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Hollande prêt à livrer l’école au Medef et aux « pigeons » ?

Publié le 01 mai 2013 par Lepinematthieu @MatthieuLepine

Encore une victoire pour les « pigeons » ! En octobre dernier, ils obtenaient en quelques jours des concessions du gouvernement concernant le projet de taxation des plus-values de cessions d’entreprises. Ce lundi, après s’être entretenu avec ces « entrepreneurs » aux dents longues, François Hollande annonçait la mise en place d’ « un programme sur l’entreprenariat» dans les établissements scolaires « de la sixième à la terminale ». On peut se demander quelle est la botte secrète de ces « pigeons » qui font mouche à tous les coups ? Quant au gouvernement, il décide une fois de plus de prendre le parti de l’oligarchie ! Après le passage en force sur l’ANI ou encore la trahison concernant l’amnistie sociale, il s’attaque dorénavant à la neutralité de l’école républicaine. Quoi qu’en disent mes amis camarades, sympathisants ou électeurs socialistes, François Hollande suit plus que jamais les traces de son prédécesseur Nicolas Sarkozy et cela n’annonce rien de bon !

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L’école, une rampe de lancement idéologique ?

C’est la question de la portée idéologique des savoirs enseignés qui est au centre de ce débat. Il arrive qu’on accuse bêtement les enseignants d’avoir un parti pris et d’influencer leurs élèves. Professeur d’Histoire-géographie et militant au Parti de gauche, il m’arrive parfois de recevoir à ce sujet des commentaires absurdes sur mon blog. Certains vont parfois très loin. Voilà par exemple un extrait d’un long mail qui m’a récemment été envoyé.

 « Monsieur le prof d’histoire politisé comme l’étaient tes bâtards de collègues quand j’étais au collège/lycée, je tenais à te toucher deux petits mots. Au-delà du fait que tu auras peu d’impact sur internet, j’espère que tu ne fertilises pas les cerveaux adolescent de ta légendaire connerie de prof d’histoire (tous de gauche), le cas où ça le serait, j’espère qu’un jour quelqu’un d’assez énervé te corrigera comme il se doit. Personnellement, le jour où j’apprends que mon fils se fait lobotomiser le cerveau par un gauchiste « bien-pensant », en tout cas, je dévisse la tête du dit « professeur d’histoire ».

Les profs sont tous de gauche et « lobotomisent » le cerveau de leurs élèves c’est bien connu ! Si cette ineptie s’avérait vrai, les dix dernières années passées par la droite à la tête de l’Etat, suffiraient en tout cas à montrer l’inefficacité de cet endoctrinement !

Si l’amour rend aveugle, il en est inévitablement de même pour la bêtise ! Car ce ne sont pas des « gauchistes » qui depuis plusieurs années retouchent les programmes afin d’y introduire un contenu idéologique. Mais bien l’UMP et aujourd’hui le PS sous la pression du Medef et des « pigeons ». Les dernières réformes des programmes scolaires en Histoire-Géographie ou encore en Sciences Économiques et Sociales le démontrent. La doctrine libérale s’infiltre petit à petit dans le contenu des enseignements.

En SES, la volonté de réduire à portion congrue les sciences sociales a clairement été affichée sous Sarkozy. Il a par exemple fallu que les enseignants se mobilisent pour que la question du chômage ne disparaisse pas des programmes de seconde. En première, la notion de classes sociales a tout simplement été remplacée par celle de groupes sociaux et le terme d’inégalités est devenu tabou…

En Histoire se sont les luttes ouvrières, le Front populaire ou encore la Résistance qui ont presque disparu des programmes, au collège comme au lycée. Pendant ce temps, la mondialisation et les inégalités à l’échelle mondiale sont présentées en géographie comme des faits inéluctables ! Qui tente d’endoctriner les élèves ?

 

Ouvrir l’école aux entreprises, une fois de plus Hollande fait du Sarkozy

En 2008, Nicolas Sarkozy déclarait après une rencontre avec le Medef et la CGPME, « elle (l’école) doit s’ouvrir sur le monde des professions. Il ne faut pas la fermer aux entreprises. Xavier Darcos et moi proposons dès la rentrée prochaine non pas de marchandiser l’école, mais de permettre à l’ensemble des établissements, à tous les professeurs, à leurs élèves de vivre en prise constante, directe, avec la réalité des entreprises ».

En octobre dernier, Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale reprenait l’idée à son compte «  Il faut faire découvrir l’entreprise et les métiers dès la sixième et cela jusqu’à l’université ». « Je veux que l’on puisse ajuster les préoccupations des entreprises et les nôtres pour donner la meilleure formation possible et la plus utile aux jeunes. L’éducation nationale est capable de changer le contenu de ses diplômes et de ses formations pour répondre rapidement aux besoins de l’économie et des entreprises ».

Ce lundi, après une rencontre avec les « patrons pigeons », François Hollande confirmait les propos de son ministre « Il est […] prévu de la sixième à la terminale, un programme sur l’entreprenariat. (…) Il prendra la forme de stages plus nombreux qu’aujourd’hui, d’interventions d’acteurs économiques, et d’initiation à la vie économique ».

Une fois de plus, le président a donc décidé de suivre les pas de Nicolas Sarkozy. Cette proposition se situe dans la droite ligne de ce que fit le gouvernement précédent avec les programmes scolaires. Sous la pression du Medef et des autoproclamés « pigeons », François Hollande se résout à ouvrir la boîte de Pandore, en faisant de l’école un lieu d’expression privilégié pour les patrons (car c’est bien à eux qu’il s’adresse). Mais est-ce le rôle de l’Education nationale que de faire aimer l’entreprise ?

La propagande libérale n’a pas sa place dans les établissements scolaires. Va-t-on bientôt nous demander de remplacer le triptyque républicain « Liberté, Egalité, Fraternité » du fronton des écoles par « Performance, Concurrence, Compétition ». Tout le monde se rappelle de ces propos de Nicolas Sarkozy : « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le prêtre ou le pasteur dans la transmission des valeurs ». François Hollande songerait-il à reprendre cette citation à son compte en remplaçant le prêtre par le patron ?

Ce qui est certain, c’est qu’une fois de plus les besoins des élèves sont complètement occultés. Lorsqu’on est sur le terrain, on sait pertinemment que la morale laïque et l’entreprenariat ne résoudront rien. Ce qu’il faut c’est répondre aux besoins des milliers d’élèves en échec scolaire. Lecture, écriture, orthographe, vocabulaire, accès à la culture, voilà quelles doivent être les priorités de l’Education nationale.


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