence à la mémoire vive d’un ordinateur. Une machine qui pense, réfléchit, ose, «humaine après tout».

 

On pourra toujours reprocher à ce nouveau Daft Punk sa longueur, ses quelques morceaux funks un peu redondants, sa démonstration de force. Mais cet album gargantuesque ressemble à un blockbuster hollywoodien de rêve, capable de marier le fond et la forme, le scénario et les effets spéciaux. Pas la peine de tergiverser, c'est d’ores et déjà l’un des grands disques de l’année. 
Le parisien .fr

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